Sur son dernier album solo ("Phoenix"), Soprano évoque les épreuves douloureuses de son passé et nous invite à croire que, tel un Phoenix, nous pouvons tous renaître de nos cendres. Confidences d'un rappeur-chanteur en vogue. Le titre de cet album fait-il référence à votre tentative de suicide, il y a quelques années? Jusqu'ici, je n'en parlais qu'à demi-mot. A l'approche de la quarantaine, je pense avoir assez de recul et de maturité que pour en parler.
Je sais pourquoi j'en parle! Cet album s'adresse, entre autres, à ceux qui ont perdu foi en la vie qui, comme moi il y a quelques années, n'ont plus la force de continuer. J'ai envie de leur dire: "Regardez ce mec à la télé qui fait danser des stades entiers! S'il avait mis fin à ses jours, comme vous pensez le faire aujourd'hui, il n'aurait jamais vécu tous ces moments incroyables!" J'espère donner un peu de courage à ceux qui sont au fond du trou.
Nous sommes tous des Phoenix, capables de nous relever. Et vous, qu'est-ce qui vous a aidé à vous relever? J'ai eu deux déclics. Le premier s'est produit au lendemain de cette soirée où j'ai failli commettre l'irréparable. Je devais donner un concert. Je n'avais pas encore sorti d'album solo mais tout le public connaissait les paroles de mes chansons par coeur. J'ai réalisé que j'étais un fameux égoïste. Le deuxième déclic aura été le décès de mon ami (Sya Styles, l'un des membres de Psy 4 de la rime, le groupe avec lequel Soprano a débuté sa carrière, Ndlr), dont je parle dans "Roule", l'une des mes chansons.
J'ai pris conscience que la vie était courte, qu'il fallait profiter de chaque jour avant qu'il ne soit trop tard. Je veux être positif, dégager quelque chose de solaire et essayer de contaminer les gens. Je ne veux plus bouffer de noirceur. Ce disque aborde des sujets graves, comme le harcèlement scolaire. Y avez-vous, même indirectement, été confronté? Non, car gamin, j'étais enfermé dans ma bulle, passionné par ma musique.
Aujourd'hui, je suis approché par de nombreuses associations qui m'invitent à sensibiliser les parents, les enfants, leurs professeurs, mais pas seulement, à cette problématique. Le harcèlement est un sujet urgent et sensible qui concerne tout le monde. Ceux qui ont réussi et ceux qui n'ont pas réussi peuvent servir d'exemples. Il y a quelques semaines, j'ai vu un reportage dans lequel un gamin, plutôt doué à l'école, avait fait exprès de redoubler plusieurs classes pour ne pas que ses copains le considèrent comme l'intello de la classe.
C'est un autre débat mais, il faut aussi évoquer le harcèlement sur Internet. J'ai entendu parler de cette jeune fille qui s'était fait critiquer sur son physique après avoir posté une photo sur les réseaux sociaux. Elle a ensuite passé toute son adolescence a essayé, tant bien que mal, de ressembler à une bimbo. Ma fille rentre au collège et j'espère qu'elle a pris conscience de l'importance de communiquer. Je veux qu'elle sache que, comme beaucoup de jeunes d'ailleurs, elle déchire!
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