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Afrique

Coup d’État manqué au Burkina : les enjeux d’un procès qui divise

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Le général Gilbert Diendéré, le 23 septembre 2015 à l'aéroport de Ouagadougou.

Le procès dans lequel doivent être jugés 84 personnes poursuivies pour leur implication présumée dans le coup d'État manqué du 16 septembre 2015, qui s'est ouvert ce mardi 27 février, a été reporté sine die sur demande des avocats. Si le procès divise l'opinion, il devra toutefois éclaircir l'avenir politique des dignitaires de la famille politique de l'ex-président Blaise Compaoré.

Le procès du putsch manqué qui s’est ouvert ce mardi matin devant la Chambre de jugement du tribunal militaire a été reporté sine die, sur demande des avocats de la défense. Ceux-ci ont argué du fait que le décret de nomination du président du tribunal, paru au Journal Officiel le 22 février, ne pouvait entrer en vigueur avant le 1er mars. Aucune date pour la reprise des audiences n’a encore été donnée.

Sur le banc des accusés : 84 personnes, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, soupçonnés d’être les cerveaux du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, qui avait fait 14 morts et 251 blessés, selon un bilan officiel.

La justice militaire joue sa crédibilité lors de ce procès

Au-delà de la soif de justice des uns et des autres, ce procès « sensible » s’annonce périlleux. « De mon point de vue, la justice militaire taxée à tort ou à raison d’être à la solde du pouvoir actuel joue sa crédibilité lors de ce procès qui risque d’être un long feuilleton », affirme Abdoul Karim Saidou, universitaire et politologue burkinabè contacté par Jeune Afrique.

« La défense va user des moyens de droit pour conduire à une sorte d’enlisement, comme lors du procès de Blaise Compaoré et des ministres de son dernier gouvernement », poursuit cet enseignant de droit à l’université de Ouagadougou.

La question de la réconciliation nationale

Ce jugement pose, selon lui, l’épineuse question de la réconciliation nationale. Si celle-ci est réclamée avec beaucoup d’insistance par l’ancienne majorité présidentielle, réunie au sein de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (Coder). le pouvoir actuel préconise plutôt un scénario basé sur une démarche de « vérité, justice et réconciliation ».

Quelle que soit l’issue du jugement, ce procès ne va pas apaiser les tensions politiques entre pro et anti-putschistes

Entre les victimes, les auteurs présumés du putsch et leurs soutiens, le procès révèle ainsi une certaine division au sein de la société. « Même si le droit est appliqué, cela ne va pas aller dans le sens de la réconciliation, dans la mesure où ceux qui seront condamnés vont continuer à crier au procès politique. Pour moi, quelle que soit l’issue du jugement, ce procès ne va pas apaiser les tensions politiques entre pro et anti-putschistes », prévient Abdoul Karim Saidou.

D’un ton plus dur, celui-ci ajoute : « Ce jugement pose un dilemme qui montre les limites de la doctrine de réconciliation prônée par le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré », arguant que ce jugement « très attendu par les Burkinabè sera un test pour la méthode Kaboré ».

L’autre enjeu : la présidentielle de 2020

L’autre défi, aux yeux de l’enseignant de droit à l’université de Ouagadougou, est que le procès des auteurs présumés de ce putsch manqué est également un enjeu politique pour le régime déchu du président Blaise Compaoré, renversé en 2014 après 27 ans de règne. L’issue des débats, dit-il, va ainsi permettre de savoir qui seront les potentiels candidats de l’ancienne majorité à la prochaine présidentielle prévue en 2020.

« D’anciennes personnalités de la famille politique du président Compaoré sont concernées par ce procès. C’est le cas du général Djibrill Bassolé, mis en cause pour trahison et collusion avec une force étrangère. L’un des enjeux sera donc de savoir si M. Bassolé sera blanchi ou au contraire condamné pour répondre de ses actes devant la justice jusqu’à la prochaine élection présidentielle », ajoute le politologue.

D’autant que dans un entretien accordé à Jeune Afrique, fin janvier dernier, le nouveau président de la Nouvelle alliance du Faso (Nafa, parti fondé par le général Djibrill Bassolé), le professeur Mahamoudou Hama Dicko avait alors réitéré sa confiance à l’ancien patron de la diplomatie burkinabè. « Djibrill Bassolé est notre candidat pour la présidentielle de 2020 », avait-il alors déclaré.

Les implications régionales

Enfin, ce procès soulève des implications régionales. Des personnalités ivoiriennes, parmi lesquelles Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, sont régulièrement citées par la justice burkinabè pour leur soutien supposé aux auteurs du coup d’État manqué.

Des écoutes téléphoniques supposées entre Bassolé et Soro constituent l’une des pièces maîtresses de l’accusation à l’encontre de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.

Découvrez en une infographie l’organisation de ce procès :



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