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Législatives au Maroc: le roi, les islamistes et la démocratie

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Législatives au Maroc: le roi, les islamistes et la démocratie

Malgré les réformes politiques mises en oeuvre depuis 2011, le roi demeure l'ultime arbitre dans le pays.

Le 7 octobre, les Marocains se rendent aux urnes pour renouveler leur Parlement. Quelles sont les forces en présence ? Qui sont les favoris ? Quel rôle joue le monarque dans la vie politique marocaine ? Quels sont les enjeux de ce scrutin ? Comment fonctionne le système électoral ? Réponses en cinq points.

L'évolution de la monarchie

Le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale. Le roi Mohammed VI au pouvoir depuis 1999, a engagé la modernisation politique, économique et sociale du pays. Le contexte régional au printemps 2011 a accéléré ce mouvement. Dans le sillage des « Printemps arabes », le pays a connu en février 2011 une vague de manifestations réclamant des réformes politiques, plus de démocratie et moins de corruption. L’ampleur du mouvement a conduit le roi à engager une réforme constitutionnelle qui renforce les pouvoirs du Premier ministre et du Parlement tout en préservant la prééminence politique du monarque. La nouvelle Constitution approuvée massivement par les Marocains lors du référendum pour la réforme constitutionnelle du 1er juillet garantit aussi l’indépendance de la justice, le respect des libertés politiques et reconnaît une égalité civile et sociale aux femmes.

Les islamistes au pouvoir à Rabat

Dans la foulée du référendum constitutionnel, les autorités organisent le 25 novembre 2011 des législatives anticipées. Elles sont remportées par le Parti de la justice et du développement (PJD), de sensibilité islamiste modérée, avec 27,08% des suffrages exprimés. En janvier 2012, son leader charismatique, Abdelilah Benkirane est nommé par le roi au poste de chef de gouvernement.

A la tête d’une coalition hétéroclite composée de communistes, de libéraux et de conservateurs, le PJD est aux manettes du pays depuis 2012. C’est le seul parti islamiste issu des « Printemps arabes » à terminer son mandat. Sa gestion prudente et pragmatique du pays n’est pas étrangère à cette longévité exceptionnelle. Sur le plan politique, soucieux d’apparaître comme un parti de gouvernement après avoir été cantonné dans l’opposition pendant des décennies, les islamistes jouent le jeu du Palais, qui, tout en se proclamant au-dessus de la mêlée, n’abandonne pas ses prérogatives, comme l’illustre sa mainmise sur tous les ministères de la souveraineté : l’Armée, l’Intérieur, les Affaires religieuses, l’Economie. « Nous avons géré notre relation avec la monarchie ces cinq dernières années avec un souci de coopération », martèle dans ses meetings le Premier ministre Abdelilah Benkirane. Cette stratégie consensuelle n’a pas trop mal réussi à son parti, le PJD, qui a remporté les élections régionales de 2015.

Campagne électorale tendue entre islamistes et libéraux

La campagne pour les législatives d'octobre 2016 s’est ouverte le 24 septembre. Malgré cinq années aux affaires, le PJD conserve une forte audience dans le pays et veut un second mandat. « Un deuxième mandat » pour « continuer la réforme », clament ses militants. La réforme libérale de l’économie que les islamistes ont engagée pendant leur mandat est populaire auprès de leur électorat appartenant pour l’essentiel à la classe moyenne urbanisée. En face, le grand rival du PJD, le Parti authenticité et modernité (PAM), qui se présente comme « moderniste ». Fondé en 2008 par un proche conseiller de Mohammed VI, le PAM s’inquiète de « l'islamisation rampante » de la société. Les orateurs de la formation anti-islamiste se présentent comme « défenseurs de la liberté » et promettent de favoriser l’entrée de plus de femmes au Parlement. Les critiques portent aussi sur le bilan du gouvernement dans le domaine de l’économie qui a pâti de la régression des investissements et de la consommation des ménages. La lutte contre la corruption n’a pas donné de résultats probants.

Parti des notables et de la population rurale, le PAM est perçu par les islamistes comme la courroie de transmission du Palais. Sans mettre directement le roi en cause, ceux-ci accusent les leaders du PAM de vouloir perpétuer l’« Etat parallèle » (le « tahakoum » en arabe) et ses « méthodes autoritaires ».

La campagne électorale qui s'est terminée ce 6 octobre a ressemblé, pour l’essentiel, à un duel serré entre les islamistes et les libéraux. Vécue par beaucoup de Marocains comme une étape vers la normalisation de la vie politique, cette bipolarisation se fait aux dépens d’autres acteurs politiques. L’entourage du monarque voit, pour sa part, d'un mauvais oeil l’audience forte du PJD auprès des classes populaires. Selon les analystes, son « containment » paraît être l’un des enjeux majeurs des législatives

Les autres forces en présence

Sur une trentaine de partis qui participent aux législatives du 7 octobre, six ont une audience véritablement nationale outre le PJD et le PAM. La Fédération de la gauche démocratique (FGD), née d’une alliance entre des partis de gauche, a elle aussi une visibilité nationale. Seule formation politique marocaine à être dirigée par une femme (Nabila Mounib), la FGD avait boycotté le scrutin de 2011, mais elle a fait cette année une campagne remarquée sur le thème de la « troisième voie ». En se situant à équidistance entre le PJD et le PAM, la FGD promet une véritable réforme politique, basée sur la séparation des pouvoirs. Quant à l’Istiqlal, le plus vieux parti du royaume, qui a fait partie de la coalition au pouvoir pendant un an et demi, avant de claquer la porte, il a fait lui aussi campagne en se présentant comme une alternative à la bipolarisation à l’œuvre dans le pays. Son secrétaire général Hamid Chabat s’est signalé en intégrant sur ses listes d’anciens cheikhs salafistes repentis. Son parti, qui compte dans la législature sortante 60 députés, espère disposer de 85 à 90 sièges dans le nouveau Parlement afin de s’imposer comme partenaire de coalition incontournable.

Scrutin : mode d’emploi

Les élections étaient largement manipulées au Maroc jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI en 1999. Les législatives de septembre 2002 sont considérées comme le premier scrutin libre et transparent organisé dans le royaume. Les législatives du 7 octobre se dérouleront selon un système de liste à un tour, à la représentation proportionnelle, avec un seuil électoral de 3% (nombre minimum de voix requis pour qu’un parti accède au Parlement). Près de 16 millions d’électeurs sont appelés à voter pour élire leurs 395 députés, à choisir parmi un total de 1 410 listes et 6 992 candidats. L’un des enjeux de ces élections sera le taux d’abstention, traditionnellement très élevé – 63% en 2007 et 55% en 2011. Un tiers du corps électoral ne possède pas de cartes d’électeur au Maroc.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2016 (08:25 AM)
    ce roi doit faire un régime. son ventre va bientôt éclater.
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