Calcul de l’indice de développement humain : Le gouvernement souligne les quatre fautes du Pnud

 Non content de la position qu’il occupe dans le dernier classement du Pnud sur l’Indice de développement humain, le Sénégal a profité du lancement de ce rapport hier à Dakar pour décrier les critères mis en avant par l’organisation onusienne pour établir ce classement des pays.

Le Sénégal n’est pas du tout satisfait du rang peu honorable qu’il occupe dans le dernier classement du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Comme nous l’indiquons dans notre édition d’hier, notre pays se positionne à la 144e place sur 169. Un rang qui n’est pas du tout au goût des autorités du pays. Qui n’ont pas manqué de le signifier aux Nations unies hier à l’occasion du lancement de ce rapport dans la capitale sénégalaise. En effet, Oumar Sylla, Secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, qui représentait Abdoulaye Diop à cette cérémonie pense que si on prend en compte les aspects qualitatifs du développement humain, le Sénégal devrait être en meilleure position. ‘Nous avons eu à formuler un certain nombre de réserves sur la manière dont l’indice est calculé. Le président Abdoulaye Wade a eu à demander à ce qu’un groupe de travail puisse travailler sur le calcul de l’indice de manière à mieux accepter les efforts fournis par notre gouvernement en matière de développement. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que l’indice devrait être amélioré dans son calcul pour prendre en compte les aspects qualitatifs’, a déclaré Oumar Sylla lors de la présentation du rapport. Pour ce dernier, nonobstant l’envergure qu’il a prise, l’Indice de développement humain (Idh) comporte beaucoup de lacunes qui conduisent à relativiser sa capacité à réellement mesurer le développement humain des pays et de les classer. Ces réticences dans la manière de calculer l’indice, Sylla en retient quatre. D’abord, estime-t-il, les variables retenues, à savoir l’éducation, la santé et le revenu, sont interdépendants et quelque peu redondants car les paramètres liés à l’espérance de vie et à l’éducation sont tributaires du revenu. Ensuite, Sylla estime que les variables ne prennent pas en compte les changements à court terme.

En effet, explique-t-il, ‘le développement est un phénomène qui s’inscrit dans la durée et les progrès effectuées sont difficilement perceptibles sur une base annuelle. D’où la question de l’opportunité même et de la pertinence de produire annuellement cet indicateur qui est stable sur le court terme’. Poursuivant son argumentaire, le secrétaire général du ministère des Finances note que certains indicateurs ne recoupent pas les mêmes réalités d’un pays à un autre. ‘Au Sénégal, par exemple, beaucoup de personnes alphabétisées en langue arabe sont, du point de vue des statistiques officielles, comptées parmi les analphabètes’, signale-t-il. Pis, Oumar Sylla pense que la méthode de pondération adoptée dans l’instrument semble simpliste. ‘Le calcul de l’Idh fait effectivement intervenir trois indicateurs auxquels il est accordé la même pondération, à savoir le 1/3. Ce choix est particulièrement arbitraire car les trois facteurs n’ont certainement pas le même poids dans le développement humain’, peste-t-il tout en se désolant qu’on voit dans le classement des pays qui sont mieux classés que le Sénégal mais qui, en termes de libertés individuelles, de libertés politiques, d’environnement des affaires et d’environnement physique, sont très loin derrière le Sénégal.

Comprenant la réaction du Sénégal qui, selon lui, a eu un taux de progression de l’Idh de 41 % entre 1980 à 2010, Babacar Cissé, directeur adjoint du Bureau régional du Pnud pour l’Afrique, invite le pays à ne pas trop s’attarder sur le rang et à œuvrer à la consolidation des politiques mises en œuvre dans le pays et à investir davantage de ressources dans des secteurs-clés comme celui de l’éducation et la santé pour améliorer le niveau de vie des