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Politique

Casamance - Quatre raisons qui font perdurer un conflit

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La verte Casamance
Autrefois riches de leur tourisme et de leurs terres fertiles, les populations de la Casamance enclavée entre la Gambie et la Guinée-Bissau, qui représente 15 % de la superficie du Sénégal, se sentent les parents pauvres du pays.
Les milliers de mines enfouies dans les champs au fil des hostilités ne cessent de faire des victimes. Ajoutons à cela l’insécurité sporadique (razzias, braquages routiers et prise d’otages), entretenue par les éléments se réclamant des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
En juillet 2014, douze forestiers ont été enlevés par les troupes du chef rebelle Salif Sadio, avant d’être relâchés quelques jours plus tard. On ignore si leur libération a été monnayée, mais l’on sait que les preneurs d’otages avaient demandé aux autorités sénégalaises une rançon de 10 millions de francs CFA (15 250 euros).
Bref, la Casamance est loin d’être sortie de l’ornière où la précipitent des acteurs de tous ordres et aux intérêts divergents. Décryptage en quatre temps des composantes d’un conflit qui pèse toujours sur l’unité sénégalaise.

1. Une guérilla éclatée

Pour un retour à la paix, il faut négocier avec des interlocuteurs légitimes. Or le MFDC est loin d’être homogène. Au nord de la région, opère le chef rebelle Salif Sadio, tenant d’une indépendance totale. Soutenues par le président dictateur gambien Yahya Jammeh, hostile au Sénégal, les troupes de Sadio multiplient leurs raids dans la région du Sindian, proche de la frontière de leur protecteur. Une région également propice à la culture du cannabis, source de financement non négligeable pour cette faction. Dans son fief, Sadio est contesté par Lamanara Sambou, un rebelle bien implanté dans la localité de Diakay.
Au sud, César Atoute Badiaté domine. C’est le principal adversaire de Salif Sadio au MFDC. Moins radical que son ennemi, a priori plus favorable à des négociations avec Dakar, il doit lui aussi composer sur ses terres avec d’autres chefs rebelles dissidents.

2. Un pôle politique disparate

La branche politique du MFDC est à l’image de son aile combattante : une foule de dirigeants se disputent le leadership. Salif Sadio, autoproclamé chef suprême du MFDC, réconcilie tout le monde à sa façon : les politiques du mouvement, dit-il, ne sont que des « farceurs », sans aucune crédibilité. Parmi les figures du mouvement, Nkrumah Saneh se veut le porteur de la légitimité historique.
Indépendantiste, il vit en exil à Paris depuis près de 30 ans et revendique le secrétariat général du MDFC depuis le décès en 2007 de l’abbé Diamacoune Senghor (ancien secrétaire général du MFDC).
Autre personnalité du mouvement, Abdou Elinkine Diatta jouit d’une forte popularité. Il a même fait construire au quartier Soucoupapaye de Ziguinchor (capitale de la Casamance) un siège pour le parti. Porte-parole du mouvement sous la direction de Diamacoune Senghor, il revendique lui aussi le secrétariat général.
Sa ligne : « Nous ne sommes pas pour la guerre mais nous voulons l’indépendance ». Ahmed Apakena Diém incarne la jeune génération. Professeur d’université en Allemagne, ancien conseiller politique de Nkrumah Saneh, il dirige le cercle des universitaires et intellectuels du MFDC. Il n’est pas hostile à la lutte armée.
A la tête du secrétariat général du mouvement depuis 2001, Jean-Marie François Biagui se démarque de plus en plus des indépendantistes. Il a créé un nouveau parti politique, qui porte un acronyme semblable au précédent (MFDC), mais qui veut dire cette fois Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie constitutionnelle…

En marge de ces querelles d’appareil, le groupe de contact du MFDC, dirigé par Louis Tendeng, se voit en acteur essentiel de la résolution du conflit. Composé de membres historiques du MFDC, comme Kamoughé Diatta, créateur du front nord du maquis et d’Adjino Moto, ex-lieutenant de Sidy Badji, ancien soldat de l’armée française durant la période coloniale et fondateur du maquis en Casamance, ce groupe d’anciens « durs » s’active pour le retour de la paix. Ils estiment que les populations de la Casamance ont trop souffert du conflit et qu’il est temps d’y mettre un terme.

3. Déplacés, réfugiés et voisins intrusifs

L’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac) a estimé fin 2014 le nombre de déplacés internes à 52 800 et à 20 000 le nombre de réfugiés en Gambie et Guinée-Bissau confondues. On compte près de 8 000 déplacés dans la seule commune de Ziguinchor. D’une superficie de 28 350 km2, la Casamance, composée des provinces de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, est coincée entre la Guinée-Bissau et la Gambie. Les populations et les pratiques culturelles y sont similaires à celles des deux pays limitrophes. Une situation souvent exploitée par les dirigeants des pays voisins.
Les rebelles du MFDC ont longtemps pu trouver refuge en Guinée-Bissau. Mais depuis 2006, lors d’une opération menée par l’armée sénégalaise, les troupes de César Atoute Badiate et l’armée bissau-guinéenne, la base arrière de Salif Sadio a été démantelée. Depuis, les régimes bissau-guinéens successifs affichent leur soutien au Sénégal en empêchant les rebelles de se replier sur leur territoire. La Gambie, en revanche, instrumentalise le conflit pour régler des comptes avec Dakar. Les relations étroites entre Salif Sadio et le dictateur gambien Yahya Jammeh sont avérées. De plus, Yahya Jammeh s’est toujours opposé à la construction d’un pont à Farafenni à la frontière avec la Casamance, indispensable au désenclavement de la région.

4. Les mallettes des « messiers Casamance »

Le président Abdoulaye Wade a inauguré l’ère des « messieurs Casamance ». Ministres ou « personnes d’influence » sont envoyés dans le maquis avec des mallettes pleines de billets pour acheter un retour de la paix. Cette stratégie n’a servi qu’à exacerber les frustrations des populations et à radicaliser plusieurs factions du MFDC, lésées dans le partage du « gâteau ». Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), enfin, disent lutter pour le retour de la paix. Mais sans aucune coordination de leurs actions et dans un complet désordre. Un désordre évidemment propice aux détournements de fonds.

 Auteur: Amadou Ndiaye: contributeur Le Monde Afrique


9 Commentaires

  1. Auteur

    Casamancais

    En Décembre, 2015 (20:32 PM)
    Tres bien dit.

    En Casamance, le conflit ne finira jamais tand que l'Etat du Senegal ne prenne pas ses responsabilités pour arreter les trafiquants de drogue, les cultivateurs de Yamba et les coupeurs de bois etc...

    Tous ces gens operent làbas et ils sont armée et c'est leur gagne pain que d'alimenter la peur pour qu'ils puissent continuer leurs activités làbas car c'est le No Man's Land.



    pauvre Afrique
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2015 (20:56 PM)
    Et avec ca il pense envoyer nos soldat aller régler les problèmes des autres!
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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2015 (00:22 AM)
    on ne fait jamais de guerre en casamance ,on est en train de nettoyer une région des cambrioleurs ,et des bandits de grand chemin ,,des braqueurs de voitures ,des trafiquants de drogue,des prisoniers évadés ,des étudiants cartouchards frustrés ,des politiciens en rade ,des hommes d´affaires en banqueroute etc ,,etc...
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    Auteur

    Serer

    En Décembre, 2015 (09:12 AM)
    Dommage que quand il s'agit de la Casamance, tout le monde est expert. 15% as-tu dit? Le drame est que tout le monde essaie de minimiser cette question avec des injures, des analyses fausses sans bases historiques. 1882 te dit quoi, cher spécialiste de la Casamance? Malheureusement, vous induisez toujours en erreur le pouvoir avec vos postions de mépris de la question. Quand on ne connaît rien d'une chose, on se tait, on ne l'évoque. Nous pensons que Macky ne commettra pas les mêmes erreurs que Wade et Abdou Diouf qui avaient cru aux conseils de certains généraux, de certains "spécialistes" de gestion des crises, de la Casamance.
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    Auteur

    Anonyme

    En Décembre, 2015 (11:06 AM)
    KON LEUR DONNE LEUR FOUTU INDPENDNCE LE SENEGAL IRA MIEUX SANS EUXKON LEUR DONNE LEUR FOUTU INDPENDNCE LE SENEGAL IRA MIEUX SANS EUX
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    Auteur

    Casa Diola

    En Décembre, 2015 (11:08 AM)
    les peul ne sont pas de la casles peul ne sont pas de la casa
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    Auteur

    Baba

    En Décembre, 2015 (11:12 AM)
    Dommage,une si belle region.
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    Auteur

    Baba

    En Décembre, 2015 (11:12 AM)
    Dommage,une si belle region.
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    Auteur

    En Décembre, 2015 (12:58 PM)
    seul ceux qui ne connaissent rien de la Casamance parlent d'elle c'est pourquoi ils font toujours hors sujet
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