Moins d'une année aura suffi pour transformer le Mali, considéré depuis vingt ans par Paris comme une vitrine démocratique en Afrique francophone, en une poudrière islamiste menaçant l'Europe.
Au début de 2012, le palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako, où est installé le placide président, Amadou Toumani Touré, dit "ATT", ne résiste pas à un triple ébranlement : la chute de Mouammar Kadhafi marquée par le retour au pays de milliers de mercenaires maliens surarmés jusque-là fidèles au colonel libyen, le terrorisme islamiste qui, à plus de mille kilomètres au nord, gangrène le Sahara et enfin la rébellion touareg qui menace l'unité territoriale de l'ancien Soudan français.
Prenant prétexte de la passivité du pouvoir à endiguer cette crise multiforme, les hommes du capitaine Amadou Sanogo prennent et pillent Koulouba dans la nuit du 21 au 22 mars. Sous couvert de "redresser la démocratie et restaurer l'Etat", ils suspendent la Constitution et dissolvent "toutes les institutions". Leur putsch révèle le degré de pourrissement d'un régime dont l'armée impuissante et corrompue ferme les yeux sur le trafic de cocaïne et a laissé les katiba d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) prendre possession de l'immense partie saharienne du pays où se multiplient les enlèvements d'occidentaux.
LE PUTSCH DE MARS 2012 ACCÉLÈRE LA PARTITION DU PAYS
La rébellion n'est pas forcément impopulaire dans la société malienne : elle s'appuie sur un sentiment d'humiliation et de frustration, sur fond d'islamisation rampante de la société. "ATT" avait dû retirer sa réforme libérale du code de la famille sous la pression de manifestations de masse favorables à la charia. Mais au lieu de rétablir l'unité nationale comme promis, le putsch accélère la partition du pays : dès le début avril, les groupes islamistes alliés à AQMI et les rebelles touareg prennent le contrôle des trois régions désertiques du nord : les villes de Kidal, Gao puis Tombouctou tombent et sont coupées du reste du pays.
A la mi-avril, Dioncounda Traoré, le président de l'Assemblée nationale, est investi président par intérim après la démission d'"ATT" obtenue par les médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Mais la menace de "guerre totale et implacable " au Nord brandie par le fragile président reste vaine. A la fin de juin, les islamistes d'AQMI alliés aux combattants du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et à ceux d'Ansar Eddine chassent les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et conquièrent le nord du Mali. Ils imposent la charia – lapidations et mutilations se multiplient – et détruisent des mausolées de saints musulmans à Tombouctou dont ils considèrent la vénération comme idolâtre.
LES ISLAMISTES ONT DES SOUTIENS PARMI LA POPULATION DU SUD
L'indignation internationale aide les efforts de la France pour obtenir une intervention militaire. Mais Paris ne veut pas apparaître au premier plan, et les Etats-Unis, qui soulignent la faiblesse des institutions maliennes, sont réticents.
Le 4 septembre, le chef de l'Etat malien par intérim "sollicite" officiellement l'aide de la Cédéao. Et le 26 septembre à New York, la France organise une conférence sur le Sahel, deux jours après que Bamako a enfin demandé officiellement l'intervention des Nations unies. La décision prévoit l'envoi de 3 300 militaires fournis par les Etats de la Cédéao. La résolution qui prépare ce déploiement, est adoptée le 12 octobre. Elle considère que la situation au nord du Mali constitue "une menace pour la paix et la sécurité internationale". Le texte donne quarante-cinq jours aux pays de la région pour définir un concept crédible d'intervention militaire. Dans ce contexte d'atermoiement, les putschistes de Bamako s'agitent et contraignent le premier ministre Cheick Modibo Diarra à démissionner le 11 décembre. L'ONU tarde à donner son feu vert à l'envoi de troupes et ce n'est que le 20 décembre qu'une résolution dans ce sens, mais sans calendrier précis, est adoptée à New York.
Dans ce contexte de flou diplomatique, c'est le terrain qui va parler. Déjà maîtres du Nord, les islamistes ambitionnent de conquérir le reste du territoire malien, où est concentré l'essentiel de la population. Leurs bandes armées passent à l'offensive jeudi 10 janvier, déclenchant l'intervention française. Mais il n'est pas sûr que les militaires puissent à eux seuls dénouer la situation malienne : les islamistes comptent aussi des soutiens parmi la population du Sud, frustrée par des années de promesses non tenues par la démocratie et un Etat aujourd'hui effondré.
22 Commentaires
Anti Bambaras
En Janvier, 2013 (23:59 PM)Leuze80
En Janvier, 2013 (00:00 AM)yalla défe diam
Le Panafricaniste
En Janvier, 2013 (00:11 AM)Skn
En Janvier, 2013 (00:28 AM)Kljoiuhnmt
En Janvier, 2013 (00:30 AM)Beydane
En Janvier, 2013 (00:32 AM)Beenn
En Janvier, 2013 (00:33 AM)Deug
En Janvier, 2013 (01:39 AM)Vous avez toujours une explication a tout , mais la remarque est la : vous n'etes pas capable de gerer vos independances acquises il y a 45 ans ou je sais quoi ...
Pour l'instant c'est la France qui sauve la face des soldats maliens en debacle devant 1800 rebelles islamistes !!!
Dia
En Janvier, 2013 (02:04 AM)c'est une manque de respect et une énorme déception pour tous ceux qui prennent du temps pour lire vos articles
Opotolo
En Janvier, 2013 (02:14 AM)Fitaw_makonen
En Janvier, 2013 (07:41 AM)Pour nous il était presque évident que la partition du Mali était dans leur programme et le rejet par les islamistes de cette partition et leur volonté de faire de la totalité du Mali une république islamique sonnait presque comme une mélodie !
Aujourd’hui encore, on a l’impression que les islamistes, par leur coup de force complètement hasardeux contraignent le Mali et ses amis à la suppression de la « frontière » qui n’était là que par leur propre volonté. La preuve : dès qu’ils ont voulu que ça change… . La témérité des islamistes qui sauve l’intégrité territoriale du Mali ! Ils n’auront pas un Mali islamique. Ils laisseront le Mali entier. Sanogo exit?
Il est peut-être à souhaiter aussi que la reconquête du nord soit une REALITE et surtout ne soit pas elle-même la … DESTABILISATION de notre sous-région pour des années en débouchant sur un conflit entre l’islam et lui-même au Mali et dans la sous-région.
Mlé
En Janvier, 2013 (09:37 AM)Lafric
En Janvier, 2013 (09:45 AM)Lebonsens
En Janvier, 2013 (11:26 AM)Arrêtons de nous gaver sans cesse de discours anti-occidentaux, France-Afrique, Panafricaniste, de chanter les louanges de Sankara, NKruma... alors que dans la pratique nos gouvernants et leur politique NE FONT RIEN pour aller le sens de l'indépendance Alimentaire, Sanitaire, Economique et MILITAIRE de nos états. Voilà que 1000 individus déterminés, armés de Kalach et mitrailleuses lourdes sur des 4X4 s'emparent sans difficulté d'un pays grand comme 4 fois le Sénégal. Les organisations Africaines incapable de résoudre le problème appellent au secours Papa France ancien colonisateur tant décrié, pendant ce temps nos chefs d'état ruinent nos pays en édifiants des monuments de la renaissance Africaines, s'achetant des vehicules de luxe, vendant les meilleurs terres et terrains au bénéfice de leur famille et proche... Au lieu de penser à équiper leurs armées, hopitaux, ambulances, paysans, éducation.. Le budget de tous ces 4X4 rutilants défilants lors des conseils de minstres pourrait aller dans l'armée. Résumé: 1 colonne de pick-up 4X4 et une mitrailleuse dessus,des hommes déterminés, c'est pas cher et on a vu que ça pouvez faire tomber un grand pays comme le Mali...
Gary
En Janvier, 2013 (11:44 AM)Skn
En Janvier, 2013 (14:14 PM)Skn
En Janvier, 2013 (14:29 PM)Anatole France
En Janvier, 2013 (15:08 PM)Skn
En Janvier, 2013 (15:14 PM)Diambars
En Janvier, 2013 (15:17 PM)Skn
En Janvier, 2013 (16:11 PM)Thiessois
En Janvier, 2013 (18:01 PM)Participer à la Discussion