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Bac 2025 : les filles dominent, mais butent sur les mentions

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Bac 2025 : les filles dominent, mais butent sur les mentions

Majoritaires parmi les candidats et les admis, les filles confirment leur place centrale dans le système éducatif sénégalais. Mais leur moindre accès aux mentions d’excellence, aux filières valorisées et leur fragilité hors du cadre scolaire soulignent des inégalités persistantes. Un paradoxe que le ministre de l’Enseignement supérieur veut briser. Face à la presse ce mercredi dans son ministère à Diamniadio, Abdourahmane Diouf a mis en avant l’aspect genre de cet examen du Baccalauréat 2025. « Nous devons offrir aux filles les moyens d’aller jusqu’au bout de leurs ambitions. Cela passe par des politiques ciblées, des programmes de mentorat, un encadrement renforcé et une orientation plus diversifiée », a insisté le ministre Abdourahmane Diouf.

Dans les chiffres bruts, la réussite des filles au baccalauréat 2025 impressionne. Elles représentent près de 60 % des admis, dominent en nombre dans toutes les tranches d’âge, s’imposent dans les filières scientifiques et techniques. Un tableau en apparence rassurant, voire triomphant. Cependant, de plus près, l’analyse des résultats montre un déséquilibre plus subtil, mais tenace. Si les filles sont désormais les plus nombreuses à franchir la ligne d’arrivée, elles peinent encore à accéder aux premiers rangs du podium, aux mentions d’excellence, aux séries les plus valorisées ou aux trajectoires les plus soutenues.

En effet, sur les 162 527 candidats présents à l’examen, les filles sont largement majoritaires, notamment dans le baccalauréat général (95 223 contre 63 920 garçons) et les tranches d’âge les plus jeunes. Cette dynamique traduit une féminisation marquée du secondaire, portée par des années d’efforts en matière de scolarisation.

Mais cette surreprésentation ne se traduit pas encore en équité de performance. « Dans le bac général, les garçons affichent un taux de réussite supérieur (49,69 %) à celui des filles (45,45 %). Dans plusieurs académies comme Louga, Ziguinchor ou Sédhiou, l’écart atteint jusqu’à 10 points » renseigne le ministre. Qui poursuit : « Nous avons franchi le cap de la présence des filles. Il nous reste à garantir leur pleine réussite. L’école ne doit pas reproduire les inégalités, elle doit les corriger ».

Mentions d’excellence : un plafond de verre persistant

Le constat est encore plus clair lorsqu’on observe les mentions attribuées. Si les filles sont légèrement majoritaires parmi les candidats avec mention (4 309 contre 3 772), elles sont largement devancées pour la mention « Très Bien » : seulement 63 filles y accèdent, contre 76 garçons. La tendance se vérifie aussi pour la mention « Bien », même si l’écart est plus serré. En revanche, les filles dominent sur la mention « Assez Bien », signe d’une réussite régulière… mais pas d’un accès facilité à l’excellence.

Un signal positif cependant note le ministre « les filles réussissent mieux que les garçons dans les filières techniques et scientifiques. Dans la filière Sciences et Techniques, elles atteignent 61,35 % de réussite, contre 59,87 % pour les garçons. Mieux encore, dans le baccalauréat technique, elles dépassent les 70 % de réussite, un chiffre nettement au-dessus de leurs homologues masculins ».

Ces performances viennent contredire les clichés sur la prétendue sous-performance féminine en sciences. Elles montrent que les filles peuvent exceller dans les filières, à condition d’y accéder.

Là où les écarts deviennent criants, c’est chez les candidats individuels, c’est-à-dire ceux qui passent l’examen en dehors du cadre scolaire classique. Pour les filles non encadrées, le taux de réussite chute à 16,25 %, contre 20,30 % chez les garçons. Même avec un encadrement privé, l’écart subsiste : 30,39 % contre 40,08 %.

Une géographie des inégalités de genre

Les écarts entre filles et garçons varient aussi selon les académies. À Dakar, les performances sont proches (59,77 % pour les filles, 61,39 % pour les garçons). Mais dans les zones rurales ou périphériques, les écarts se creusent au détriment des filles. À Louga, 49,42 % des filles réussissent contre 57,71 % des garçons. À Ziguinchor, le même phénomène se répète : 36,85 % de réussite chez les filles, 40,62 % chez les garçons. « Ces écarts révèlent une double vulnérabilité des filles rurales à la fois en tant que filles, et en tant qu’élèves de territoires à faible accès aux ressources éducatives ».

Auteur: Yandé DIOP
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Commentaires (1)

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    Porozet il y a 12 heures

    Moi enkuleur de guenons pas komprendre, elles ne sont pas derrière un balai..?

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