L'excision, punie par la justice, est toujours pratiquée à Kolda. Nous avons cherché à comprendre la cause de cette violation délibérée de la loi.
Malgré l'adoption de la loi interdisant la pratique des Mutilations génitales féminines (Mgf), considérées comme une grave atteinte à l'intégrité physique des jeunes filles, et malgré les campagnes de sensibilisation, la pratique de l'excision dans la région de Sédhiou défie toujours le temps et la loi. Selon une enquête démographique du ministère de la Santé, son taux de prévalence pour les filles âgées de 15 à 49 ans est de 86%.
Alors que 14% des filles de moins de 15 ans sont victimes de cette pratique, l'excision des filles de 14 à 19 ans a diminué de 21% en 2017. Conscients du danger médical qui guette cette tranche d'âge, des organisations pour la défense de l'enfant et la promotion de la femme s'investissent dans la sensibilisation pour l'abandon définitif de l'excision dans les pratiques culturelles.
La racine du mal
Les causes de la persistance de la pratique de l'excision sont nombreuses et variées. Au cours d'un atelier organisé par "Génération filles", une organisation présidée par Fatoumata Tamba, le musicien Abdoulaye Dandan Diédhiou a rappelé la mentalité des défenseurs de la tradition : "Une femme non excisée, est souillure. Et cette impureté fait qu'elle ne mérite même pas de préparer le repas pour son mari."
Une telle mentalité, défendue généralement dans certains milieux maraboutiques qui sont légion dans la région, a fini de sédimenter la pratique culturelle dans la tête même des nouvelles générations. Le musicien, acteur culturel, lors de son pèlerinage à La Mecque, a voulu en savoir plus auprès des grands érudits de l'Islam. Il rapporte : "Je me suis rendu compte que cet argumentaire religieux ne tenait pas la route car les arabes musulmans ne pratiquent pas l'excision."
L'autre raison qui maintient encore la pratique dans la région, explique toujours Dandan Diédhiou, c'est que l'excision est une affaire de femmes : "Une femme peut exciser toutes ses filles sans que le mari ne s'en rende compte."
Mariama Mané, présidente départementale des "Badianu Goh", est d'avis que non seulement la sensibilisation n'est pas déconcentrée dans les zones les plus reculées mais elle ne s'appuie pas sur des images convaincantes qui puissent faire reculer les pratiquantes.
La quatrième cause, pas des moindres, est relative à l'insertion des exciseuses dans la vie active. Lors d'une déclaration d'abandon de l'excision à Sédhiou, la porte-parole des exciseuses avait bien dit, et en public, que si on ne leur trouvait pas des emplois de substitution et de subsistance, elles continueraient à exercer leurs vieux métiers. Aujourd'hui, devant l'interdiction de la pratique, elles ont trouvé de nouvelles stratégies.
En effet, certaines d'entre elles excisent au berceau, d'autres voyagent au niveau des pays limitrophes, comme la Gambie, le Mali ou les deux Guinée (Bissau et Conakry) pour exciser les filles et revenir comme si de rien n'était une fois que les plaies cicatrisées. Pour d'autres, la principale difficulté dans le processus d'abandon de la pratique de l'excision est la non-application de sanctions sévères. Il est aussi reproché aux autorités de ne pas faire assez de sensibilisation et aux populations toujours témoins de ces pratiques, de ne jamais dénoncer les exciseuses.
Conséquences sanitaires et scolaires
Selon certains spécialistes de la santé interrogés, le risque de césarienne est en moyenne de 30% supérieur pour les femmes qui ont subi une mutilation génitale, par rapport à celles qui n'en ont pas subi. Les mutilations génitales font courir un risque important au bébé, lors de l'accouchement. Les enfants dont les mères sont excisées ont plus souvent besoin d'être réanimés. Le taux est de 60% plus élevé que chez les enfants dont les mères n'ont pas subi une mutilation.
Au plan éducatif, Khardiata Mbengue, la présidente régionale du bureau de la scolarisation des filles, a soutenu qu'une fille excisée s'inhibe plus facilement en classe qu'une autre non excisée du seul fait de son manque et cela élève annuellement le taux de redoublement et d'abandon scolaire. Et c'est pourquoi, dit-elle, en tant qu'enseignante "craie en mains", de telles initiatives salvatrices pour le système éducatif, la réjouissent.
Dans les multiples tentatives d'éradiquer le mal dans la région, de nombreuses initiatives sont prises même si elles ne prospèrent pas toujours. Mais avec la plateforme de communication dénommée "Génération Filles", l'espoir est permis selon Khardiatou Mbengue qui pense qu'un tel plaidoyer peut susciter d'heureuses attentes.
En effet, cette nouvelle structure, qui vient de s'ajouter à la longue liste d'acteurs qui œuvrent pour l'abandon de l'excision, entend sensibiliser et conscientiser les jeunes filles jusqu'aux coins les plus reculés, des dangers des mutilations génitales et de toutes autres violences faites aux filles. Sa présidente, Fatoumata Tamba s'est engagée à investir toutes les poches de résistance pour semer la graine de la concertation, du dialogue autour de la pratique dans les communautés. Pour cela, elle bénéficie du soutien des autorités administratives qui ont présidé son atelier, de l'action éducative en milieu ouvert (Aemo), du bureau de la scolarisation des filles (Scofi) et des collectivités locales.
"Je m'engage pour l'abandon de l'excision…"
Auparavant, le comité de pilotage pour l'exécution du Plan d'action pour l'abandon de l'excision, mis en place par l'Association des parlementaires européens de l'Afrique a aussi sillonné la région pour convaincre les autorités administratives, religieuses et politiques à s'impliquer dans la lutte contre l'excision.
"Dans les poches de résistance religieuses, nous avons pu recueillir des témoignages poignants de chefs religieux convaincus de la nécessité d'abandonner l'excision", avait souligné en son temps Oumar Ndoye, coordonnateur du comité de pilotage.
À côté, les membres du réseau national des jeunes leaders, au cours d'une marche organisée à cet effet, avaient dénoncé toute sorte de violence faite aux filles, notamment l'excision et les mariages d'enfants. Sur les teeshirts qu'ils portaient, on pouvait lire : "Moi jeune, je m'engage pour l'abandon de l'excision et des mariages d'enfants".
"Ce message, nous le porterons devant la cible la plus réticente, pour que la population soit assez sensibilisée des conséquences sanitaires de ces pratiques dégradantes", avait déclaré Malang Sao, le président du réseau.
Pour accompagner, soutenir et encourager ces initiatives, le préfet Ibrahima Fall a rappelé les dispositions de la loi qui répriment aussi bien l'exciseuse et ceux qui amènent les filles chez elle.
1 – Sédhiou : L'excision défie le temps et la loi
2 – Sédhiou : L'excision défie le temps et la loi
10 Commentaires
Anonyme
En Février, 2018 (17:47 PM)Laissez les diob à leur place.
Nîit
En Février, 2018 (17:51 PM)L'Afrique est le berceau de l'ignorance et de ma cruauté.
Tout court.
Anonyme
En Février, 2018 (17:54 PM)Une mesure scélérate. Bou done bayame dou ko déf
Anonyme
En Février, 2018 (18:09 PM)Anonyme
En Février, 2018 (18:20 PM)BA SEMIROUN SOUROUA,MBA CATI FO CARANTABA......
Niit
En Février, 2018 (18:34 PM)Cerveau de singe. N*1 ton raisonnement démontre que tu as un quotient intellectuel en dessous d'un éléphant.
Votre negre
Niit
En Février, 2018 (18:36 PM)Ancore plus cette pratiqie ne se fait chez nos frères Wolofs.
Anonyme
En Février, 2018 (21:19 PM)Anonyme
En Février, 2018 (21:50 PM)Amilcar
En Février, 2018 (21:57 PM)Participer à la Discussion