Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Contribution

Non à l’éducation sexuelle!

Single Post
Non à l’éducation sexuelle!

L’aveu est la reine des preuves. En disant à la face des sénégalais, dans une interview sur les ondes d’une radio sénégalaise, que sa volonté est de faire introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles, Human Rights Watch (HRW) conforte tous ceux qui doutaient de la pertinence et de l’opportunité de son récent rapport intitulé : « Ce n’est pas normal, Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal », publié le 18 octobre 2018. Les autorités du Ministère de l’Education Nationale qui avaient tôt fait d’alerter l’opinion publique nationale sur les véritables motivations des activistes de HRW, n’en seront que remerciées.

En effet, le contenu de ce rapport qui a fini de soulever la polémique, nous amène à nous poser des questions sur les réelles motivations de ses auteurs, au-delà de ce qu’ils veulent nous dire à travers les résultats obtenus. Sans nous attarder sur le titre assez alarmiste, le constat est que, dès le départ, le rapport tranche. Il parle d’une « exploitation sexuelle généralisée dans les écoles » et jette le discrédit, d’une part, sur le corps enseignant et, d’autre part, sur le gouvernement et son incapacité à apporter une réponse efficace à la question : « Le gouvernement s’est avéré inutilement lent à adopter un programme national exhaustif de santé sexuelle et reproductive. Au moment de la rédaction de ce rapport, il était réticent à inclure des contenus sur la sexualité dans les programmes d’enseignement en raison des préoccupations selon lesquelles l’enseignement de la sexualité contredirait les valeurs culturelles et morales du Sénégal, ainsi que du fait des pressions exercées par les groupes religieux. » (p.5) Ce qui renseigne clairement sur la volonté d’introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles.

La démarche heuristique de ce rapport est basée sur des recherches menées en juillet, août, octobre, novembre 2017 et juillet 2018 dans 4 régions sur les 14 que compte le Sénégal (Dakar, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor). Il s’agit essentiellement de 42 entretiens individuels auprès de 27 filles et 15 jeunes femmes, dans 22 établissements dont 14 collèges et 8 lycées, de discussions de groupe avec 122 élèves du secondaire qui sont réparties dans 4 écoles publiques, de 11 entretiens avec des enseignants et des activistes, et avec 4 membres de familles ou tuteurs légaux de victimes. Dès lors, nous pouvons valablement nous interroger sur la rigueur scientifique de cette recherche et, par ricochet, sur la fiabilité des résultats. Ces chiffres nous permettent de noter la faiblesse de l’échantillon qui pose problème. Hormis le caractère intentionnel du choix, la faible représentativité ne permet pas de procéder à une généralisation empirique à l’échelle du pays.

Concernant les critères de choix des localités ciblées (Dakar, Bignona, Ziguinchor, Mpack, Sédhiou, Ndorna, Medina Yoro Foulah, Vélingara), selon HRW ces zones ont été choisies « parce qu’elles présentent les taux de grossesse chez les adolescentes les plus élevés du pays, ainsi que des taux élevés de mariage d’enfant et un faible taux de maintien dans l’enseignement secondaire ». Dès lors, il justifie le faible taux de maintien des filles à l’école dans ces localités par « la crainte que les filles soient exposées au harcèlement sexuel et à la violence sexiste à l’école ». (p.28) Or, en l’absence d’une analyse causale adéquate sur les grossesses et les mariages précoces chez les jeunes filles et sur leur maintien à l’école, il n’est pas possible d’aboutir à de telles conclusions univoques. Ces zones ciblées ont leurs spécificités sociologiques et culturelles. Dès lors, une meilleure compréhension des cultures et des réalités locales s’avère nécessaire pour l’appréhension des phénomènes précités.

Globalement, les conclusions du rapport semblent prédéterminées et dictées plus par un but idéologique que par les faits. La situation décrite n’est pas représentative de la réalité globale des collèges et du comportement des enseignants en général. Aussi, la coïncidence est trop troublante entre la publication de ce rapport qui accable les enseignants comme étant des « prédateurs sexuels » et le débat sur l'introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes des écoles primaires devenu récurrent dans plusieurs pays d’Afrique et du Monde.

De ce rapport, on ne peut qu’avoir mal pour ces vaillants enseignants, soldats du savoir, qui nous ont enseigné à tous et qui continuent de le faire avec nos enfants du primaire à l’université. Ils méritent autre chose de la Nation qu’un ramassis de témoignages présentés comme une étude scientifique pour les taxer de harceleurs, violeurs et « engrosseurs » de filles dans une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux pour choquer l’opinion publique nationale et internationale. La méthode est connue de certaines organisations. Quand bien même, elle s’avère une démarche portant atteinte à l’honorabilité des éducateurs que sont nos enseignants dans leur écrasante majorité.

Stigmatiser les enseignants, alors que nous savons tous que des brebis galeuses existent dans tous les corps de métiers et dans toutes les couches sociales, n’est pas digne d’une organisation sérieuse voulant alerter sur un problème sociétal jusque-là pris en charge et traité par la Justice et les différentes institutions. Avec de tels manquements notés dans le rapport, on ne saurait jeter l’opprobre sur le corps enseignant et indexer tout le système scolaire du pays, avec le dessein inavoué d’introduire ses orientations dans les programmes scolaires. Quand on se fixe comme objectif d’analyser un fait en vue de produire des recommandations qui vont servir de base à des actions de plaidoyer visant à influencer la politique d’un pays dans un domaine ou un autre, la moindre des choses est de respecter l’exigence de rigueur scientifique. Vue son importance, cette question ne saurait faire l’objet d’une telle légèreté dans son appréhension.

Il est vrai que l'Etat doit renforcer les moyens de répression contre tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques criminelles partout et dans toutes les sphères privées et publiques avec tout l’arsenal juridique, les mesures administratives et l’information qu’il faut mais il lui incombe également de protéger l’innocence de l’enfance. Une innocence incompatible avec des cours d’éducation sexuelle dès l’école primaire. Dans nos curricula, existent des cours sur l’anatomie, la santé reproductive et autres, dispensés au secondaire et, de fort belle manière, par les enseignants d’économie familiale. On s’entend bien là-dessus qu’ils n’ont jamais été contestés et recueillent l’assentiment des parents. Dans nos normes et valeurs, nos coutumes et croyances, encore ancrées en la plupart d’entre nous, l’éducation initiale est du ressort de personnes bien connues dans nos sphères privées et familiales. Nos sociétés n’ont pas attendues HRW ou l’école pour éduquer nos enfants sur certaines questions comme la sexualité.

Nous vivons dans un monde globalisé. Notre planète est devenue un « village global » où le destin de l’humanité semble être, de plus en plus, régi par le principe de la globalisation. Dans ce contexte, nous assistons à une accélération des mutations sociales exacerbées par le choc des cultures et des civilisations. L’Afrique n’échappe pas à cette dynamique. Notre continent, entré de plein pied dans cette mouvance, fait face à de nouveaux défis qui questionnent notre capacité à nous adapter aux changements qu’entraine, dans son sillage, la globalisation et à apporter des réponses efficaces face aux enjeux de ce monde en perpétuel mutation.

Dans ce monde en rapide évolution, que deviendront ceux qui ne feront pas preuve d’une grande réactivité face à ces profondes mutations ? Quand nous laissons certaines questions importantes entre les mains d’autres jusqu’au point où nous ne disposons plus de liberté pour infléchir les choses, nous devrons tôt ou tard prendre des décisions sous contrainte car nous n’aurons plus le choix. Le seul moyen d’échapper à une telle situation est de réfléchir sur le type de société que nous voulons construire et de prendre conscience des mutations afin d’anticiper sur les réponses à y apporter avant que celles-ci ne s’imposent à nous de manière contraignante. A nous de décider si nous devons subir le changement, l’attendre pour réagir ou nous y préparer en anticipant ou en le provoquant. Aujourd’hui, il revient à l’Etat du Sénégal de mener une étude sérieuse sur cette question à travers la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, sociologues, pédopsychiatre, juristes etc. Le besoin de financement ne doit pas nous faire accepter tout et n’importe quoi et piétiner au sol les valeurs qui ont fondé notre société !

 

Viviane Solange MBENGUE,

Sociologue

&

Moussa DIAW

Gestionnaire d’entreprise



10 Commentaires

  1. Auteur

    Anonym

    En Novembre, 2018 (20:47 PM)
    Super analyse, merci  :brawoo: 
  2. Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (20:50 PM)
    le sexe ne s'apprend pas ,on le vit.Eduquer les enfants ,c'est tout..Education sexuelle ne vise qu'a encourager la prostitution de luxe dans les ecoles,et qui entrainerait inevitablement des grossesses non desirees..
    {comment_ads}
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (21:19 PM)
    Bravo Madame! On en redemande. Analyse pertinente, claire, limpide, sobre et bien articulee.
    {comment_ads}
    Auteur

    Volai414

    En Novembre, 2018 (21:58 PM)
    MAIS POURQUOI DONC ?



    Il est bien vrai que notre société a ses propres valeurs qu'il faut préserver. Il n'en demeure pas moins qu'elle a aussi ses travers dont il faut se débarrasser.

    Peut-on être fondamentalement être contre une éducation sexuelle dans notre pays ? Peut-être que le simple fait de poser la question va me valoir une salve d'insultes ou de noms d'oiseaux mais je veux bien prendre le risque. Je suis à l'aube de mes soixante ans et j'ai eu tout le loisirs d'observer la société sénégalaise, de près et de loin.

    La première étape, me semble-t-il, est d'être au clair avec la nécessité ou pas d'une éducation sexuelle pour un individu. Si je devais faire le bilan de ce que j'ai vu en termes de grossesses non désirées, je dirais qu'il y a nécessité. Ce qui me préoccupe le plus n'est décidément pas ce que j'ai vu et vécu mais plutôt ce que je ne verrai pas et que je n'ai nullement envie de voir. Le Sénégal compte aujourd'hui près de 16 millions d'individus et personne d'honnête ne peut nier qu'il est extrêmement difficile de subvenir aux besoins de tout ce monde. L'espace et les ressources ne sont pas suffisants pour que tout sénégalais puisse s'épanouir chez lui et c'est pourtant un droit légitime. Il est facile de vérifier la courbe démographique de notre pays depuis 1960. En l'état, si nous ne faisons rien, la population atteindra 33 millions en 2038 c'est-à-dire demain. Comment feront donc les sénégalais qui vivront cette époque à venir ? Iront-ils à Barsakh parce que Barça ne voudra pas d'eux ?

    Il me semble difficile de dire non à l'idée d'une éducation pour des lendemains meilleurs.

    La deuxième étape, pour moi, est le choix du lieu et des acteurs de cette éducation sexuelle. Si je ne veux pas être menteur, je serais dans l'obligation de reconnaître que l'école républicaine n'est pas le lieu le plus sécurisé pour une entreprise pareille. Faut-il sécuriser cette institution avant de lui confier la mission ? Faut-il d'autres alternatives (familles, écoles religieuses, référents…) ? Je serai preneur de toute proposition de bon sens. Essayons simplement de ne pas actionner le frein qui veut assimiler éducation sexuelle avec libertinage et perversion.

    Nous n'avons besoin d'aucune étude scientifique pour voir que la sexualité, notamment de nos jeunes, est à éduquer et cela ne date pas d'aujourd'hui. Des plus vieux que moi peuvent en témoigner. La religion n'est pas non plus en contradiction avec une éducation sexuelle et prône même la maîtrise des pulsions sexuelles.

    J'espère n'avoir choqué aucune sensibilité. Si tel devait être le cas, sachez que c'est involontaire.
    {comment_ads}
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (22:20 PM)
    Grand merci aux auteurs, excellent document!



    Il faut faire très attention à ces ONG occidentaux. L'objectif cherché dans leur programme d'éducation à la sexualité est de pervertir nos enfants dès le berceau.



    Puisqu'ils ont réussi à pervertir les adultes avec le mariage pour tous partout en occident, c'est au tour des enfants. Rendez-vous dans ces pays dans 10 voir 15 ans vous allez voir les résultats de leur boulot.



    Qu'ALLAH WST nous protège de ces sataniques qui dirigent le monde vers la perversion. Amine
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (07:26 AM)
    il était réticent à inclure des contenus sur la sexualité dans les programmes d’enseignement en raison des préoccupations selon lesquelles l’enseignement de la sexualité contredirait les valeurs culturelles et morales du Sénégal, ainsi que du fait des pressions exercées par les groupes religieux. » (p.5) Ce qui renseigne clairement sur la volonté d’introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles



    AHAHAHAHAHAHA!! J'AI RI JUSQU'A ME TORDRE MEMEME.. NON SENEGALAIS DE FAUX TYPES ET DES HYPOCRITES.. AVEC VOS PUTAINES DE DRIANKES, LES HOMMES QUI COURENT DERRIERE LES MINEURES, ET VOS FILLES TRES PUTES..
    {comment_ads}
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (16:05 PM)
    OK, respect pour cet avis libre. Mais ne faisons comme l'autruche. Les syndicats des enseignants et leur Ministre doivent s'autocritiquer et admettre que les Enseign ants ne sont pas des anges.ils font bcp de dégâts. Ne les couvrer pas. Meme l'eglise admet maintenant l'attitude satanique de certains de leurs serviteurs pédophiles.
    {comment_ads}
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (16:05 PM)
    OK, respect pour cet avis libre. Mais ne faisons comme l'autruche. Les syndicats des enseignants et leur Ministre doivent s'autocritiquer et admettre que les Enseign ants ne sont pas des anges.ils font bcp de dégâts. Ne les couvrer pas. Meme l'eglise admet maintenant l'attitude satanique de certains de leurs serviteurs pédophiles.
    {comment_ads}
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (16:05 PM)
    OK, respect pour cet avis libre. Mais ne faisons comme l'autruche. Les syndicats des enseignants et leur Ministre doivent s'autocritiquer et admettre que les Enseign ants ne sont pas des anges.ils font bcp de dégâts. Ne les couvrer pas. Meme l'eglise admet maintenant l'attitude satanique de certains de leurs serviteurs pédophiles.
    Auteur

    Anonyme

    En Novembre, 2018 (14:14 PM)
    sociologue et bête, ndeysane..
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email