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Afrique

Maroc : la formation du gouvernement, un casse-tête qui dure

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Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, dans un bureau de vote à Rabat le 7 octobre 2016.

Les tractations menées par le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane pour former sa coalition n’en finissent pas. Un homme fait durer le suspens : le patron du RNI, Aziz Akhannouch.

« Aziz Akhannouch nous mène vraiment la vie dure », lâche, dépité, un membre dirigeant du Parti justice et développement (PJD).

Les amis d’Abdelilah Benkirane n’en finissent pas de s’interroger sur la condition « illogique » que le secrétaire général du Rassemblement national des indépendants (RNI) a imposée pour intégrer leur coalition gouvernementale.

« Il veut absolument exclure l’Istiqlal du prochain gouvernement. Or, Benkirane a déjà donné sa parole à Hamid Chabat (secrétaire général de l’Istiqlal, ndlr) et il est hors de question qu’il fasse marche arrière », tranche notre source.

RNI et PJD se renvoient la balle

Depuis sa désignation en tant que chef de gouvernement le 10 octobre, le secrétaire général du parti islamiste peine à former sa majorité. Ses consultations avec le nouvel homme fort du RNI – accessoirement proche du roi – sont dans l’impasse.

Pourquoi Akhannouch tient-il tant à exclure l’Istiqlal ? Personne ne semble le savoir, pas même les membres de son propre parti. « Nous lui avons délégué la mission de mener ces consultations et avons entièrement confiance en lui », répond, énigmatique, un membre influent du RNI.

Akhannouch cherche-t-il à faire pression sur son interlocuteur pour obtenir le maximum de maroquins et surtout les plus stratégiques ? Veut-il carrément le mener à jeter l’éponge comme l’insinuent plusieurs experts politiques ?  « Toutes ces questions relèvent de la surenchère ! », rétorque notre source du RNI.

Et d’ajouter : « Dans le fond et contrairement à ce que dit le PJD, ce n’est pas l’Istiqlal qui nous divise. Nous avons demandé à Benkirane de nous fournir les grandes orientations de sa future politique gouvernementale afin d’avoir une idée de la feuille de route sur laquelle nous allons nous engager auprès des Marocains. Nous attendons toujours ! », accuse-t-il.

Pour résumer, à l’heure actuelle, PJD et RNI se renvoient la responsabilité d’un blocage bel et bien installé et qui pénalise le fonctionnement de l’État. Faute de gouvernement, la loi de Finances 2017 est toujours bloquée au Parlement et ne pourra pas être promulguée fin décembre.

Abdelilah Benkirane a dû réunir en urgence ce qui reste de son gouvernement actuel, jeudi 15 novembre, – douze ministres ont quitté leurs fonctions pour incompatibilité avec leurs nouveaux mandats de députés – afin de faire adopter, à titre exceptionnel, et par décret, les crédits permettant aux administrations de continuer à fonctionner.

Difficile de former une majorité

Jusqu’à ce jour, le PJD (125 sièges) a pu avoir l’aval des nationalistes de l’Istiqlal (46 sièges) et des socialistes du PPS (12 sièges) afin d’intégrer son gouvernement. Mais ses deux alliés ne lui permettent pas d’obtenir la majorité requise, à savoir 198 sièges sur 395, et de pouvoir gouverner. Il lui faut un quatrième allié.

Ses tractations avec l’Union socialiste des forces populaires (USFP, 20 sièges) et le Mouvement populaire (MP, 27 sièges) se sont bien déroulées mais les deux formations n’ont pas encore tranché sur leur participation au gouvernement. Elles attendent de connaître la réaction du RNI.

De fait, le chef islamiste se trouve acculé à négocier avec le redoutable Akhannouch. Et ce dernier semble prendre tout son temps. Depuis son investiture en tant que secrétaire général du RNI, Ssi Aziz, comme l’appelle son entourage, enchaîne les tournées dans les antennes régionales de son parti afin de forger sa popularité et d’appeler à une large réforme du RNI visant à le rapprocher de ses bases.

Se sentir piégé

Face à l’attentisme que lui impose de facto Akhannouch, Abdelilah Benkirane ne sait plus sur quel pied danser. Il tergiverse dans ses déclarations. Tantôt il encense le RNI et le loue pour « son professionnalisme » dans la gestion des affaires de l’État, tantôt il s’interroge : »Pourquoi les ministres de ce parti sont les seuls à signer des accords lors des déplacements du roi en Afrique ? ».

Le samedi 17 décembre, lors d’une réunion régionale de son parti à Rabat, il a encore une fois appelé le RNI et l’USFP – les deux partis se sont rencontrés le 14 décembre – à clarifier leurs positions quant à leur participation gouvernementale. « Je ne veux pas mêler le roi à ces affaires partisanes », a-t-il lâché, en réponse à une question de la salle sur l’éventualité d’un arbitrage royal pour sortir de la crise.

Mais a-t-il réellement le choix après trois mois d’attente ?



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