Le Blogs de : Cheikh Dia

On se reveillera demain Samedi Inchallah dans un Senegal different. Le Conseil Constitutionnel a dit "son" droit et le president Wade sera candidat a un troisieme mandat consecutif et a tout egard anticonstitutionnel. Cette decision nous surprend peu car nous avions noter des conflits d'interets et une absence totale d'ethique judiciaire dans le comportment des "cinq sages?" qui ont accepte et je pese mes mots d'etre corrompus et qui ont vendu leurs honneurs et ont bafoue la dignite de tout un peuple pour assouvir l'ambition d'un seul homme, de sa famille et de sa cour. 

Comme disait l'autre quand les hommes echouent, ce sont les institutions qui les sauvent du desastre et les meilleures institutions tournent les crises en opportunites. Le Senegal est au bord du gouffre, nous sommes en pleins pieds dans une crise a la fois constitutionnelle, institutionelle. politique et sociale qui menace la stabilite meme du pays.  Ce sont des hommes, les “cinq sages”, des hauts magistrats qui ont decide de la validite de la candidature de Me Wade et il se sont base sur une institution de la Republique, en l'occurence le Conseil Constitutionnel pour rendre leurs decisions. De ce fait, devant cette opportunite qui leur a ete presentee par cette crise sans precedent dans l'histoire du Senegal, ils ont echoue lamentablement. La Posterite retiendra qu'ils n'ont pas pris leurs responsabilites historiques et qu'ils n'ont pas dit le droit tel qu'il est ecrit dans les textes sans aucun soubassement ou influence politique et qu'ils ont plutot rendu un jugement bases sur leurs convictions personelles, leurs appartenances politiques partisanes et qu'ils ont ete tout simplement corrompus. 

Que les membres du conseil constitutionel soient arrives a leur decision de facon unanime, ou 4 voix pour et 1 contre ou 3 pour et 2 contre n'a aucune importance car ils n'ont pas pose d'actes symboliques et ethiques en refusant les nombreux cadeaux de la part du president dans un passe recent pour faire taire les suspicions quant a leur impartialite.  Donc il est plus que raisonnable de croire que les membres du Conseil sont des hauts magistrats “wadistes.”

La decision du Conseil Constitutionnel de valider la candidature du president Wade, meme de facon provisoire, ne fait que renforcer l'image de “politiciens en robes noires” que nous avons de nos hauts magistrats, juges et autres pocureurs et avocats. Oui, les senegalais reconnaissent que ces hommes, a travers ces institutions peuvent exercer, dans leurs jugements et decisions, une certaine discretion que leur confere la loi, c'est a dire qu'ils peuvent se baser sur leurs consciences et sur leurs propres interpretations des texts pour valider ou non la candidature de Me Wade. Mais les senegalais ne croient pas que Cheikh Tidiane Diakhate et ses collegues ont exerce ce que des professeurs americains appellent “la discretion de principe” mais nous tous nous croyons plutot que le Conseil Constitutionel a rendu une decision politique et un jugement d'interet personnel, le leur et celui de Me Wade, ce qui a conduit a des emeutes et mort d'homme. La legimite de cette institution ne se serait donc pas basee, selon toujours ces professeurs, sur le concept de la discretion de principe qui veut que les juges rendent des decisions, des jugements judiciaires et c'est un concept qui se veut aussi compatible avec la notion de legitimite judiciaire.

Les magistrats du Conseil Constitutionnel vont jurer que leur decision s'est basee sur la loi et la constitution et qu'elle n'est ni politique ni un jugement d'interet personnel mais a bien des egards, les institutions etatiques n'ont pas ete toujours a la hauteur dans beaucoup d'affaires et elles n'ont pas toujours repondu a l'attente des senegalais en etant impartiales . Donc il semble que les senegalais en sortant en masse ce soir ont rejete ce que ces memes professeurs americains appellent “le modele de la jurisprudence automatique, le mythe de la legalite” qui voulait que le Conseil Constitutionel, sur la candidature de Wade applique et la constitution et la loi aux faits presents. C'est ce qui fait en realite la beaute des institutions et les "cinq sages" l'ont souilli et je n'ose meme pas esperer que les mecanismes d'auto-correction, comme les recours qui vont certainement tomber demain et qui permettront au conseil de se resaisir, qui font la grandeur des institutions vont changer la donne..

Jean Monnet, l'architecte d'apres-guerre de l'unite europeenne, avait une fois ecrit " Rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les institutions. [...] Les institutions peuvent, si elles sont bien construites, accumuler et transmettre la sagesse des générations successives." Le Conseil Constitutionel, en validant la candidature de Me Wade, n'a pas pu trouver le moyen de reconcilier le passe avec le present, tout en acceptant que les decisions qu'ils prennent aujourd'hui affectent le futur. Finalement, nous, senegalais, avions raison de ne pas faire confiance au Conseil Constitutionnel, a nos institutions et aux juges et magistrats qui les composent. Ces hommes ont rate leur rendez-vous avec l'histoire et ils peuvent emmener nos institutions dans leur chute et le Senegal  dans le chaos total. Alors qu'importe quelles institutions mais quel Senegal allons nous laisser a nos enfants, aux generations futures?