Les dirigeants européens ont confirmé jeudi à Sofia la "perspective européenne" maintes fois promise aux pays des Balkans, où la Russie tente d'étendre son influence, mais sans cacher de fortes réticences face à un élargissement rapide d'une UE en pleine refondation. Après un dîner consacré la veille au front uni que l'UE veut opposer aux "caprices" de Donald Trump, les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont retrouvé jeudi leurs homologues d'Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Serbie, du Monténégro, de Macédoine et du Kosovo.
Une sommet sous cette forme est une première "depuis 15 ans", a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk, soulignant le souhait des 28 "de rappeler que la perspective européenne reste le choix géostratégique des Balkans occidentaux". "Ce sommet est peut-être un acte symbolique, mais il peut à nouveau déclencher un peu plus de dynamisme", a plaidé le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays prend la présidence tournante de l'UE en juillet.
"C'est important pour nous aussi, car s'il n'y a pas de perspective européenne dans les Balkans, l'influence turque et d'autres influences deviennent de plus en plus forte", a mis en garde M. Kurz. Mais plusieurs dirigeants européens ont tempéré les espoirs d'une adhésion rapide à l'UE des pays des Balkans. "Je suis favorable à l'ancrage des Balkans avec l'Europe et vers l'Europe, mais je pense qu'il faut regarder avec beaucoup de prudence et de rigueur tout nouvel élargissement", a prévenu le président français Emmanuel Macron à son arrivée jeudi matin.
Comme d'autres, la France considère que les adhésions rapides accordées ces quinze dernières années à des pays d'Europe de l'Est sont l'une des causes des difficultés actuelles de l'Union. Pour l'heure, des pourparlers d'adhésion n'ont démarré qu'avec la Serbie (en 2014) et le Monténégro (en 2012), que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker verrait bien devenir membres de l'Union "d'ici 2025".
Avant toute percée, les pays des Balkans "doivent faire en sorte qu'il y ait entre eux plus de stabilité, entre eux moins de tension", a insisté jeudi le Premier ministre belge Charles Michel. Les Européens s'inquiètent notamment des tensions entre la Serbie et son ancienne province du Kosovo. Cinq Etats membres (l'Espagne, la Grèce, Chypre, la Slovaquie et la Roumanie) ne reconnaissent d'ailleurs pas la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo de 2008.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy était même absent jeudi pour marquer son hostilité. Le différend vieux de 27 ans qui oppose la Grèce et les autorités macédoniennes est lui aussi un problème pour l'UE. Athènes refuse que l'ex-république yougoslave de Macédoine utilise le même nom que sa province du nord, craignant une menace irrédentiste.
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