Vendredi 19 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Economie

Délestages et activité économique : Comment la Senelec tue les Pme

Single Post
Délestages et activité économique : Comment la Senelec tue les Pme
A l’instar de la ville de Dakar et de sa grande banlieue, les micro-entreprises de l’économie informelle de la ville de Rufisque font les frais des lancinants délestages de courant. Comment les vivent-elles ? Comment résistent-elles ?

En cette matinée de jeudi 09 décembre 2010, le quartier que les Rufisquois appellent ‘ville’ ou marché est, comme d’habitude, animé, grouillant de monde, plein de vacarme. On y faufile entre les taxis ‘clandos’, les véhicules hippomobiles - un des symboles de l’antique cité et qui lui confèrent en même temps son charme suranné - et les agaçants pousse-pousse. Le tout sur fond de coups de klaxon toujours rageurs et stridents. Il ne manque pour l’instant, pour qui est un habitué des lieux, que le ronronnement lancinant des groupes électrogènes qui font partie maintenant du décor. Et pour cause.

Depuis une quinzaine de jours, ce département de la région de Dakar, à l’instar de toute la banlieue, est soumis à des délestages récurrents. Ainsi, dans le cœur battant de la principale place commerçante de la ville, les Petites et moyennes entreprises, les unités individuelles ainsi que les activités informelles, constituant le tissu économique, tournent au ralenti. Sur une dizaine d’heures de travail dans la journée, il n’y a que deux heures de fourniture en courant continu, en moyenne. Autant dire que le moral est en berne. ‘Depuis plus de deux semaines, on ne travaille plus. Par exemple, il y avait, hier, une grande affluence de clients ici, mais on n’a pas travaillé. Donc les clients étaient obligés d’aller déposer leurs travaux à Dakar ou dans d’autres laboratoires qui disposent de groupes électrogènes. Pendant toute la journée, on était là à se tourner les pouces. Vous pouvez d’ailleurs constater qu’aucun client n’est encore venu de peur de perdre du temps ici’, témoigne M. Ndiaye, propriétaire d’un laboratoire de photo sur la rue Ousmane Socé Diop. Preuve d’ailleurs que les doléances du laborantin ne sont pas simplement que circonstancielles, l’électricité nous fausse compagnie en plein entretien.

Trois journées pour confectionner maintenant une robe !

La situation est si préoccupante chez les couturiers qu’elle alimente toutes les conversations. Sur une des nombreuses rues du marché à Keury Souf, nous captons en plein vol les récriminations sur ces sempiternelles coupures de courant, de deux hommes, couturiers de profession. Interrogé, l’un, Abdou Salam, couturier à Guendel, un des vieux quartiers de Rufisque situé au-delà du chemin de fer, crache son venin : ‘D’habitude, nous mettons une journée et demie pour confectionner une robe. Mais à cause des délestages, il nous en faut trois ! A moins que vous ne vous leviez très tôt pour gagner du temps.’

L’arrêt des activités, tel un effet domino, touche tout le secteur de la couture dans ce marché. Une grande mercerie dénommée Rufisque Est, bien achalandée et située sur la rue Ngalam, ne désemplit visiblement pas. Beaucoup d’apprentis tailleurs et autres garçons de course se pressent au comptoir qui à la recherche de fils à coudre, de pelotes de laine, de billets de satin, qui de popeline, etc. A en croire l’un des tenanciers du magasin, leur chiffre d’affaire a drastiquement baissé depuis une bonne dizaine de jours. ’S’il vous arrive de mettre les pieds ici en temps normal, il vous sera impossible de vous frayer un chemin jusqu’au comptoir. Tant les clients affluent de toute part. Vous avez donc une idée du manque à gagner que nous subissons’, dit-il.

A travers les rues de la ville, même décor, même spectacle et même fond sonore : de jeunes hommes, la plupart regroupés aux devantures des ateliers de couture, de menuiserie métallique et autres boutiques multi-services, devisent en attendant, résignés, l’improbable retour de l’électricité, avec en fond sonore, les petits groupes électrogènes qui tournent, qui tournent… Autant dire en attendant Godot.

La sinistrose touche actuellement tout le tissu de l’activité économique informelle mais aussi formelle de Rufisque.

Autre secteur d’activité, autre enjeu. Birane Niang est cuisinier à la pâtisserie Keur Soukeyna sur la rue André Armand à quelques mètres de l’hôtel de ville. Hormis les sporadiques va-et-vient de quelques clients et un solide gaillard en train de braiser un poulet, l’ambiance reste morose au rez-de-chaussée de la pâtisserie en dépit de l’importance des commandes à honorer. En effet, à en croire l’un des responsables de la maison, la pâtisserie doit livrer 300 couverts Vip (Very important person, Ndlr) et 1 000 autres simples à l’occasion de la Nuit du ciment, une soirée de gala annuelle organisée par la cimenterie Sococim, le vendredi 10 décembre. ‘Pour l’instant, vous voyez stocker des nems d’une valeur de plus d’une centaine de milliers de francs dans le réfrigérateur et nous n’avons pas de courant depuis ce matin. D’ailleurs, nous avons 200 poulets sur le point de pourrir’, ajoute Niang. Réalité ou simple surenchère ? De toute façon, toutes les personnes rencontrées crient leur exaspération et disent être au bord de l’asphyxie financière. Ainsi, selon le cuisinier Niang, en pleine activité, la pâtisserie réalise un chiffre d’affaires journalier de 250 mille francs contre 30 mille francs actuellement.

‘Je participe à des tontines pour payer mes factures de courant’

Pour M. Ndiaye, le laborantin, ‘la situation est d’autant plus difficile qu’il faut faire face à des échéances telles que le loyer, les factures qui renchérissent curieusement, assorties de bons de coupures parce que vous avez accusé un peu de retard à payer, sans compter la matière première à acheter. On n’en peut plus tout simplement !’ En de pareilles circonstances, l’achat d’un groupe électrogène, qui relève d’un luxe d’ailleurs, ne constitue en aucune manière, l’alternative car ‘si vous parvenez à gagner 8 ou 10 mille francs, vous les dépensez en gasoil pour une durée de 3 heures’, estime Abdou Salam. ‘Maintenant je suis obligé de m’inscrire à des tontines pour parvenir à honorer mes factures d’électricité parce que je ne peux plus le faire par le travail de l’entreprise !’, renchérit M. Ndiaye.

Contacté par nos soins, le chef d’agence de la Senelec de Rufisque n’a pas voulu se prononcer sur ces récriminations et à préféré nous référer à la direction de la communication de la maison-mère.

Au plus fort des délestages, le syndicat des couturiers de la ville de Rufisque et département avait tenu une grande marche de protestation le 21 juillet 2010. Cinq mois plus tard, rien n’y fait visiblement.

In fine, le constat est là : les doléances et autres récriminations se suivent et se ressemblent. Pis, selon Abdoulaye Fall, leader du ci-devant syndicat regroupant plus d’un millier de membres, ‘depuis notre marche, la situation a empiré, nos entreprises sont sur le point de péricliter et notre pouvoir d’achat quasi nul. Ce problème n’est pas seulement celui de Rufisque mais est national. Donc j’en appelle au président de la République car, hier Samuel Sarr et aujourd’hui Karim Wade (respectivement ministres de l’énergie, Ndlr) ont montré leur incompétence dans ce dossier !’ En attendant que l’appel soit entendu, pour les micro-entreprises de Rufisque, c’est le chemin balisé vers le cimetière.



3 Commentaires

  1. Auteur

    Energie

    En Décembre, 2010 (13:07 PM)
    PLUS VOLEUR QUE LA SENELEC TU MEURS

    Top Banner
  2. Auteur

    Boy Brooklyn

    En Décembre, 2010 (13:13 PM)
    il faut priver le palais du courant pdt 2 jours comme ca ils comprendront
    {comment_ads}
    Auteur

    Goor Mack

    En Décembre, 2010 (13:57 PM)
    j ai perdu 3 congelateurs 2 frigots en une semaine



    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email