Non, le responsable de l'échec du rachat de Bouygues Télécom par Orange n'est pas Xavier Niel.
Contrairement à Martin Bouygues, qui a désigné le patron de Free comme seul auteur de ce mariage avorté, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, désigne, lui, essentiellement l’État.
« Nous étions très près de réussir, même si nous savions que c’était une opération compliquée, faisant intervenir quatre acteurs plus l'Etat », explique-t-il d'abord ce mardi dans une interview à Challenges. « Nous avons passé autant de temps à essayer d'anticiper les réactions de l'Autorité de la concurrence qu'à nous mettre d'accord entre nous », précise-t-il même, pour donner la mesure de la complexité du dossier.
Niel « a été un partenaire loyal dans cette négociation » et il y a « sans doute plutôt une pluralité de causes », assure-t-il ensuite. « Certains ont sous-estimé leurs difficultés de transformation, chacun a tiré un peu trop la corde. L’État a peut-être pensé que Bouygues négociait dos au mur», estime l'ancien bras droit de Christine Lagarde au ministère des Finances, à la tête du groupe semi-public de télécommunications depuis six ans.
En termes diplomatiques, Richard s'interroge sur la façon dont Bercy, a répondu au « prérequis posé par Martin Bouygues de devenir actionnaire d'Orange ». Mais pose aussi la question du comportement parfois schizophrène de son actionnaire principal (23%) : « La seule question à se poser est pourquoi l’État veut-il rester actionnaire d'Orange? Est-ce pour toucher un dividende, pour l'accompagner dans son développement en Afrique, pour maintenir les prix les plus bas possibles? On a parfois l'impression d'être au cœur d'injonctions contradictoires : il faut créer de la valeur, protéger le consommateur, l’emploi, tout en accélérant les investissements, sans toujours chercher leur rentabilité ! » Une politique de non-choix qui complique la donne.
La position ferme d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, sur la valorisation d'Orange, celle de Bouygues Telecom et la limitation du poids que Bouygues aurait pris dans l'actionnariat recomposé d'Orange, a été citée par plusieurs parties, anonymement, comme clef dans l'échec des discussions en braquant Martin Bouygues, avant que celui-ci ne désigne à demi-mots le patron de Free.
Lundi, tentant encore de faire taire les reproches, le ministre avait, lui, défendu que l’État « avait ce rôle légitime d'actionnaire à jouer ». « Nous sommes dans un drôle de pays où l'on attend d'un ministre qu'il soit en connivence avec des acteurs et que son rôle ne soit pas de défendre l'intérêt général », s'est-il étonné en marge d'un déplacement dans l'Isère.
Une chose est certaine : lundi le secteur des télécoms a chuté en bourse. Le titre Bouygues a plongé de 13,45%, tout comme Iliad, la maison-mère de Free (-15,1%) et SFR-Numericable (-18%). Orange n'a baissé « que » de 6,17%. Soit une perte sèche de 9 milliards de valeur cumulés. Reste à voir ce qu'il se passera sur les marchés ce mardi et les jours à venir.
2 Commentaires
Watt
En Avril, 2016 (11:18 AM)Anonyme
En Avril, 2016 (11:37 AM)Participer à la Discussion