PARRAINAGE MAL APPRÊTÉ

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PARRAINAGE MAL APPRÊTÉ

POURQUOI  AUTANT  DE CHASSEURS DE PARRAINS ?

La rencontre de remise des instruments de collecte pour le parrainage aux coordinateurs nationaux des candidats à la Présidentielle de 2019, convoquée hier par le Ministère de l'intérieur,  a  progressivement révélé un nombre de plus de 100 prétendants. Les agents du Ministère de l’intérieur ont du être surpris et dépassé par cette ruée vers le retrait des fiches. Ce nombre faramineux peut être justifié par quatre principaux facteurs.

Premier facteur.  Ce premier facteur réside dans la volonté de participation et d’affirmation des partis. Certains partis n’ont pas encore décidé de leur positionnement dans cette présidentielle même s’ils sont sûrs de ne pas présenter un candidat. Et pour hausser leur prestige, ils ont besoin d’être autour de la table. Ceci leur confère plus de tonus dans la coalition qu’ils vont intégrer plus tard. Les mêmes raisons justifient la présence d’individus intéressés.

L’importance de ce facteur est exacerbée par le manque de préparation de cette rencontre ainsi que le faible degré d’apprêtement de cette loi. En effet, cette subite convocation s’adresse uniquement aux intentions de candidatures dans un environnement d’absence de dialogue entre les partis sur le processus électoral. Il devient évident que certains partis utilisent cette couverture pour s’inviter à la table.

La preuve est que des intentions de candidatures déjà supposées soutenir Macky Sall sont dans cette liste de demandeurs de parrains.

Deuxième facteur. Certains candidats vont utiliser le parrainage pour monnayer leurs concours afin d’intégrer une coalition. Au risque de perdre leur caution, cette stratégie avait déjà été utilisée par certains candidats lors du second tour de la précédente présidentielle. L’avantage dans le cas du parrainage est que cette démarche est gratuite.

Troisième facteur. Le mot d’ordre de participation lancé par le FRN a joué dans la présence massive de membres de l’opposition. A travers cette mouvance, nous pouvons lire une stratégie de mise en minorité du candidat au pouvoir lors de cette rencontre et des autres à venir. Le fait de submerger par leurs présences cette liste de demandeurs montre également la faiblesse de préparation par rapport à cette loi. 

Notons que dans un premier, certains membres de l’opposition comme le PDS avaient appelé au boycott de cette rencontre de retrait des documents  de parrainage. Par presse interposée, d’autres comme PUR, le Grand Parti,…  ont signifié leurs intentions de se faire représenter. Suite à une réunion tenue le dimanche, le FRN a conseillé à ces membres de participer à la réunion.  Cette participation d’un parti ne pouvant  être entérinée que  sous l’étiquette de candidats. Il devient dès lors compréhensible que certains usèrent leurs droits d’être candidats pour légitimer leurs présences.

Quatrième facteur. Ce facteur est motivé par l’objectif de contrer  l’effet de ce troisième facteur en tant que son antithèse. Le camp au pouvoir ne voudrait pas être en minorité autour de la table. Certaines intentions de candidature supportant la candidature de  Macky Sall voudraient assurer leur présence dans cette sphère de décision.

D’autre part, comme une tranche de l’opposition avait décidé de ne pas répondre à cette convocation, il fallait assurer une assez honorable  présence. Certains partisans de Macky souhaitaient un large nombre de prétendants pour justifier la nécessité du parrainage.

«Voilà qui justifie amplement le filtre démocratique du "parrainage citoyen", et clôt le débat sur la nécessité de l'instauration du système de parrainage, décision lucide du Président Macky Sall dont nous saluons la clairvoyance et le sens aigu des responsabilités de chef d'État.»

En fait tout le monde s’accorde sur la rationalisation du parrainage citoyen. C’est au niveau de la précipitation, la participation et la préparation que s’opèrent les critiques par rapport à cette loi.

Il faut également noter qu’il y a des dynamiques de coalitions d’intentions de candidature, ce qui réduirait ce nombre trop élevé de candidats.

Ce large nombre de prétendants n’est pas une réelle mesure des intentions de candidature. Avec un nécessaire garanti financier, ce nombre serait brusquement devenu moins important. Certains pseudo-candidats ne possèdent même pas les moyens pour rassembler la caution et ne  sortiront pas  de leurs salons pour aller chercher des parrains. C’est la forme de la convocation qui a été implicitement un appel à une large improvisation en pseudo chasseurs de parrains.

Professeur  Gningue  Youssou, Mathematics and Computer Science Dep.,

Laurentian University, Ontario, Canada


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