Une opposition distraite à l’assaut d’un pouvoir désorganisé

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  • Article ajouté le : 23 Dimanche, 2017 à 14h04
  • Author: Birame Ndiaye

Une opposition distraite à l’assaut d’un pouvoir désorganisé

C’est à croire que la principale adversaire de la mouvance présidentielle pour les élections législatives est elle-même. L’opposition sénégalaise, embarrassée par une série de rivalités et d’embarras, veut y croire, mais le cœur n’y est pas. Elle le sait ; l’unité politique et l’enthousiasme  populaire lui font défaut. Par ailleurs, le pouvoir et ses alliés risquent de connaitre de vives fissures à la publication des listes électorales. C’est surtout faute d’opposition forte sur le terrain que les clivages et autres coups fourrés se sont emparés du camp de la majorité présidentielle. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ?

A Louga, Moustapha Diop s’était déjà imposé conquérant et vainqueur bien avant que des novices viennent secouer brutalement la cage sous le prétexte trompeur du renforcement. A Guédiawaye, Alioune Sall aurait pu remporter aisément les élections législatives s’il n’avait pas fait montre d’exagération, fut-elle en apparence. Son insensé désir de prendre la tête de l'Association des maires du Sénégal a été le point de départ de ce qu’on lui prête en termes d’intentions malveillantes. Il ne peut en être autrement, le chef de l’Etat et ses partisans se sont beaucoup investis à réduire l’opposition à sa plus petite expression, négligeant ainsi l’organisation de leur parti et celle de Benno bokk yakaar.

«Nous ne tolérerons aucune liste parallèle issue de nos rangs », a fait savoir le patron de l’APR. Cela témoigne des difficultés qu’il rencontre dans la confection des listes en vue des législatives. S’il en arrive à prévenir si sèchement les cassures, c’est que le piètre niveau d’ordre interne ne permet pas aux responsables de s’en tenir à une logique de préséance manifeste au sein des instances du parti. Jusqu’aux pronostics sur la tête de liste en passant par l’éventuelle consécration  d’Abdoulaye Matar Diop en chef de file à Dakar, tout accuse le pilotage hasardeux et la légèreté dans l’administration du parti et de sa coalition.

L’opposition, quant à elle, est minée par une contradiction insurmontable. Il s’agit d’une course sous-jacente au leadership pour la suite des choses et d’une dynamique unitaire colportée pour la fin du régime. C’est en cela que la participation directe d’Abdoulaye Wade en qualité de tête de liste sera un couteau à double tranchant. Jeu à somme nulle, la candidature de celui-ci fera certes très mal au pouvoir. Mais parce qu’elle portera ombrage aux têtes de proue de l’opposition, elle divisera et dispersera leurs forces, réduira du coup leurs gains électoraux. Pourtant, il faut forcément un opposant qui sorte du lot, qui puisse mobiliser et monopoliser le « vote utile » pour venir à bout des inconvénients du mode de scrutin, « raw gadou ».

Les concurrents de Macky Sall négligent bien souvent le travail de longue haleine pour ne considérer que le renversement immédiat des nantis de la place. C’est dans la durée qu’un leadership fort, aujourd’hui absent de l’espace politique depuis le départ de Wade, s’acquiert et se conserve. C’est dans le discours et dans les manifestations de complicité des dirigeants politiques que l’opinion se liera solidement à eux. Si les principaux opposants ont chacun du mal à se distinguer et à s’imposer en chef  parmi tous les autres, c’est que la course au leadership n’est pas un sprint. C’est une épreuve de fond qui nécessite beaucoup plus d’endurance que de rage.

Birame Waltako Ndiaye

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