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Politique

Culture de cannabis en Casamance : 70% du fond de guerre des rebelles en provient

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Culture de cannabis en Casamance : 70% du fond de guerre des rebelles en provient

Depuis la découverte des champs de cannabis et le début de la destruction lundi 28 aout dernier, la gendarmerie, escortée par les militaires ont détruit plus de 2400 plantes de chanvre indien à Kolda. Le poumon économique des rebelles est ainsi complètement exterminé. Peut-être que cette fois-ci ce sera l’estocade finale si l’on sait que depuis plus de 20 ans des champs de cannabis sont détruits et que la rebellion perdure ?

D’après des statistiques délivrées par les services de la gendarmerie nationale, plus de 10 champs ont été détruites dans la nuit du dimanche au lundi par les gendarmes. Ce qui fait un total de quelque 2461 plantes de chanvre indien. Nombre qui vient s’ajouter au millier de plantes qui ont été détruites le lundi 28 août dernier. Les opérations ont eu lieu dans les villages de Bayanko et Sibanar situés dans la communauté rurale de Bona au nord de Sédhiou. Aucun exploitant des champs de cannabis n’a été arrêté. Ils ont disparu, laissant sur place des femmes, enfants et personnes âgées.

Dans la majorité des villages sénégalais frontaliers avec la Gambie, la culture du cannabis demeure la principale activité des populations. Cette opération est la énième faite par les forces de sécurité. Alors que pratiquement rien n’avait été fait depuis dix ans contre les cultures de cannabis (yamba) qui se développent en Casamance, la gendarmerie, l’armée et la police antidrogues se sont livrées, à partir de l’année 1995, à de grandes campagnes d’éradication. Elles participent à des tentatives de reconquête du territoire où opère le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui lutte depuis plus deux décennies pour l’indépendance de cette région sud du Sénégal. En juin-juillet 1995, près de 80 tonnes de cannabis ont été détruites dans les îles Karones. Un mois plus tard, dans l’arrondissement de Sindian, 27 tonnes de marijuana étaient saisies. En novembre, dans le secteur de Kafountine, arrondissement de Diouloulou, une autre opération a permis de saisir 77 tonnes de marijuana. Au prix moyen de 40.000 francs Cfa le kilo qui était alors payé bord-champs au paysan, les productions détruites au cours des deux campagnes représentaient plus 700 millions de francs Cfa. Même si le MFDC n’avait prélevé que 10 % de ces profits, cela aurait représenté une somme considérable à l’échelle de cette guérilla. En juin 1996, le bilan d’un an d’opérations représentait la destruction de 300 tonnes de cannabis sur plusieurs centaines d’hectares. Mais cette plante donnant lieu à deux ou trois récoltes par an et dans l’impossibilité des forces de répression de quadriller de façon permanente le territoire, les cultures peuvent être constamment renouvelées.

Les productions de cannabis n’ont commencé à prendre un caractère vraiment commercial au Sénégal que dans les années 1960 quand des commerçants ghanéens ont proposé des semences aux paysans de la région des Niayes près de Dakar, en leur promettant d’acheter la récolte. Les campagnes de répression dans cette région, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, ont favorisé le développement des cultures de cannabis en Casamance qui est devenue la première région productrice du pays. C’est précisément à cette époque qu’a été créée, en 1982, Atika, la branche armée du mouvement indépendantiste. Son développement dans une région échappant au contrôle de l’Etat a été favorisé, en 1989, par la situation de crise à Dakar qui a fixé l’armée dans la capitale. Lorsque l’armée est intervenue, elle s’est cantonnée dans les centres urbains, se contentant de faire des incursions dans les villages où elle se livrait à des exactions entraînant la fuite des populations. Des terres laissées vacantes ont été cultivées par d’autres personnes, notamment en cannabis. Certains observateurs estiment que l’implication des rebelles dans l’impôt sur le cannabis date de la fin des années 1980. Au début, le yamba, dont les revenus permettaient de soutenir la rébellion était surtout cultivé par les familles des combattants. La guérilla s’efforçait de leur apporter une protection et de les aider à commercialiser leur production. Mais, de plus en plus, on signale des prélèvements forcés de taxes sur les cultures par les rebelles du MFDC. Cette prédation n’a pas seulement touché les personnes vivant en Casamance. Un soutien a été exigé des Casamançais résidant dans d’autres régions du Sénégal, parfois accompagné de menaces de représailles sur les familles. Ces taxes prennent la forme de contribution à des associations culturelles. Il est probable que l’implication des rebelles aille au-delà de simples taxes sur les cultures, d’autant plus que leur armement s’est considérablement amélioré ces dernières années, bien que la Guinée-Bissau ait cessé de les soutenir. L’implication dans le trafic de cannabis représenterait désormais 60 % à 70 % des revenus du MFDC. Des échanges de marijuana contre des armes, dans lesquels sont impliqués des trafiquants sénégalais, mais aussi des Libériens, des Ghanéens et des Nigérians, auraient lieu à la limite des eaux territoriales. L’ex-président gambien, Daouda Diawara, renversé le 23 juillet 1994, a révélé que drogues et pierres précieuses, en provenance du Liberia, traversent la Sierra Leone, la Guinée et la Guinée-Bissau pour transiter par la Casamance avant que la marchandise ne soit finalement embarquée en Gambie. Là aussi, des taxes sont prélevées au passage par les rebelles.



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