Khaar Yalla! Son visage brouillon contraste d’avec les façades cossues des quartiers résidentiels de la capitale. Mais, cette cité, dont le nom sonne comme un paravent contre le désespoir, reste une de ces localités sénégalaises, dont le nom explique toute son histoire. Celle d’une cité, spontanément créée vers 1960, par des déguerpis désespérés du centre ville dakarois.
Pourquoi Khar Yalla ?
Images des déguerpissements du centre ville dakarois des années 60
Délogés du centre ville, ils vinrent noyer leur chagrin dans cette zone typiquement champêtre jusqu'au jour où le nom de la cité, sortit hasardeusement de la bouche d’une dame. «Le nom de khar Yalla vient d’une dame. C’est l’une des toutes premières habitantes de la localité. Elle est venue s’implanter ici. Et à chaque fois que ses parents de la Médina lui disaient ‘‘mais toi, tu es toujours dans cette forêt-là’’, elle répondait : ‘’Mangui fi di khar Yalla’’ (je suis ici et j’attends la providence). C’est de là que tout est parti. De bouche à oreille, petit à petit, l’appellation est ainsi née», raconte Abdoulaye Badiane, habitant de la localité et conseiller municipal de Grand Yoff. Et les premiers habitants de cette localité, ont dû mettre une croix sur les infrastructures qu’offraient leurs quartiers d’origine. «Lorsqu’ils sont venus, il n’y avait que des champs d’arachide et de manioc», renseigne Abdou Karim Guèye, fils ainé de l’ancien chef de quartier, qui nous offrit une ballade dans les ruelles sinueuses de son quartier.
Le gros problème du foncier
Mamadou Diop chef du quartier Khar Yalla 3
Aujourd’hui, il n'y a plus de champs de manioc. Khar Yalla a bien évolué. Logé au cœur de la commune de Grand Yoff, entre le quartier Liberté, le front de terre et Derklé, il essaie tant bien que mal de se débarrasser de ses airs de bidonville. Les terres qui couvaient des graines d’arachide et faisaient pousser du manioc, sont aujourd’hui occupées par des demeures. Mais, problème! Les habitants de la localité ne détiennent que des titres précaires! «Nous n’avons pas de permis d’occupation, que des actes de vente. Je suis ici depuis les années 60. C’étaient des terrains vagues. Il n’y avait rien. Il n’y avait qu’un seul robinet à la sortie de Khar Yalla. On se débrouillait avec les moyens du bord. On ne sentait pas l’Etat. Chacun acquerrait lui-même son terrain. Ce que nous voulons, c’est que l’Etat valorise nos terres et nous les sécurise», raconte le vieux Mamadou Diop, chef du quartier Khar Yalla 3.
16 familles en conflit avec les Bourgi
Une situation que confirme Abdoulaye Badiane. Ce dernier, révèle même que 16 maisons sont aujourd’hui au cœur d’un conflit foncier qui les oppose à la famille Bourgi. «Khar Yalla c’était un quartier spontané. Il n’y avait pas encore de lumière, pas d’assainissement, pas de lotissement. Et jusqu’à présent il y a de ces zones à Khar Yalla où il n'y a qu'un seul propriétaire. Il y a même un lot de 16 maisons qui serait en conflit avec la famille Bourgi qui dit que le terrain leur appartient. L’affaire est portée en justice et la mairie de Dakar a pris un avocat. Elle s’investit pour que les populations ne soient pas expropriées», confie le conseiller.
Khar Yalla est aussi un quartier où l’assainissement reste problématique. L’évacuation des eaux usées dans cette zone, souffre d’une absence de systèmes de canalisation. Conséquence : en période d’hivernage, les désagréments sont nombreux. Comme l’illustre cette photo, prise en août 2012. Les pluies ont littéralement pris en otage le terrain de l’Asc Jubo et une bonne partie du quartier. «Pour ce qui est de l’assainissement, c’est vrai, il y a des zones qui n’ont pas encore bénéficié d’infrastructures», souligne M. Badiane.
«Les agressions il y en a, mais…»
Et depuis quelques temps, l’éclairage public qui était le maillon faible de la localité, faisant du quartier le théâtre d’opération de certains malfrats, revit. Mais, n’empêche, des cas d’agression, il n’en manque pas à Khar Yalla. En février 2013, par exemple, la violence toucha son paroxysme quand un homme de 60 ans fut poignardé mortellement au terrain de football de l’Asc «Gaal-Gui». Le sexagénaire a été surpris par deux agresseurs, qui étaient à bord d’un scooter. Isidore Ndour, puisque c’est de lui qu’il s’agit, selon les témoins de la scène, leur aurait opposé une vive résistance. Ce qui lui a d’ailleurs valu d’être poignardé au niveau de la clavicule gauche. Il rendra l’âme avant l’arrivée des limiers. «Les agressions, il y en a. Mais, pas à un niveau élevé. C’est difficile de localiser les individus qui effectuent cette sale besogne. Mais, quand on les attrape la main dans le sac ou quand on soupçonne les auteurs de cas d’agression, on va voir le chef du quartier et on prend des mesures idoines», renseigne Abdou Karim Guèye, le fils de l’ancien chef de quartier de Khar Yalla. Mais pour M.Badiane, l’insécurité n’est pas un problème spécifique à Khar Yalla. Il estime que les cas d’agression sont pour la plupart, l’auteur de personnes externes. «Nous qui habitons Khar Yalla, nous savons que ce ne sont pas réellement nos fils qui agressent. C’était un bidonville où certains venaient se cacher. Ce qui fait que dès fois, il y a des agressions. Mais on peut dire que ce ne sont pas les fils de Khar Yalla», clame le conseiller municipal.
Pauvreté et sous-emploi
Rue des filaos de Khar Yalla, à l’entrée
La pauvreté et le chômage à Khar Yalla ne sont pas étrangers à cette situation d’insécurité. En effet, ce qui frappe le regard, de prime abord, en foulant les ruelles de cette cité, ce sont les petits étals de femmes qui vendent des sandwiches, du pain thon, du poisson et autres. Faute de travail bien rémunéré, elles se rabattent sur ce petit commerce. «L’emploi, il n’y en a pas. En attendant, les femmes vont chaque jour tôt le matin au marché, reviennent avec de la marchandise et vendent devant leurs maisons. Et vous voyez, devant chaque porte des femmes posent leur étal pour ne pas croiser les bras à défaut d’avoir un emploi bien rémunéré», renseigne le chef du quartier de Khar Yalla 3. Abdoulaye Badiane estime qu’ «il faut revoir la politique communale et nationale d’emploi, pour voir comment aider les jeunes à faire quelque chose». «Certains veulent sortir du pays pour aller à l’étranger. D’autres veulent percer à travers le football. Il y a tellement d’écoles de football à Khar Yalla ! Et tout le monde ne peut réussir dans le football», souligne-t-il.
Cheikhou Kouyaté, Anta Sarr, Frédéric Mendy, ces fils de Khar Yalla
Et malgré les nombreuses difficultés qui rythment la vie quotidienne de Khar Yalla, certains fils du quartier ont su tirer leur épingle du jeu. Pour eux, la providence tant attendue est bien là. Ils se sont fait un nom qui dépasse les frontières de la cité. Mamadou Sidibé, le chef de département chimie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Footballeur de West Ham Cheikhou Kouyaté, Anta Sarr, l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance devenue déléguée générale à la protection sociale et à la solidarité nationale, ont tous vécu dans cette petite localité de Dakar. Mais, l’histoire de Frédéric Mendy, l’ex-joueur du Sénégal, semble le plus indissociable à celle de sa ville. «Le jeune joueur Frédéric Mendy est le premier enfant de Khar Yalla né au centre de santé Philip Maguilène Senghor. En ce moment, Grand Yoff n’avait pas de maternité. On l’appelait le petit ‘‘Laye’’ en référence aux Layènes. Si vous le cherchez ici et que vous l’appelez Frédéric, vous risquez de ne pas le retrouver. On l’appelle beaucoup plus ‘‘Laye’’ ici. Une partie de sa famille vit à Khar Yalla", raconte fièrement M.Badiane.
«On peut dire que Yalla nieuwna»
Aujourd’hui, plus qu'hier, Khar Yalla se débat dans ses innombrables défis. Toujours parmi les zones les plus difficiles de la capitale, le sort des populations s'est un peu amélioré, estime l'un des chefs de quartier. «Auparavant, il n’y avait rien ici. Que des champs. Et nous étions venus ‘‘khar Yalla’’ sans nous décourager. Légui nak (Maintenant) on peut dire que Yalla nieuwna (Dieu est avec nous). Nous avons un dispensaire, une école, une mairie, le pavage, la lumière etc.», nous dit le vieux Mamadou Diop, l’actuel chef de quartier de Khar Yalla 3.
32 Commentaires
Firgui
En Avril, 2015 (10:59 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (11:07 AM)Bik
En Avril, 2015 (11:10 AM)Pour peu que je sache, son histoire aurait commencé de la même façon que Khaar Yalla.
Anonyme
En Avril, 2015 (11:16 AM)Fiere D'être De Khar Yalla
En Avril, 2015 (11:18 AM)Et y' a pas que cheikhou kouyatè, frederic mendy,.
On peut noter le preseident de la zone 4b Bathie ndiaye, abdou diop etcc la liste des gens qui ont réussi et connu sont nombreux sonc seneweb arretez de mentir svp
Anonyme
En Avril, 2015 (11:21 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (11:25 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (11:33 AM)Rof
En Avril, 2015 (11:43 AM)le délégué de quartier Diagua GUEYE ASC JAAL GUI
Anonyme
En Avril, 2015 (11:46 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (12:15 PM)Deugue Gui
En Avril, 2015 (12:22 PM)juste derriere la station d'essence.
Monsieur le PR rappellez vous de khar yalla...
Ancien Habitant De Khar Yalla
En Avril, 2015 (12:27 PM)rakadiou) de son vrain nom abdou ngom qui a aussi fait les niayes de pikine la seib de diourbel et l equipe nationale et non pas en reference aux layenes
Pa Birame
En Avril, 2015 (12:32 PM)Bnghtr
En Avril, 2015 (12:49 PM)Cela dit j aime ce nom rempli de sens qu 'est Khar yalla. Un nom extraordinaire .Flegme, dévouement; capacité d encaisssr, spiritualité, soufisme, esprit rustique, yoga, mougne comme l a recommandé le prophete mouhammat
Anonyme
En Avril, 2015 (13:14 PM)Armee Gandiaye
En Avril, 2015 (14:07 PM)represent ! PIT
Anonyme
En Avril, 2015 (14:07 PM)Sidy
En Avril, 2015 (14:54 PM)Sidy ancien joueur de Juboo .
Khar Yalla
En Avril, 2015 (15:09 PM)Kebe Kebe
En Avril, 2015 (15:14 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (16:30 PM)Le président du tribunal départemental de Kolda, Cheikh Niane, a déversé sa bile sur la Société nationale d'électricité (Senelec) au cours d’un point de presse organisé ce lundi 27 avril. Il déplore les coupures intempestives d’électricité et leurs conditions difficiles de travail.
Jeudi dernier, un court-circuit a paralysé le tribunal. Un début d'incendie a été de justesse maitrisé grâce à la prompte réaction des sapeurs-pompiers. C'est d'ailleurs la deuxième fois qu’un incendie de ce genre se signale du côté du tribunal de Kolda. Et depuis, le tribunal est sans électricité.
Ce qui a occasionné des désagréments et a retardé la délivrance des jugements, des casiers judiciaires, des certificats de nationalité et autres documents délivrés par les services judiciaires.
«Nous rendons les jugements tous les jeudis, mais les coupures ne nous permettent pas de donner les actes aux ayants droits. Les locaux suintent abondamment en saison de pluies, c’est pourquoi nous demandons l’appui des autorités pour régler définitivement ces problèmes», dit-i
Diosse Jubo
En Avril, 2015 (17:51 PM)Questions
En Avril, 2015 (18:42 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (19:42 PM)Young King
En Avril, 2015 (20:35 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (20:50 PM)Xxx
En Avril, 2015 (22:47 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (10:25 AM)C'est que le probleme du foncier reste une préoccupation pour les habitants de khar yalla et l'Etat devrait devrait resoudre le probleme de la regularisation des titres de propriétes.: sunugaal: javascript:AddSmiley(' ')
Anonyme
En Avril, 2015 (14:18 PM)Anonyme
En Mai, 2015 (14:17 PM)de grande equipe.
Quel quartier!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
never forget
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