Spoutnik V : un signe avant-coureur de démobilisation, de démondialisation

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  • Article ajouté le : 12 Mercredi, 2020 à 00h08
  • Author: Birame Ndiaye

Spoutnik V : un signe avant-coureur de démobilisation, de démondialisation

Rupture définitive ou crise passagère, les échappées solitaires des pays-nations, dans la lutte contre la covid-19, se multiplient. Faisant fi de la procédure de préqualification, respect des normes de qualité, d'innocuité et d'efficacité, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie a développé le « premier » vaccin contre le coronavirus, assurant qu'il donnait une « immunité durable ». Les couples matrimoniaux ne sont pas les seuls à connaitre un boom de séparation du fait des angoisses nées de la fermeture des écoles, du télétravail ou de la perte d’emploi causés par la pandémie. Le multilatéralisme en fait également les frais, menaçant ainsi les équilibres jusque-là garants du succès de la mondialisation.  

Le vaccin russe contre le coronavirus sera mis en circulation le 1er janvier 2021 dans la population, selon le registre national des médicaments du ministère de la Santé, et ce, malgré les mises en garde de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rappelant que tous les produits pharmaceutiques devaient «être soumis à tous les différents essais et tests avant d'être homologués pour leur déploiement». Cela rappelle les prétentions curatives sur l’Artémisia du président malgache. Andry Rajoelina avait balayé les réserves de l’OMS en annonçant que son devoir était de « protéger les Malgaches ». Après que Donald Trump eut lancé officiellement la procédure de retrait des États-Unis de l’OMS, le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, a réagi en ces termes : « Le premier jour de ma présidence, je rejoindrai l’OMS et réaffirmerai notre leadership mondial ».

Au mépris des normes de l'OMC, le regain encore embryonnaire du nationalisme des pays du Nord né de la crise actuelle constitue un signe évident de déstructuration. Quand ce n’est pas la défiance face aux normes internationales, c’est l’impuissance des organisations qui se manifeste clairement. L’UEMOA a posé un acte, baroud d’honneur, qui révèle, au grand jour, ses contradictions et son aspect de coquille presque vide. Futile et inopérante, la mesure de l’organisation économique ouest-africaine est une véritable mascarade. Elle renvoie à la responsabilité intacte des États membres dans la gouvernance économique.

Nous pouvons être tentés de penser que ce phénomène est récurent et ne peut traduire une tendance nouvelle. Par exemple, le Non majoritaire lors du référendum de juillet 2015, en Grèce, peut servir de contre-exemple au risque actuel de démondialisation.  Appelés à se prononcer sur le nouveau plan d’aide proposé par les créanciers internationaux, les Grecs avaient rejeté le projet d’accord qui comportait de nouvelles mesures d’austérité érigées en conditions pour le déblocage d’une nouvelle aide financière à Athènes.

Cependant, l’enjeu était ailleurs. En disant niet à la Finance internationale, la Grèce ne remettait pas en cause l’ordre économique. Le flamboyant sursaut national des Grecs était destiné aux créanciers et visait la préservation de leurs banals pouvoirs d’achat. Les Grecs s’agrippaient désespérément à leur niveau de vie luxuriant et à leur mode de consommation arrimé à l’économie de marché. Leur ancrage à la zone euro et à la société de consommation ne souffrait d’aucun revirement. C’est cela qui discrédite du coup les majestueuses aspirations de justicier et de révolutionnaire qui leur étaient prêtées.

Birame Waltako Ndiaye
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