La RDC "n'exclut pas des mesures de rétorsions contre l'UE"

Le gouvernement de Kinshasa n'exclut pas de prendre des mesures de rétorsion contre l'Union européenne, qui a prolongé lundi des sanctions ciblées visant seize responsables congolais, a affirmé le chef de la diplomatie congolaise, Léonard She Okitundu, depuis Paris. "Les mécanismes du partenariat entre l'UA et l'UE exigent qu'il y ait un dialogue et des consultations permanentes quand il y a un problème.

Infliger des sanctions contre un gouvernement souverain, nous ne pouvons le tolérer. Nous n'excluons pas des mesures de rétorsion contre l'Union européenne", a-t-il déclaré mardi sur le plateau du journal Afrique de la chaîne de télévision France 24, selon la presse kinoise. "Graves violations des droits de l'homme"

Les ministres des Affaires étrangères européens ont prolongé lundi d'un an les sanctions visant seize responsables congolais, dont plusieurs ministres et des haut gradés militaires, impliqués, selon elle, dans de "graves violations des droits de l'homme" en République démocratique du Congo (RDC), tout en appelant les autorités congolaises à respecter la date des prochaines élections fixées au 23 décembre 2018.

M. She Okitundu avait déjà, dans une déclaration faite le 28 novembre devant les ministres des Affaires étrangères de l'UE et de l'UA réunis à Abidjan, plaidé pour la levée des sanctions frappant des responsables congolais. "Sanctions inacceptables" "Ces sanctions sont tout simplement inacceptables. D'une part, parce qu'elles violent les principes qui président à notre partenariat, d'autre part, parce qu'elles sont sinon inopportunes, dans tous les cas contre-productives.

Nous entrerions dans un engrenage où les sanctions appelleraient ipso facto des mesures de rétorsion correspondantes", avait-il dit. L'UE conditionne aussi désormais le financement des élections présidentielle, législatives et provinciales en RDC, au départ prévues fin 2016 mais qui ont été reportées au 23 décembre 2018, à des progrès sur les libertés. Tout comme la Belgique, ancienne puissance coloniale aux relations souvent en dents de scie avec Kinshasa, qui a décidé de réserver dans un premier stade cinq millions d'euros en appui aux élections, "qui pourront être libérés dès que ces conditions seront réunies",

tout en encourageant ses partenaires "à agir dans le même sens, en restant très attentifs aux engagements des autorités congolaises". "Une moquerie" L'hebdomadaire français 'Jeune Afrique' a relayé l'étonnement des autorités de Kinshasa face à cette annonce des ministres belges des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, Didier Reynders et Alexander De Croo. "Cinq millions d'euros et des conditions ? C'est une moquerie.

Savez-vous combien le gouvernement congolais donne à la Ceni (la Commission électorale nationale indépendante, chargée d'organiser les scrutins, ndlr) chaque mois? Trente millions de dollars", a affirmé le conseiller diplomatique du président Joseph Kabila, Barnabé Kikaya Bin Karubi. Il a aussi regretté aussi que les partenaires européens de la RDC "n'écoutent pas" Kinshasa, selon le magazine sur son site internet.