Soulard et/ou patriote

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  • Article ajouté le : 19 Jeudi, 2017 à 02h10
  • Author: Birame Ndiaye

Soulard et/ou patriote

A soulard patriote, la sentence populaire préfère le patriotiquement soumis à la vindicte populaire qui craint le reproche plus que le vice. Modèle underground, modèle promus, modèle fictive, jamais éprouvé par les privilégiés, toujours enduré par les moins nantis. Voilà qui a fait que les protestants ont pris le dessus sur les prolétaires catholiques. Voilà qui fait qu'un pays comme le Sénégal regorge d'adeptes du surplace. Ainsi, la masse laborieuse et à la merci de l’élite conspiratrice demeure réactionnaire, mais paralysée parce que leurs croyances, leurs tréfonds leur dictent une langueur qui contraste avec leur volonté rationnelle de puissance.

Le glissement vers l’orthodoxie, vers un humanisme religieux, originalement notre, est consacré. D’ailleurs, c’est très bien puisque être musulman pratiquant, c’est être attentif aux recommandations de droiture et de sincérité dans la conduite des affaires publiques. C’est dire qu’il n’y a aucun mal à être fervent et franc-tireur, fort de quelques valeurs et principes inspirés de sa foi. Tout système de valeurs, socle, réceptacle et fer de lance des destins collectifs, est tantôt catalyseur, tantôt rouleau compresseur de tout progrès social. Il est couleur, il est moule, il est obstruction aussi.

De ceux-là qui ont incarné le combat du refus et de l’émancipation des années 80 et 90 et à qui respect et recueillement étaient consacrés, le profil n’est plus à l’ordre du jour. Voilà des gens qui pouvaient être tellement décontractés et désobéissants au point de se foutre carrément des convenances socioreligieuses. Aujourd’hui, éthique traduit étrangement religiosité. C’est peut-être par la force des changements qui intervenus à coup de canons constants des promoteurs de référents religieux ou des révélateurs immunodéficients parce qu’accablés de moralité, de mythe, de modernité et d’innombrables mutations.

A la fois soulard et patriote ! Pas possible, dit l’opinion nouvelle et éclatante de certitude. Ou bien soulard ou bien patriote. Mais, de quoi l’accable-t-il quand le soulard est pointé du doigt comme infidèle, donc inconvenable? D’anti progressiste, d’impie ou de déraciné ? La laïcité de facade veut qu’on le laisse passer, qu’on le laisse trépasser tout seul, mais surtout, qu’on le méprise tel un damné de la terre. Après tout, il boit et pisse l’eau de feu, fléau fixé dans la foi des fidèles. Dur-dur d’être bébé. Ça fait qu’on peut se prévaloir d’authenticité, de progrès, d’esprit de vengeance, de paix et d’amour du prochain, même du lointain.

Ne faut-il pas changer de paradigme et de perspective pour n’envisager la défaite historique et salutaire des aïeuls que sous l’angle de leur grandeur d’âme, entièreté généreuse et franche, mais filoutée par l’espièglerie des envahisseurs. C’est ce que le soulard a dit beaucoup trop fort et qui lui a valu, en plus d’être non-conformiste au système "apparento-musulmano-correcte " tant de mépris. Buveur d’eau de feu. Haram ! Ça fait trop affranchi, effronté au goût des illuminés. Ignominie pour ignominie, il vaut mieux détourner les fonds destinés aux plus démunis que d’enfreindre la morale ostensible.

Birame Waltako Ndiaye


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