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Environnement

Restauration de l’écosystème : Le projet de dépollution de la baie de Hann maintenu

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Restauration de l’écosystème : Le projet de dépollution de la baie de Hann maintenu

La restauration de l’écosystème de la baie de Hann tient à cœur le gouvernement. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Oumar Guèye, a parcouru, samedi dernier, cette crique, du Port à Petit Mbao. Il a révélé aux riverains que le projet de dépollution, d’un montant global de 33 milliards de FCfa, est maintenu.

Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Oumar Guèye, accompagné d’une forte délégation de techniciens, d’élus locaux et de députés remonte à la grande source de pollution de la baie de Hann. Sous le pont Colobane, entre les ateliers de forgerons et de mécaniciens, le canal 6 étouffe. Morceaux de métaux et sachets en plastique surnagent sur les huiles usées des moteurs. Le convoi longe le canal en direction de la baie. Des baraquements s’échelonnent. De la route, on aperçoit les eaux usées domestiques qui regagnent le canal 6. Des rejets qui se mêlent aux eaux usées des industries.

 A quelques mètres avant la Route de Rufisque, le convoi s’immobilise près d’un déversoir des boues de vidange. « Ici, les camions vidangeurs versent des boues moyennant des taxes », informe Mbacké Seck, surnommé la sentinelle de la baie de Hann. La réaction du ministre est sans appel. « Il faut que cela cesse. C’est un canal destiné à évacuer les eaux de pluie. Normalement, à cette heure, il ne devrait pas y avoir d’eau », martèle Oumar Guèye. Le représentant du maire rejette en bloc la responsabilité de la municipalité. « Nous avions toujours dit que nous sommes contre le principe pollueur-payeur. Donc, la mairie n’acceptera pas de percevoir des redevances à partir de cette activité », affirme-t-il.

La délégation se rend à la Cité Isra pour avoir une vue panoramique sur le tracé du projet de dépollution. Ensuite, elle fait cap sur Hann Marinas, puis Hann Village, là où le canal 6 se jette à la mer. Le reflux des vagues renvoie sachets plastiques et bouteilles sur le rivage. Des immondices couvrent la plage. Le sable est noirâtre. Cette dégradation remet au goût du jour la pertinence de redonner à cette baie son lustre d’antan. « Vous avez tous constaté que cette baie est agressée. L’Etat, sur instruction du président de la République, Macky Sall, a pris la décision de dépolluer la baie de Hann », souligne le ministre.

Sur ce rivage où déferlent des vagues à intervalle presque régulier, Oumar Guèye lève l’équivoque : « Le financement n’est pas suspendu. Le projet de dépollution de la baie de Hann est de 33 milliards de FCfa. Il est financé par l’Etat du Sénégal, l’Agence française de développement (Afd) et la Banque européenne d’investissement (Bei) », assure-t-il. Le maire de Dakar, l’ambassadeur de France au Sénégal et le directeur de l’Afd sont sur la même longueur d’onde. Les études pourraient être bouclées au plus tard au premier trimestre de 2014.

 Le paradis perdu

Un flash-back. Le visage actuel de la baie n’a rien à voir avec celui des années 50. A cette époque, les grandes personnalités venaient se prélasser sur le sable fin. « Le gouverneur de l’Aof venait passer ici ses soirées et ses week-ends », rapporte un vieux avec un brin de remords. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Les recherches commanditées par les autorités et les partenaires sont unanimes. « Les études menées à partir de 1988 indiquent que le taux d’infection est de 2,88 %. Cela veut dire que chaque habitant de Hann est sensible à 3 sortes d’infections, à savoir les maladies dermatologiques, la diarrhée et les maladies respiratoires », confie Mbacké Seck. A Hann Magasin, un autre émissaire charrie les mélanges de panses, du sang des animaux abattus à la Société de gestion des abattoirs du Sénégal (Sogas). L’eau du rivage vire à l’ocre sur plusieurs mètres. Sur ce site, chacun va de ses critiques. Les riverains se plaignent. « Nous prions pour que le projet de dépollution se réalise au plus vite. Enfants et adultes continuent à se baigner dans la mer », dit Ibrahima Niang, un riverain. Les habitants de la zone de Yarakh marquent leur adhésion à la dépollution. Le convoi s’élance de nouveau et met le cap sur Petit Mbao, via Thiaroye-sur-Mer.

Equipement en système de pretraitement : 8 milliards de FCfa pour accompagner les industriels

Le principe du pollueur-payeur révèle parfois ses limites. Si la taxe est faible, les industries ne feront aucun effort pour réduire leurs rejets. Partant de ce constat, les autorités sénégalaises ont décidé de les amener à se doter d’unités de prétraitement. « Les industries devront se conformer à la loi. L’Etat s’est engagé auprès des bailleurs. 8 milliards de FCfa sont disponibles auprès des banques pour accompagner les industriels. C’est une occasion qui leur est offerte pour s’équiper de ce système de prétraitement », a révélé le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement.

2.000 branchements sociaux au profit des riverains

L’installation d’une station d’épuration est la solution à la pollution ambiante dans laquelle baigne Petit Mbao. La future infrastructure va prendre en charge le traitement des rejets industriels et réduirait ainsi la pollution. Ainsi, 2.000 branchements sociaux sont prévus. Curieusement, une partie de la population ne veut pas saisir les retombées du projet.

Juste après 15 heures, le convoi entre à Petit Mbao. Des garçons, certains vêtus de maillot rouge, d’autres agitant des foulards rouges, barrent la voie principale, près de l’intersection ; là où la délégation doit passer pour aller sur le site de la future station. Ils scandent : « Nous voulons la santé », « Nous voulons la santé ». « Nous ne voulons pas une pollution supplémentaire. Nous mourrons à petit feu avec les industries qui sont déjà là ». La foule est surexcitée. Les gendarmes et les techniciens interviennent pour la ramener à la raison. Rien n’y fait. Le passage est dégagé, le ministre emprunte un chemin sinueux et rocailleux. Il descend de la voiture, isolé par un cordon de sécurité, et marche à pied accompagné par une foule de femmes, de garçons et de filles. Oumar Guèye tenait à constater de visu le site de la future station.

Au bout de 30 mn de marche, nous voici sur l’emplacement. L’air est irrespirable. La couleur de l’eau issue des tanneries est rebutante. Le chenal donnant sur la mer est jonchée de boue et d’un amas hétéroclite de rejets industriels. Impossible de respirer. Le projet d’installation de la station d’épuration prend en compte le traitement des rejets qui polluent Petit Mbao. Toutefois, sa construction ne semble pas agréer une partie de la population. « J’ai tenu à venir ici pour mieux comprendre les préoccupations des populations. Je peux vous assurer que nous avons un projet de dépollution et non de pollution. En tout cas, vous aurez un cadre de vie meilleur que celui-ci », laisse entendre le ministre. En plus du traitement des rejets, le projet intègre la réalisation de 2.000 branchements sociaux au profit des riverains. Aussi, l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) restera-t-il sur la voie du dialogue et de la communication pour dissiper les incompréhensions. « Nous avons commencé la sensibilisation et la communication. Nous allons poursuivre dans cette lancée », a indiqué le directeur général de l’Onas, Alioune Badara Diop.

A partir du futur emplacement, on aperçoit des fumées de gaz s’échappant des Industries chimiques du Sénégal (Ics). Elles sont également au banc des accusés d’une partie des habitants de Petit Mbao. La délégation fait un détour. Leur espace vert extériorise le souci de préservation du cadre de vie des travailleurs. La protection de l’environnement n’est pas reléguée au second plan. « Nous n’avons pas de rejets liquides. Nous rejetons les gaz. Nous sommes obligés de nous mettre aux normes, parce que nous sommes sur le marché international », précise le directeur de l’industrie, Mboye Sow.

Les Ics, dans le cadre de leur responsabilité sociale des entreprises (Rse), engagent une cinquantaine de jeunes par jour pour une enveloppe qui tourne autour de 11 à 15 millions de FCfa. Elles remettront bientôt aux populations un détecteur de gaz. Objectif, alerter les responsables de l’usine lorsque des seuils de tolérance sont dépassés.



7 Commentaires

  1. Auteur

    Vérité

    En Juillet, 2013 (17:36 PM)
    et avec l'aide des français alors que beaucoup les critiquent.... franchement cela laisse à réfléchir...comme quoi le Sénégal à toujours besoin d'aide même si certains refusent de le dire. Alors avant de dire une ânerie sur la toile : il faut réfléchir !
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  2. Auteur

    Pepes

    En Juillet, 2013 (18:37 PM)
    CE FUT ENCORE UNE OCCASION POUR UN MINISTRE DU REGIME,OUMAR GUEYE DE MENTIR EN DISANT QUE CE PROJET EST UNE INITIATIVE DE CE GOUVERNEMENT QUI A ETE LANCE IL YA JUSTE UN AN...
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    Auteur

    Lol

    En Juillet, 2013 (21:58 PM)
    J'ai beaucoup travaillé sur ce projet dont le financement est acquis depuis fort longtemps par le régime de WADE.

    Je me demande ce que Macky sall a fait de concret depuis qu'il est là
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    Auteur

    Atypico

    En Juillet, 2013 (22:25 PM)
    Oumar Gueye est souvent évoqué pour une gestion des affaires contestables, qui sera peut être sanctionnée un jour prochain . Mais même si c'est le cas, s'il réussit à mener à son terme ce projet de dépollution, avec d'autres bien sûr, cela lui permettra de se sentir malgré tout légitimement fier d'avoir réaisé quelque chose de très positif pour le pays et les hommes qui y vivent. Lui sera - t - il pour cela beaucoup pardonné ? Trop tôt pour le dire...Dépolluons donc la mer et la terre en se dépolluant des pratiques de gouvernances contestables et contestées.
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    Auteur

    N'goné Latyr

    En Juillet, 2013 (08:51 AM)
    Bonjour,



    Jadis, un lieu de prédilection la baie de Hann représente pour beaucoup de jeunes de ma génération un endroit à préserver pour le future. Dans les années 60, nous allions nous baigner dans cette mer si caime et propre, que de bon souvenirs d'enfants. J'y suis retourné il y a juste une semaine et j'avais les larmes aux yeux. Comment l'homme peut détruire par la pollution cet écosystème et rompre cet équilibre. Encore une fois de plus, j'interpelle l'état du Sénégal de prendre toutes ses responsabilités pourque de pareilles choses ne se reproduisent plus. Il est vrai que la préservation de notre environnement est l'affaire tous et pour cela, nous demandons à tous et à toutes d'avoir un comportement éco-citoyen.



    Merci,

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    Auteur

    La Vérité

    En Juillet, 2013 (12:26 PM)
    D'aprés tout ce qui est écrit ci-dessus , la pollution de la baie de Hann serait un des résultats de l'indépendance ?
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    Auteur

    Petit Mbao

    En Juillet, 2013 (20:45 PM)
    nous voulons pa de ce projet chez nous a petit mbao

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