L'ado chauffard et "trop gâté pour être condamné" remet ça

Un mandat d'arrêt a été délivré contre Ethan Couch, un jeune Américain qui a bénéficié il y a deux ans d'une libération conditionnelle après s'être rendu responsable d'un accident de voiture mortel alors qu'il était ivre. La défense de l'adolescent avait défrayé la chronique et choqué l'opinion. Aujourd'hui, il est recherché pour avoir outrepassé ses conditions de libération: il a été filmé dans une fête de jeunes où l'on consommait de l'alcool.Son procès avait fait couler beaucoup d'encre et choqué les Américains, mais Ethan Couch semble ne pas en avoir tiré un quelconque enseignement. 

Le jeune homme avait été jugé au Texas pour avoir causé un accident de la route alors qu'il roulait sous l'emprise de l'alcool. Le drame avait coûté la vie à quatre personnes et laissé des séquelles irréversibles à deux autres, mais les avocats étaient malgré tout parvenus à amadouer le juge texan alors que la cour de cet État est connue pour son inflexibilité.

Consumérisme
La défense avait été jugée choquante par les parties civiles: les avocats de Couch avaient plaidé l'"affluenza", forme de consumérisme qui aurait poussé ce jeune garçon trop gâté par ses parents riches, à ne pas connaître les limites, vu qu'on ne lui en avait jamais posé. Ce plaidoyer très sociologique avait écoeuré nombre d'Américains mais avait été percutant dans l'oreille du tribunal, qui avait octroyé la libération conditionnelle.

Les mesures probatoires étaient évidemment de ne plus consommer d'alcool ni fréquenter des lieux où l'on en consomme. 

De plus, Ethan Couch était censé garder contact avec son agent de probation et ce à raison d'une fois par semaine. Voilà aujourd'hui que l'attaché judiciaire ne parvient plus à le joindre, ont reconnu les avocats de l'intéressé à CNN. La mère du jeune homme - aujourd'hui âgé de 18 ans - qui héberge toujours son fils est elle aussi portée disparue.

Hasard ou suite logique, là est la question, car cette double "disparition" survient quelques jours à peine après qu'une vidéo d'Ethan Couch a fait son apparition - très remarquée - sur les réseaux sociaux. On y voit un jeune qui lui ressemble en tout cas très fort participer à une fête où l'alcool coule à flots. Preuve de plus, avance-t-on qu'il se moque de la justice et de ses victimes.

Avocats gênés
Interrogés sur la véracité de cette information, les avocats de la famille Couch sont vagues, mais ne nient pas en bloc. Ils ont admis être au courant que les autorités et la justice menaient actuellement une enquête pour déterminer si Ethan avait bel et bien violé les mesures qui lui sont imposées. En attendant les résultats de cette enquête, ils ne souhaitent pas faire de déclaration hasardeuse au nom du jeune homme et sa famille mais admettent que si la vidéo est avérée, des poursuites l'attendent. 

 En effet, Ethan Couch risque la prison ferme s'il s'est bel et bien moqué de son jugement. En 2013, le jeune homme avait déjà choqué par son arrogance et son absence de remise en question lors de son procès. Ses avocats, en arguant que ses parents étaient en grande partie responsables du méfait de leur fils car ils l'ont toujours trop gâté, n'avaient fait que conforter le vraisemblable sentiment d'impunité de l'accusé qui refusait de se poser en coupable et d'assumer ses actes.

Alors que les procureurs exigeaient une peine de vingt ans ferme, le tribunal de la jeunesse du comté de Tarrant avait opté pour dix ans de mise à l'épreuve. Ethan Couch avait également été obligé de suivre une pyschothérapie à long-terme, loin de l'influence parentale si "néfaste" pour lui.

Disparition
Sans même savoir si la vidéo qui a enflammé la Toile contient effectivement la preuve qu'Ethan Couch a violé la loi, la cour a exigé son arrestation au vu de sa disparition, vu qu'il ne remplissait dès lors plus la condition de contact permanent avec son agent de probation.

 A l'époque du verdict, les procureurs avaient pourtant bien précisé à l'accusé qu'il n'était pas tiré d'affaire malgré la clémence du tribunal et qu'il encourait une peine de dix ans ferme s'il n'appliquait pas à la lettre les termes du contrat. Couch n'avait alors que seize ans mais ces menaces semblent ne pas l'avoir marqué; il n'aura en effet fallu que deux ans pour qu'il franchisse la ligne rouge - ou qu'il soit pris sur le fait en tout cas.

Boire ou conduire, il n'a pas appris à devoir choisir
Deux ans, pas assez longtemps pour que quiconque n'oublie la ligne de défense perçue comme absurde qu'il avait adoptée au procès. Ses conseils avaient fait venir à la barre une experte en psychologie qui avait affirmé que le chauffard souffrait d'"affluenza", néologisme issu des termes "affluence" et "influenza", qui décrit un trouble de la personnalité, une addiction maladive au consumérisme et le sentiment de perpétuelle insatisfaction qui en découle. 

En deux mots, cet adolescent de seize ans, trop gâté par ses parents, ne connaissait pas la différence entre le bien et le mal et n'avait pas conscience qu'on ne peut pas tout avoir... Traduisez qu'entre boire et conduire, il n'avait pas été capable de choisir car il avait été trop gâté par son statut social. La faute à la société.

Ridiculisée et méprisée en 2013 au procès, la théorie a pourtant été efficace. Et d'autant plus douloureuse pour les proches des victimes quand elles ont constaté qu'Ethan Couch, qui avait volé de la bière avec des amis avant de prendre la route et de renverser quatre personnes, s'en était sorti sans voir la couleur de la prison et en était presque "plaint" par la justice. Le jour des faits, Hollie Boyles et sa fille Shelby avaient regagné une route pour aider leur amie Breanna Mitchell, qui était tombée en panne. Un jeune pasteur, Brian Jennings, passait par là et s'était arrêté pour aider le trio à dépanner le véhicule. 

Ethan Couch, qui roulait en état d'ébriété, avait violemment fauché les quatre personnes et aucune n'avait survécu.

"L'argent ne devrait pas acheter la justice"
Après le crash, Ethan Couch avait été contrôlé positif au test d'alcoolémie. Contrôlé trois heures déjà après le drame, il dépassait encore trois fois la limite légale. Couch avait également été poursuivi par les familles des adolescents qui étaient passagers du véhicule lors de l'accident, deux d'entre eux étant grièvement blessés et souffrant de dommages irréversibles au cerveau. Pour ces deux jeunes gens, les familles avaient réclamé deux millions de dollars à la famille Couch.

La famille des quatre tués s'était indignée de l'indulgence du juge, rappelant que "le message principal d'un tribunal doit être que l'argent et les privilèges ne doivent pas acheter la justice dans ce pays". La tournure des événements leur aura donné une deuxième fois raison.