Il publie la vidéo de sa voleuse sur Facebook, elle l'attaque pour atteinte à sa vie privée

"Atteinte à l'intimité de la vie privée". C'est une plainte peu banale qu'entend déposer lundi une femme de 52 ans, coupable présumée d'un vol. La quinquagénaire, qui a reconnu avoir dérobé une sacoche dans un cabinet dentaire à Nancy cette semaine, va en effet porter plainte contre sa victime, à qui elle reproche d'avoir diffusé sur Internet les images de vidéosurveillance du larcin. 

Publier une vidéo où l'auteur du vol est clairement reconnaissable, "c'est une méthode cavalière, c'est inconcevable", s'est insurgé son avocat Me Paul Kéré. Ma cliente est très atteinte psychologiquement, elle va demander des dommages et intérêts". Mardi, le chirurgien-dentiste avait constaté que sa sacoche, laissée derrière le comptoir d'accueil de son cabinet, avait été volée. Selon lui, elle contenait des chèques de patients libellés à son nom, 1.000 euros en liquide et des papiers professionnels. 

"Se faire justice soi-même"

En visionnant les images de vidéosurveillance de son cabinet, il s'était alors aperçu que la voleuse était identifiable et avait posté les images sur Facebook, accompagnées de ce commentaire : "Si l'un d'entre vous la reconnaît, je vous serais infiniment de m'en faire part. Cette vidéo est à partager au maximum." Une diffusion qui a trouvé écho puisque la voleuse présumée a reçu de nombreux messages signalant que son image circulait sur Internet. "Même sa petite-fille de 4 ans en a entendu parler dans son école", s'est ému son avocat. La voleuse présumée s'est présentée à la police, qui avait retrouvé la sacoche abandonnée dans la rue, et elle comparaîtra le 31 mai devant le tribunal correctionnel.

L'une de ses filles, interrogée par France Bleu Sud Lorraine, a expliqué comprendre "tout à fait que la personne veuille que justice soit faite". "Mais ce qu'on n'accepte pas, c'est le procédé, a-t-elle poursuivi. Il aurait dû déposer (les images) à la police, pas les divulguer sur Internet, car ça revient à se faire justice soi-même. Il n'a pas mesuré les répercussions sur la famille. C'est la porte ouverte à n'importe quoi. Elle est déjà condamnée avant même de rencontrer un juge". Et son autre fille d'asséner : "Cette histoire prend des proportions énormes. Aujourd'hui le dentiste n'est plus une victime mais un bourreau".

Le dentiste a de son côté retiré vendredi de sa page Facebook la vidéo vue plus de 175.000 fois. "Je ne pensais pas que cette affaire prendrait une telle ampleur", a-t-il expliqué dans L'Est Républicain, regrettant "les conséquences" de son geste mais se félicitant d'avoir récupéré sa sacoche... sans les 1.000 euros. La voleuse présumée assure elle ne pas avoir trouvé une telle somme dans le sac dérobé.