La morosité qui frappe cette activité
pratiquée le plus souvent sur le fleuve Sénégal, pour l’essentiel par
les pêcheurs thioubalo et dans une moindre mesure les communautés
mathioubés et sebbés, notamment, n’a pas commencé aujourd’hui.
‘’C’est la mort de cette activité qui a causé l’exode massif des bras
valides dans les années 70’’, explique Sidi Cissé, un habitant du
quartier Soubalo, à Matam.
La rareté du poisson a selon lui poussé certains fils du terroir à
aller ‘’chercher fortune’’ dans d’autres pays plus nantis en Europe et
en Afrique centrale, notamment, dans le but de pouvoir soutenir les
vieillards, les femmes et les enfants restés au pays.
Alioune Diop, le chef du Service régional des pêches et de la
surveillance de Matam reconnaît que le secteur rencontre des
difficultés énormes. Il peine en effet à fournir suffisamment de
poissons pour satisfaire les besoins en poissons des populations
locales, explique-t-il.
Il précise que ‘’l’irrégularité des crues du fleuve qui empêche les
poissons de se reproduire, les aménagements hydro-agricole qui freinent
les mouvements migratoires et la surexploitation des ressources
halieutiques dans les années 70 sont les trois phénomènes qui ont freiné
le développement de la pêche au niveau de la région’’.
Toutes les associations de pêcheurs de la région, celles de Matam et
Kanel en particulier, partagent le constat selon lequel cette activité
bat aujourd’hui de l’aile, pour ne pas dire qu’elle est presque morte, à
cause de la rareté du poisson sur le fleuve Sénégal.
Du coup, l’approvisionnement des populations en poissons se fait en
grande partie grâce aux camions frigorifiques qui viennent de
Saint-Louis.
Les mareyeurs de la région font venir chaque jour ‘’plus de 20 caisses
de poissons’’, indique Bocar Bâ, le président de leur association. Ils
les achètent à raison de 50.000 ou 60 000 FCFA l’unité.
Certains tenants de restaurants semblent en tout cas trouver leur compte
dans cette situation. Il en est ainsi de Mme Ba, une restauratrice
établie à Matam. Elle explique que la majorité de sa clientèle préfère
le poisson d’eau de mer. Raison pour laquelle elle l’achète aux
camionneurs en provenance de Saint-Louis, tout en veillant également à
satisfaire les exigences d'autres clients avec le poisson d’eau douce.
Mais pour Faty Barry, une ménagère, ce n’est que parce que les
consommateurs n’ont pas d’autre choix qu’ils se rabattent sur le poisson
d’eau de mer. Non seulement le produit local est presque introuvable,
mais son prix reste aussi hors de portée de toutes les bourses,
justifie-t-elle.
Quoi qu’il en soit, certains pêcheurs semblent désemparés devant le
manque de produits halieutiques. Cette situation est illustrée par cette
idée lancée par Dialel Samba Yam, le président de l’Association des
pêcheurs du département de Matam, qui suggère d’ériger des barrages à
l’entrée de chaque marigot, pour retenir les poissons après la décrue.
Cette méthode serait selon lui pratiquée par des pêcheurs mauritaniens.
Le président de l’Association des pêcheurs de Kanel, Balla Sall, réclame
lui du matériel de pêche et le développement de la pisciculture, une
activité qui est, dit-il, génératrice de revenus.
Moussa Fall, un jeune pêcheur habitant Soubalo, un quartier de pêcheurs
lance, quant à lui un véritable cri de cœur : ‘’Je ne vis que de la
pêche, elle constitue la seule activité de ma vie. Je suis parvenu à
réaliser d’énormes choses grâce aux revenus issus de cette activité. Je
demande à l’Etat du Sénégal de nous aider à créer les conditions d’une
situation favorable à l’activité, en procédant à des lâchers d’eau sur
le fleuve durant un mois, voire plus pour permettre aux poissons de se
reproduire’’.
‘’Cette activité [la pêche] est beaucoup prisée par nos fils qui
veulent assurer la relève mais, malheureusement, le fleuve et ses
défluents ne sont plus poissonneux, à cause du barrage de Mantali’’, se
désole Ousmane Guèye, "dialtabé" (responsable du fleuve) de Matam,
craignant de la voir disparaître, si les choses restent en l’état.
Economie
Matam : la longue agonie de la pêche fluviale
La pêche fluviale se meurt dans la
région de Matam, du fait de la rareté du poisson qui a privé les
pêcheurs d’une importante source de revenus.
4 Commentaires
Bob
En Décembre, 2013 (19:58 PM)Alphaone
En Janvier, 2014 (06:37 AM)L'utilisation à outrance des engrais chimiques, phosphates et autres pesticides sont les complices de cette catastrophe.
La prolifération du Typha, la pollution industrielle, les eaux usées, continuent le travail.
Le cyanure, le mercure, rejetés par les mines d'or du Mali, et de la Falémé, sont présent dans l'eau et les boues, jusqu'à Saint-Louis.
Le dragage et l'entretient du fleuve ont cessés depuis les indépendances.
La déforestation des berges contribue largement à cette aberration écologique.
L'OMVS chargée par les états de la gestion du fleuve, se repose sur ses lauriers, bien à l'abri dans ses bureaux climatisés.
Et après ça, vous voudriez que la pêche fluviale fonctionne normalement.
Il faut donc écrire la vérité, le fleuve Sénégal est un égout à ciel ouvert, alors essayer de pêcher dans un égout ce n'est pas très productif.
Gege
En Janvier, 2014 (11:57 AM)Napakat
En Janvier, 2014 (14:25 PM)Participer à la Discussion