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L’Egypte dans la postmodernité

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L’Egypte dans la postmodernité

Le monde suit de très près et attentivement la situation politique en Egypte. Une situation inédite, incertaine, originale et quasi méconnue dans la géopolitique mondiale moderne. Au vu du contexte et de la situation, de nombreux observateurs se posent la question de savoir de quoi demain sera fait dans ce pays? Les égyptiens ne se posent probablement pas ce genre de questions, le mal, à leurs yeux, ayant été éradiqué, même si très compliquée la crise soulève des inquiétudes qu’il est légitime d’avoir du fait que les pro Morsi ne baissent pas la garde et continuent à alimenter la violence. Pour le plus grand nombre d’Egyptiens tout de même, l’essentiel est fait. Les signaux sont lancés au prochain président que rien ne sera plus comme sous la dictature Ben Ali. Et qu’il neige vente ou pleuve, leur volonté sera respectée par quiconque viendra les gouverner. La première leçon à tirer de cette deuxième révolution égyptienne en deux ans est celle là que le peuple seul est souverain et que c’est lui qui décide de sa destinée : un principe élémentaire de l’idée de démocratie telle que l’ont conceptualisés Tocqueville et autres penseurs de la modernité. L’ère égyptienne n’est pas celle de tous les pays, y compris africains, pouvons nous dire. Certaines nations, même dans des sphères les plus en avances en matière de démocratie, marchent à rythme forcé par les circonstances et les évènements. Les réformes leur sont dictées ; les hommes aussi et même parfois leur regard vers l’avenir est orienté. Sur les mécanismes pour arriver à des niveaux élevés d’approches gouvernementales, n’en parlons pas: Le Fmi a t-il disparu des sphères de gouvernance africaine ? L’union européenne réduit –elle son taux d’influence en matière de gouvernance économique sur les derniers de la classe dans le grand ensemble qu’elle constitue ? Pourtant entre pays africains, c’est vrai qu’il n’y a pas encore de dépendance hiérarchique systématique et mécanique à l’endroit d’une institution supra comme l’Union africaine, il y a au moins ce respect qui consiste à laisser l’autre choisir ses hommes, son devenir et les moyens et voies pour y arriver. Les seules exceptions de la classe connues arrivent des pays encore en conflit ou en situation de post-conflit qui dépendent d’une feuille de route tracée de commun accord avec les pairs, les pays amis ou les nations-unies. N’ayons pas de complexe : le chemin fait est important. Il était sinueux au départ et parsemé d’embûches que certains Etats comme l’Egypte, le Cap vert, le Ghana, et bien d’autres à des degrés divers ont franchi. Il ne s’agit pas de dormir sur nos deux lauriers en disant que tout est ok à mis chemin ; Il reste encore des pas importants à poser pour faire luire cette étincelle de l’espérance. La mentalité de certains gouvernants est encore à l’état classique et archaïque et il faut les secouer par des actions fortes comme en Egypte ; montrer que nous ne sommes plus dans les années postindépendances où les gouvernants marchaient à tâtons et y conduisaient leurs peuples. Une situation qui pouvait se comprendre devant l’urgence et la précipitation avec lesquelles les batailles menant aux indépendances ont été conduites. Mais la suite n’a pas donné les fruits escomptés et au lieu de fruits mûrs, les populations ont plutôt récolté des dictatures, des autocraties, etc. La démocratie est un luxe ; qu’on le veuille ou non. Elle n’est pas à la portée de n’importe quel peuple. Le combat démocratique est une bataille de longue haleine menée, en rapport avec toutes les composantes d’une nation. On en serait aujourd’hui à des tueries si l’armée égyptienne n’avait pas épousé la cause de la majorité de la population. Les aspirations ne suffisent pas être manifestées par des «output» (David Easton). Elle résulte de situations particulières, de combats épiques, de face-à-face inattendu qui somme l’interlocuteur à réagir dans le bon sens. Le cas égyptien est original et inédit du fait même que dans le contenu de cette deuxième page du printemps arabe, les gens ne sont pas d’accord si c’est un coup d’état ou non. Pour moi, il n’en est pas un sur le plan de la forme encore moins dans le fond. L’armée n’a pas descendu, quoiqu’on dise, le président Morsi. Elle a constitué un canal crédible pour lui faire entendre les signaux émis par la majorité des égyptiens. Elle a pris toute la mesure de la situation et a préféré être à nouveau du côté de l’histoire. La deuxième chose est que c’est une situation qui est préférable à la guerre civile. Il est clair et net que si l’armée n’intervenait pas si tôt dans le débat politique, on assisterait à une situation de tueries qui opposeraient les deux camps en Egypte. Elle a choisi le moindre mal. C’est une preuve de maturité qui tranche d’avec ce que nous connaissons dans les pays dans lesquels l’armée est toujours à la solde du régime en place, quitte à massacrer les civils. Les alternances des années 2000 au Sénégal et ailleurs, le printemps arabes de 2011 ont marqué une page nouvelle dans la vie politique de nos nations. Ces évènements ouvrent également définitivement l’ère de la postmodernité africaine, même si à un niveau global, on y était théoriquement depuis plusieurs années. La raison, comme dans la période des lumières, ne permet plus de réaliser « l’esprit » des peuples. C’est à une totale « dissolution » de cette idée que nous assistons. La fierté africaine doit être réalisée à partir d’évènements exceptionnels tels que ceux que connaissent l’Egypte et l’évolution vers quelque chose de positive de la situation actuelle. Certains font vite le lien avec ce que l’Algérie a connu dans les années 92 avec la victoire du front islamique du salut dont l’armée n’avait pas voulue et qui avait fini par prendre le pouvoir. C’est tout simplement une analyse forcée car les contextes, les circonstances, les situations, tout est différent. Le verdict des urnes était respecté dans le pays. L’autorité du chef de l’Etat qu’il était également. Le problème c’est que Morsi a trop foncé et avec détermination, dans l’abime de l’erreur, sans esprit de critique aucun. De ce fait, son style a fini par être décrié par certaines branches des frères musulmans dont il est issu. Le bateau Egypte qu’il conduisait ramait à contre courant de certains principes de ce groupe religieux. L’Egypte est tout de même un pays musulman à plus de 90 % au moins. Le problème est que dans ses réformes aux relents autoritaires, il a poussé le bouchon trop loin. Sans vouloir trop tirer sur lui, reconnaissons qu’il a fait preuve de cécité politique en se mettant à dos l’opposition politique, certains de ses alliés et suscitant la crainte d’une répétition de l’histoire dans les pays occidentaux. La fin de l’Histoire devrait-on dire ? Francis Fukuyama rirait certainement d’une certaine « mésinterprétation » de son titre choc. Qu’à cela ne tienne, n’ayons pas peur des mots l’Egypte est l’une des meilleures démocraties que je connaisse et qui fonctionne ainsi, si on retient la définition d’Abraham Lincoln selon laquelle la démocratie est le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »

René Massiga Diouf  Journaliste Rts



2 Commentaires

  1. Auteur

    Questions

    En Juillet, 2013 (10:07 AM)
    "Le problème c’est que Morsi a trop foncé et avec détermination, dans l’abime de l’erreur, sans esprit de critique aucun. "

    Quelles sont les erreurs de Morsi?



    "L’armée n’a pas descendu, quoiqu’on dise, le président Morsi. Elle a constitué un canal crédible pour lui faire entendre les signaux émis par la majorité des égyptiens."

    Etes vous sur que c'est le peuple dans sa majorité qui voulait la destitution de Morsi?

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  2. Auteur

    Africain2

    En Juillet, 2013 (10:55 AM)
    Quelques faits sur l' Egypte :

    - Une économie sous perfusion à coup de millions de dollars de l'empire americano-sioniste

    - Moubarak- L' armée égyptienne -les frères musulmans une trinité sous contrôle Protestanto-sioniste

    - Egypte ( classe dirigeante) allié historique, stratégique et sous traitant de l' empire

    - Le choix de la population n' a jamais été pris en compte et respecté.

    - Egypte valet de l ' entité sioniste les frères musulmans avec.



    Toute souveraineté commence par une totale indépendance monétaire et économique. la main qui donne est à une certaine hauteur par rapport à la main qui reçoit, donc qui te nourrit décide de ta vie, aussi simple. En tre temps les égyptiens s ' entretuent et à qui profite le crime?????????, comme le dit le gouverneur de dieu sur terre BHL: " C'est bon pour nous, c'est bon pour Israel". et je finirais par la fameuse expression de Valls le sayan catalan naturalisé fransaoui début des années 80:" qu'a même". L' entité nazi et ses sayanim sont derrière tout ce cinéma c'est aussi simple que OUI-OUI.
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