Musique et danse : Mara ressuscite son père Alla Seck

Fils de Alla Seck, défunt compagnon de Youssou Ndour et célèbre danseur du « Super étoile », Mourtalla Seck s’est jeté dans la mare. Il s’est lancé dans la musique et a préparé un album de six titres, dans lequel un single est extrait. Il a mis en place son propre orchestre dénommé « Groupe Seck Alla »’, une manière de ressusciter son père, disparu, il y a près de 30 ans. Il a rendu visite à Seneweb. Entretien

Pouvez-vous vous présenter au public?

Je m’appelle Mara Seck. Mais mon vrai nom est Mourtalla Seck. Mara est donc mon surnom, puisque je porte le nom d’un grand homme religieux de ce pays.

Vous paraissez jeune. Depuis quand vous consacrez-vous à la musique?

J’aurai 30 ans cette année. Je suis né dans l’art. La musique, je l’ai connue depuis ma naissance. Cela s’explique d’une part, par le fait que du côté maternel, j’ai des parents griots. J’ai vu le jour à la Médina, dans la maison de Baye Mbor Faye, le fils ainé du vieux Sing Sing. Le vieux Baye Mbor Faye est mon grand-père. Je puis dire donc que je suis né dans un environnement où sont omniprésents les tam-tams et les tambours. J’ai grandi dans cet environnement où mon oncle s’activait dans la musique. Du côté de ma mère, j’ai hérité de son amour pour l’art, pour mon père, idem. Petit-fils du Vieux Sing-Sing Faye, j’ai préféré épouser la musique. Je m’y suis investi à fond et y ai contribué fortement. Dans la plupart des clips, tournés dans les années 80/90, vous m’y verrez. J’étais alors un mineur âgé d’entre 7, 8 ou 10 ans. Pour preuve, j’ai participé au premier clip de Fatou Guewel Diouf. Il s’agit du morceau “Serigne Modou Kara”, où elle rendait hommage à Cheikh Ibra Fall. J’ai été dans ses clips comme danseur. Il y en a plein d’autres. Et j’ai participé à plusieurs prestations d’artistes musiciens, aussi bien au niveau national qu’international.

Pourquoi avoir choisi la musique à la place de la danse pour suivre les pas de votre défunt père Alla Seck?

En réalité, je n’ai pas laissé la danse. Si vous suivez mes prestations, vous verrez que je fais en même temps de la chorégraphie, du spectacle sur scène avec d’autres danseurs. Donc, je prépare des chorégraphes de sorte que quand je me produis sur scène, je danse en même temps que les danseurs. Pour moi, un artiste doit être polyvalent, capable de faire plusieurs choses en même temps, sur scène. C’est le cas, avec les grandes stars de la musique au monde comme Michael Jackson et autres. Ils chantaient et dansaient simultanément. Sur scène, moi aussi je chante et danse. Mon défunt père faisait cela très bien, moi aussi je le fais. La preuve, toutes les vidéos que j’ai eu à faire, c’est les danseurs et moi-même qui avons monté la chorégraphie. Vous pouvez le voir sur le single intitulé “Ambiance club” que j’ai sorti.

Pour la production de votre single, vous avez fait appel à d’autres musiciens ou bien vous avez formé votre groupe?

J’ai formé un groupe. Il s’appelle “Groupe Seck Alla”, du nom de mon père afin que les gens le gardent encore dans leurs mémoires. Le groupe est au Sénégal. Et sous peu, nous allons organiser un grand évènement pour fêter mes 30 ans. Ce sera l’occasion de présenter le single et le Groupe Seck Alla. Ce sera l’occasion de présenter aux gens ce qu’on a réalisé. Il y a plein de choses que j’avais déjà réalisées, mais j’avais préféré le garder au placard. Par exemple, “Ambiance club” est un album que j’ai réalisé. J’ai juste choisi un morceau éponyme pour en faire un clip. Celui-ci n’est pas mon premier clip. J’en avais fait un il y a 3 ans. À l’époque, je faisais la navette entre l’étranger et le Sénégal. Aujourd’hui, je suis de retour au bercail. Je me suis installé au Sénégal, parce que mon père a fait plein de choses que les Sénégalais ne doivent pas oublier. Je ne suis pas le seul enfant de Alla Seck. Il en a d’autres, ici, au pays. Je suis celui qui a choisi de suivre ses pas, dans la musique. Il y a plein d’artistes qui, aujourd’hui, continuent d’utiliser ses œuvres musicales, je me suis dit pourquoi donc ne pas prendre les rênes et continuer ce qu’il avait commencé. C’est en gros, ce qui m’a le plus poussé à cette aventure. Je suis également percussionniste. Je suis un batteur de tam-tam, un danseur, un chanteur. En résumé, je suis un polyvalent.

J’ai produit un single et je veux que les Sénégalais découvrent qui est Mara Seck. Qu’ils sachent que Alla Seck a un enfant qui suit ses traces. Ce single est un morceau très animé. Il répond à son nom : “Ambiance club”. Dans le clip, j’annonce l’arrivée du fils de Alla Seck pour que nul n’ignore que le défunt compagnon de Youssou Ndour est toujours sur scène. C’est pourquoi j’y dis que “le fils de son père est arrivé”. J’y chante aussi, le plus souvent, des thèmes qui portent sur l’ambiance au marché, dans la rue ou dans les lieux publics, des endroits où j’ai été lors du tournage du clip. Cela pour retrouver l’ambiance dans laquelle vivent les Sénégalais. Je veux obliger les Sénégalais à bouger un peu. D’où le choix du nom “ambiance club”. Le clip est fin prêt. Il sera lancé en début d’année, probablement vers le 4 janvier 2016.

Votre père était un des piliers du “Super Etoile” de Youssou Ndour. Quels sont vos liens avec cet orchestre et les membres qui le composent aujourd’hui?

Les gens du “Super Etoile” sont tous des pères pour moi. Mbaye Dièye Faye est un parent proche. Il est lié à moi par le sang, aussi bien du côté maternel que du côté paternel. Il est aussi un ami. On a été à plusieurs reprises dans des tournées en Europe et dans la sous-région. Je les (les membres du Super étoile) rencontre tous le plus souvent. Djimmy Mbaye est un père pour moi. On se voit régulièrement. Il m’arrive d’aller lui rendre visite chez lui. Occasion qu’il sait saisir le plus souvent pour me donner des conseils. Idem pour Pape Omar Ngom. Quant à Assane Thiam, son fils, et moi sommes des amis. Dans le single et dans les morceaux à venir, vous vous rendrez compte que Yatma Thiam, son fils, y a joué. Ce dernier et moi, sommes amis et avons tout fait ensemble. Youssou Ndour, lui, il est un père pour moi. Il était très lié à mon père. Ces deux hommes ont beaucoup fait ensemble dans la musique. Aujourd’hui, tous les artistes essayent de copier sur le modèle de Youssou Ndour. C’est grâce à eux que nous aimons aujourd’hui la musique. C’est eux qui nous ont filé le virus de la musique. Au vu de ce qu’ils ont fait et de l’héritage culturel qu’a laissé mon père, au Sénégal, je me suis dit qu’il fallait que je me lance dans la musique pour honorer sa mémoire. Je voudrais d’ailleurs organiser l’hommage d’Alla Seck en 2017, inchallah. Ce sera à l’occasion du trentième anniversaire de son décès. J’invite donc mes pères comme Youssou Ndour et cie à venir m’y prêter main-forte.

Vous lancez un appel au soutien aux membres de Super Étoile 

Non. Je voudrais juste préciser que j’ai produit ce single pour faire connaitre Mara Seck au public. Parce qu’il y a des préalables à tout soutien. Une personne doit poser des actes dans n’importe quelle entreprise avant de prétendre à un quelconque soutien. C’est cela qui m’a poussé à sortir ce single pour faire comprendre aux gens que Mara Seck est là. Je ne saurais me jeter des fleurs, je vais donc laisser, aux Sénégalais, le soin de me juger et d’apprécier mes productions musicales. Cela revient à dire que j’ai choisi de lancer ce single. Il n’est donc pas question de dire que tel ou tel m’a soutenu ou non.

Vous parlez d’album et de single. Pouvez-nous nous expliquer un peu?

J’ai sorti un morceau pour l’instant. Il a un clip. Mais en 2012, j’avais produit un clip aussi que j’avais appelé “Hommage à Alla Seck”. Mais à l’époque, j’étais trop mobile. Je bougeais beaucoup. Aujourd’hui, je me suis installé “carrément »’. Ce single est tiré d’un album de six (6) titres. Dans cet album, j’y chante l’ambiance, pour pousser les gens à bouger, à danser pour chasser le stress. Il y a aussi des chansons consacrées à la femme. Dans l’album j’en ai profité pour rendre aussi hommage à Serigne Touba, parce que mon père était un grand mouride. C’est dire en gros qu’il y a plein de sonorités et de choses que réserve l’album.  

Vous vous êtes ‘carrément’ installé au Sénégal, comme vous dites. Quels sont vos projets?

Au fait, comme je viens de mettre sur pied un groupe, nous avons l’ambition d’organiser dans les prochains jours un grand spectacle. Cela, selon nos projections, va se tenir ici à Dakar, dans un endroit très fréquenté par les artistes. Je fêterai sur ces lieux, l’anniversaire de mes 30 ans. Ce sera l’occasion de présenter, dans le cadre de la 1ere édition, qui est Mara Seck, ce fils de Alla Seck, mais aussi de rendre publique notre volonté d’organiser un grand hommage à Alla Seck.