Calendar icon
Thursday 07 August, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Handicap et dignité : Au Sénégal, l’accès aux technologies d’assistance reste un défi majeur

image

Handicap et dignité : Au Sénégal, l’accès aux technologies d’assistance reste un défi majeur

Pour la première fois, le Sénégal a célébré la Journée internationale des technologies d’assistance, une initiative portée par le ministère de la Santé et de l’Action sociale à travers le Centre national d’appareillage orthopédique (CNAO) et le projet Bokk Naa Ci. Un panel organisé à Dakar a réuni des parlementaires, professionnels de santé, chercheurs, associations et bénéficiaires autour d’un objectif commun : favoriser l’accès équitable aux technologies d’assistance pour les personnes vivant avec un handicap. “L’enjeu, c’est l’autonomie, la participation sociale, mais surtout la dignité”, a déclaré le Dr Samba Cor Sarr, directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale. À l‘en croire, “ce n’est pas le corps qu’il faut corriger, mais les barrières sociales, économiques et culturelles qui entravent la pleine participation des personnes handicapées.”

S’appuyant sur la définition inclusive du handicap promue par l’OMS qui est une interaction entre une déficience et un environnement inadapté, il a plaidé pour une réforme profonde des systèmes de santé et de protection sociale, en mettant l’accent sur l’équité territoriale, la prévention et la reconnaissance des droits.

Des chiffres qui inquiètent, une réalité qui interpelle

Le Pr Alioune Badara Tall, spécialiste en santé publique, a présenté les résultats de deux enquêtes, qui dévoilent un tableau préoccupant. « Près de 800 000 personnes vivent avec un handicap au Sénégal, particulièrement dans les zones rurales et parmi les femmes », dit-il. Il ajoute que les besoins en fauteuils roulants, prothèses, appareils auditifs, lunettes spéciales, crèmes solaires pour les personnes atteintes d’albinisme sont très loin d’être satisfaits.

À l’en croire, les barrières sont multiples. Elles sont financières, aides coûteuses et non remboursées, géographiques avec seulement 7 régions sur 14 qui disposent d’un centre d’appareillage fonctionnel, techniques avec la pénurie de techniciens spécialisés, équipements inadaptés, mais aussi sociales et culturelles avec stigmatisation, faible inclusion scolaire, invisibilisation dans les politiques publiques.

Dans le même volet, le docteur Seydina Ousmane Ba, directeur général de CNAO a appelé à des mesures concrètes. Il s’agit de créer une liste nationale d’aides techniques prioritaires, construire et équiper des centres d’appareillage dans toutes les régions, former une nouvelle génération de professionnels spécialisés en appareillage, intégrer les données sur le handicap dans le système d'information sanitaire national, mener des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation. “Quand vous redonnez à quelqu’un la possibilité de marcher, d’entendre, de voir ou de se déplacer, vous ne lui offrez pas seulement une aide. Vous restaurez sa dignité ”,dit-il.

Il faut noter que la résolution de l’OMS de 2018 reconnaît l’accès aux technologies d’assistance comme un droit fondamental et un impératif de justice sociale. Il a exhorté le Sénégal à s’en inspirer pour construire une politique nationale ambitieuse et cohérente. “Que l’on soit à Saraya, à Podor ou à Dakar, chacun doit pouvoir accéder aux aides nécessaires pour vivre dignement. Ce n’est pas une faveur, c’est un droit”.

Auteur: Yandé Diop
ESABAT banner

Commentaires (0)

Participer à la Discussion