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Pour la mémoire de Joseph Ndiaye

Auteur: ELHADJ SADIOUKA NDAW

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Il y a deux ans, nous quittait notre père et ami Boubacar Joseph Ndiaye, Joe comme on aimait bien l'appeler. Voilà un homme, un patriote, une fierté nationale qui faisait honneur à son pays :quelqu'un qui a tout donné sans rien recevoir. 

Quelqu’un qui n'a jamais tendu la main si ce n’est un doigt pointé vers l'immense océan pour crier à la face du monde qu'une race, meurtrie, déshumanisée par trois siècles d’esclavage peut pardonner mais ne peut oublier autant de souffrances. 

Oui j'ai entendu dénoncer l'indifférence des autorités. Mais de quelles autorités s'agit-il? Ne me parlez pas de ces ingrats qui jusqu'à l'extinction du soleil, de la lune, et des étoiles ne penseront qu'à leur égoïsme, leurs ambitions de bas étages, leurs courses effrénées vers des amas de biens de ce monde si éphémère. 

Tout juste deux ans ! Pa Joe doit rester tou¬jours vivant ne l'oublions jamais : je dis bien jamais. Il a le mérite d'avoir été le gardien du temple, ce sanctuaire, patrimoine mondiale qu'est la maison des esclaves. Restituer la vérité historique était sa raison de vivre, sa voix haletant tonne et résonne encore à travers les cellules, et les murs. Je revois encore sa silhouette déambuler et se faufiler entre les ruelles de l’île mythique qu'il chérssait tant . «Gorée c'est moi», aimait-il dire. 

Pa Joe était et demeure un monument, un symbole, une bibliothèque vivante. Toute sa vie durant, il s'est battu, s'est sacrifié pour que ce qui fut la plus grosse bêtise de l'homme la honte de l'humanité ne soit pas rangé dans les carnets de l'oubli. Il a contraint les plus hautes personnalités du mande à s'agenouiller, pleurer et demander pardon. Comment peut-on oublié un tel homme? Qui peut se vanter d'avoir mieux fait que lui? Son oeuvre est gigantesque, sans commune mesure avec sa modeste personne. Non pas tout le monde n'a pas oublié, les larmes ont certes séchées, mais nous te pleurons encore ;à jamais tu seras une partie de nous dans un coin de notre coeur et prions que te bercent les incantations invo¬catrices du peuple de Baye Laye dans Cambérène la religieuse. 

Les hommes valeureux on ne les enterre pas avec les honneurs et vouloir les oublier une fois le dos tourné. 

Feu Ndiaga Mbaye du fond de sa tombe nous donne encore la leçon : «suul ker dukoo teree feegn». 

ELHADJ SADIOUKA NDAW ENSEIGNANT À RUFISQUE

Auteur: ELHADJ SADIOUKA NDAW
Publié le: Mercredi 09 Février 2011

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