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Contribution

Sommes-nous dans une Démocratie sans démocrates ?

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Moussa DIAW, enseignant-chercheur en science politique, UGB, Saint-Louis.

C’est admis que la démocratie libérale est un régime politique fondé sur des principes tels que la liberté, l’égalité et  la  justice. Les Etats, qui y adhèrent, prônent  une séparation entre les pouvoirs qui exercent les fonctions exécutive, législative et judiciaire. Elle implique la participation des citoyens à la chose publique à travers l’ouverture d’un espace public de confrontation des idées, c’est-à-dire un débat contradictoire. Enfin, elle permet l’alternance des dirigeants à la tête de l’Etat.

Dans ce contexte où la passion démocratique est érigée en règle de conduite, selon le respect mutuel entre les différents acteurs détenteurs de légitimité et intervenant dans un milieu dominé par la médiatisation du politique, des vertus s’imposent à tous afin de maintenir la démocratie dans les pores de la société politique.

Sous ce regard, les hommes politiques pour ne pas dire les professionnels du politique sous-entendant qu’ils assument d’abord des fonctions responsives avant de se lancer en politique au motif d’un engagement citoyen, d’une adhésion à des valeurs ou à une idéologique, susceptibles de modeler leurs comportements dans le sillage d’une moralisation de la vie politique. Ce ferment consolide l’attachement à des principes de base encadrant et  régulant les velléités du néo-patrimonialisme ou d’autres dérives consubstantielles.

Aujourd’hui, les pratiques politiques peu enviables, la grande perturbation ou crise des formations politiques, les retournements de veste ou si l’on veut le vocabulaire tropicalisé, la «transhumance», les invectives personnalisées, entre autres, permettent en effet de s’interroger légitimement sur l’existence de vrais démocrates respectant les règles du jeu qui constituent le soubassement de la démocratie.

Il est évident que l’on ne peut accepter dans une démocratie, a fortiori celle qualifiée de «majeure» une forme de pensée unique ou d’intimidation verbale qui priverait ceux qui ne se reconnaissent pas dans le discours ambiant leur liberté de ton et leur capacité de produire des idées stimulantes, divergentes ou complémentaires dans un souci d’amélioration et d’adaptation à des réalités quelle que soit leur nature. La contradiction apparaît comme une des règles de la démocratie, c’est une valeur cardinale à intégrer dans les attitudes et actions des hommes politiques possédant un minimum de savoir-faire, «un capital politique» pour ne pas demeurer un guignol au service d’un tropisme partisan.

De même, l’inquisition politique tournée vers les adversaires les plus visibles reste intolérable parce que la démocratie exige une majorité responsable et une opposition obligée de jouer son rôle dans la conquête du pouvoir, relativement aux règles préétablies.

Comment s’y prendre pour un changement de qualité ?

A mon avis, il existe une question négligée alors qu’elle est essentielle, c’est celle de l’encadrement de la retraite politique. Elle consiste à régler politiquement  et sans complaisance la peur du «déclassement». Il s’agit d’accompagner vers la porte, avec courtoisie, la vieille garde ou le «microcosme vieillissant» et les courtisans qui empêchent par leur présence ou conseil la modernisation de la vie politique. La retraite en politique existe bien, il suffit d’observer l’évolution de la situation politique en France pour s’en rendre compte ; les exemples les plus récents, Claude Bartolone (président de l’Assemblée nationale) et Jean-Marc Ayrault (ancien Premier ministre, ministre actuel des Affaires étrangères) ont décidé de quitter la vie politique après les élections présidentielles de mai 2017. Faut-il méditer sur les propos de ce dernier : «l’honneur de la politique, ce n’est pas  de s’accrocher tout le temps».

Ensuite, il est impérieux de procéder à une rationalisation des partis politiques. L’idée consiste,  à la fin des  élections législatives, à effectuer une évaluation de leur poids politique et social et de déterminer les modalités de leur financement en fonction de leur représentativité dans l’espace politique, en termes d’élus au niveau local et national. Ainsi, on évitera la prolifération de partis politiques sans aucune consistance élective mais qui tirent parti des mécanismes de coalition devenant un phénomène conjoncturel.

La rupture est nécessaire avec «la politique du ventre  et du spectacle» et faire en sorte que l’activité politique incontournable retrouve ses lettres de noblesse adossées à des convictions et disponibilités à servir ses concitoyens aux fins de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie par des politiques publiques concertées. De ce point de vue, on renoue avec la substance du politique aux côtés des préoccupations des populations, donc par le bas en les impliquant dans les décisions indispensables à la collectivité. Malheureusement, cet aspect semble être oublié dans la fonction politique, ce qui favorise un fossé abyssal entre le pouvoir politique et le citoyen. Sur cette question, les réflexions du philosophe français, Michel Onfray, méritent une exploitation judicieuse si l’on veut «une gouvernance transparente et  vertueuse».

Cela dit, des efforts sont à déployer dans la formation des hommes politiques car, il ne s’agit pas seulement de mobiliser des militants ou de tenir un discours incantatoire, mais c’est une fonction exigeante, en termes de compétences et de compréhension du sens de l’action dans un Etat moderne qui aspire à l’émergence sur la scène économique et diplomatique mondiale. Par conséquent, la politique dans sa conception globale sur le plan théorique et pratique doit être repensée et insérée dans son environnement culturel social de manière à faciliter sa lisibilité et son appropriation par les citoyens au profit du développement et de la démocratie dans tous ses états.

Par Moussa DIAW, enseignant-chercheur en science politique, UGB, Saint-Louis.



20 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (17:55 PM)
    Un pour tous... Tous pourris!!!  :contaan: 
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:02 PM)
    Lislam ay teguine la wante saga kou kham lici yonente bi wakh dingako moytou bou bakh
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:02 PM)
    Boula sa bay yaroute addina dinala ya walla bamél yarla
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:04 PM)
    T o p s t o c k est une application android développée par un sénégalais.

    Elle fait de la gestion de stock, de commandes et de facturation.

    Téléchargez la sur play store , notez, commentez et partagez la. svp

    T o p s t o c k est une fierté sénégalaise
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    Auteur

    Menteur Mouride

    En Février, 2017 (18:14 PM)
    attention les mourides sont des menteurs
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:26 PM)
     :contaan:  :contaan:  :contaan:  :baby-crawl:  :baby-crawl:  :baby-crawl: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:34 PM)
    TON PERE EST LE PIRE DES MENTEURS.................SANS OUBLIER MACKY LE DESPOTE CRAINTIF
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (18:55 PM)
    Pertinente réflexion . Toutefois, la nécessité de " la formation des hommes politiques" doit être un objectif à atteindre à travers la formation de notre jeunesse politique. Nos hommes politiques actuels ne manquent pas de formation, il leur manque surtout la culture citoyenne et étatique. Le Senegal souffre d'une carence d'hommes d'Etat véritables au moment où les hommes politiques foisonnent.
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    Auteur

    Macky Korr Mareme Faye

    En Février, 2017 (19:21 PM)
    Merci M. Diao pour cette excellente contribution which left me mesmerized. Vous avez raison sur toute la ligne. Je postais hier dur seneweb qu'aucun des politiciens Sénégalais ne m'impressionne. Si en effet la politique signifie la gestion des affaires de la cité, faire un need assessment des besoins des populations s'impose avec la participation directe et effectives de ces dernières. Or, nous assistons au Sénégal à des politiciens professionnels qui non seulement ne font de la politique que pour des raisons crypto-personelles, mais également ne vont jamais à la retraite, quitte à devenir des fossiles politiques. Un pays de 14 millions de personnes, a certes des capacités de régénération. Sans oublier le gap, le trou generationel que ces hierarques ne peuvent combler. Le débat politique est vide, personalisé, réduit au téssanté digne de 2 ménagères dans une borne fontaine, khouloo robinet mbedd. Je me dis parfois que c'est parce qu'ils ne croient pas au développement que nos politiques se comportent ainsi.We still have time to do better, corriger les erreurs, learn from our mistakes et travailler ensemble pour un Sénégal émergent et démocratique.
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (19:49 PM)
    En tout cas, jamais un PR n'a été si bien entouré (c'est selon), des politiciens aguerris (dinosaures politiques- Tanor, Niasse, Bathily, Dansokho), des journalistes aux plumes bien trempées (C'est selon- Latif, Jules, Kassé.....), des marabouts dans la poche avec rénovation cités religieuses, un ancien président qui conseille dans l'ombre (Diouf), des vieux de la vieille (Mbao...)...et il tâtonne, doute....trébuche...bref le chienlit total avec un taux de chômage élevé, des agressions partout, une jeunesses désemparée.., des transhumants aux aguets....NON, néxoul ba néxoul WAKH SI MEUNOUL...juste un constat laissez mon constat passer sans rancune, je n'ai jamais fait de la politique et je n'en ferai pas...

    Je m'excuses auprès des militants APR mais le constat est là MEUNOUL
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    Auteur

    Macky Korr Première Djéeke

    En Février, 2017 (20:16 PM)
    L'arbre à palabres était une manière unique de pendre des décisions basée sur une large concertation et un consensus.
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (20:24 PM)
    Les dinosaures politiques se croient-ils investis d'une mission divine pour refuser d'aller à la retraite ?
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    Auteur

    La Force De L'audace

    En Février, 2017 (21:10 PM)
    Nous sommes une et vieille démocratie depuis la nuit des temps .nous avons pu domestiquer le savoir gouverner des oreilles rouges sans ombrage. nous sommes fiers de notre démocratie avec nos vieux, de notre pays et de notre homme d’État, notre homme providentiel Son Excellence Maky Sal président de la République. Les théories "copier coller" d’où elles viennent nous laisse en marbre. Nous regardons vers une seule direction la réussite du PSE. : :sunugaal:  :thumbsup: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (21:41 PM)
    quelques petites unités de partis politiques, des patriotes mandatés par des constituants, des politiques dont le travail est une vertu qui s'appuient sur des hommesd de science et de savoir pour tacler les problèmes qui assaillent le plus le peuple, c'est de cela qu'on a besoin, NON de vociférateurs qui n'ont d'autre souci que de se remplire les poches!
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (22:02 PM)




    t



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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (22:26 PM)
    On ne peut pas parler de démocratie et parler d'accompagner les vieux à la retraite.Vous avez choisi ceux qui ont délibérément choisi de prendre leur "retraite " politique liée peut-être à la situation de leur parti...Giscard est toujours là...
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (23:31 PM)
    Je suis d'accord avec Diaw pour la formation à la politique. J'ai lu récemment une intervention de Tanor qui disait que tout le monde doit s'initier à la politique, surtout le meilleurs, sinon c'est les moins bons qui font la politique et décide pour les meilleurs. Ceci n'est pas bon.
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (06:46 AM)
    T o p s t o c k est une application android développée par un sénégalais.

    Elle fait de la gestion de stock, de commandes et de facturation.

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    T o p s t o c k est une fierté sénégalaise
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (10:04 AM)
    Vos appelez cela une contribution? Moi qui ai eu la patience de la lire jusqu'au bout, je ne trouve pas. Au est vraiment ce Diaw. Il ressemble à un apatride qui se réclame parfois de Mauritanie et parfois du Sénégal si ce n'est de la France...
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    Auteur

    Maudit Niang

    En Février, 2017 (12:59 PM)
    Mais khana Mody Niang a pris sa retraite avec ses contributions ? On ne l'entend plus depuis sa triste contribution dans laquelle il attaquait notre première dame Mareme Faye.
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