Alors que le mot émergence est aujourd’hui l’un des vocables les plus utilisés au sommet de l’Etat, Mamadou Lamine Loum lui, livre un diagnostic de la situation du pays qui indique que le Sénégal est loin d’avoir la tête au-dessus de l’eau. Il animait ce samedi une conférence sur les constitutions africaines, organisé par le CERSSEM et le GRAPPE.
Longtemps resté dans l’ombre, le dernier Premier ministre du régime socialiste Mamadou Lamine Loum a fait une sortie à la faveur d’une conférence qu’il animait ce samedi. Le Cercle d’études et de réflexions stratégiques pour un Sénégal émergent (CERSSEM), en partenariat avec le Groupe de réflexion et d’analyse et de prospective sur les processus politiques, économiques et sociaux (GRAPPE), l’ont invité à réfléchir sur le thème : ‘’Les constitutions africaines à l’épreuve du développement et de la démocratie : l’exemple du Sénégal.’’
L’ancien ministre de l’Economie en 1998 s’est livré à une lecture très critique de la constitution en particulier, la situation du pays en général. S’agissant de la charte fondamentale, il la trouve peu ou pas connue du peuple. De plus, à son avis, la constitution a ‘’perdu sa sacralité par les manipulations circonstancielles trop souvent répétées dont il a fait l’objet’’. A cela, il faut ajouter la persistance de quelques dispositions liberticides.
Quant au Conseil constitutionnel chargé de veiller à l’application stricte de la constitution, il se déclare souvent incompétent. Le conférencier explique que c’est parce l’institution ne s’appuie pas sur la philosophie politique qui guide les lois. Ce qui permettrait de justifier ses décisions non pas sur des énoncées, mais sur les principes qui fondent les textes écrits. Selon Mamadou Lamine Loum, cela aiderait à ne plus avoir des zones de non-droit ; ‘’tout allait pouvoir être jugé par le conseil’’.
Sur la situation du pays de façon générale, le dernier premier ministre du président Abdou Diouf, affirme que ‘’le modèle culturel dominant ne converge pas avec les vertus de la citoyenneté. Cela se traduit par du clientélisme, du détournement de deniers publics et de l’instrumentalisation de l’Etat’’. Et malgré tout, il y a une absence totale de reddition des comptes et très souvent une responsabilité introuvable. ‘’Le principe comme quoi tous ceux qui ont des pouvoirs ont une responsabilité n’est pas respecté dans notre constitution’’, dit-il.
A propos des pouvoirs, le conférencier estime qu’ils ne sont ni séparés ni équilibrés. Et il y a même une inféodation des deux autres par l’exécutif. ‘’Le parlement n’exerce pas tous ses pouvoirs de contrôle de l’action du gouvernement, il ne peut pas exercer le nouveau rôle d’évaluation des politiques publiques qu’on lui prépare.’’
Le pouvoir judiciaire aussi a ses maladies qui lui sont propres. ‘’La justice est dominée, elle est moins pourvue en ressources humaines et en ressources matérielles. Ses décisions ne sont pas toujours prédictibles par les usagers. Et elles ne sont pas toujours écrites’’, analyse M. Loum. Ce dernier déplore aussi le fait que des jugements soient souvent rendus, et que les justiciables restent parfois pendant longtemps sans pouvoir disposer de la grosse de jugement. A l’en croire, il faut également ajouter aux maux de la justice les abus de détention préventive.
De son côté, l’administration est désorganisée, constate-t-il. Que ce soit le recrutement, le plan de carrière, le contrôle ou la rémunération, tout dépend du bon vouloir de l’autorité. ‘’On n’est plus devant un système comme cela existait. On est devant des approches qui se télescopent. Il n’y a plus de grille de lisibilité, de règles générales et impersonnelles’’. Or, poursuit-il, avec les baux de 10 à 12 ans (deux mandats de 5 ou 7 ans) signé avec les autorités, l’administration reste, plus que par le passé, le bras séculier de l’Etat. Si des normes claires ne sont pas dégagées mais que les agents doivent leur promotion à l’autorité, cela peut être une porte ouverte à toutes les dérives avec les changements d’équipe au pouvoir.
Loum confirme Serigne Mbaye Thiam
Une analyse du secteur de l’Economie montre que celui-ci souffre de la vision pour la prospective et la planification qui n’est pas encore réhabilitée. Aux dires de l’ancien premier ministre, le pays n’a pas encore de plan et de vision prospective qui, même si elle a été préparée, n’a pas encore été adoptée et le plan n’est pas encore activé. En outre, selon lui, ‘’l’économie reste marquée par le détournement des deniers publics. Et ces derniers sont mal alloués aux secteurs et zones géographiques. Aussi, les secteurs prioritaires, même déclarés, ne reçoivent pas les sommes déclarées’’.
Mamadou Lamine Loum donne l’exemple de l’Education nationale. Entre 2000 et 2012, de fortes sommes ont été déclarées. Mais, d’après lui, quand on fait le point, il faudra attendre la huitième année (2008) pour voir le taux de réalisation approcher les 32% à 33% de réalisation, selon les chiffres officiels du gouvernement. ‘’Et pourtant, c’est 40% qui ont été toujours déclarés. Cela pose un problème, ça veut dire que le budget alloué et dédié n’arrive pas’’. Et d’ailleurs, parlant de cette éducation, Mamadou Lamine Loum n’est pas loin d’avoir la même thèse que le ministre de tutelle Serigne Mbaye Thiam. ‘’L’éducation est dans une crise profonde. Plus profonde que nous le pensons. Et ça va affecter pendant longtemps encore l’éducation de nos enfants’’, prévient-il.
Et si l’on suit la logique de Loum, il est difficile à ce jour de compter sur le contrôle. Certes, il y a des organes de contrôle dans les ministères, en plus des institutions comme l’IGE et la Cour des comptes mais les contrôles, dit-il, sont inopérants. D’ailleurs, le ministre soutient qu’il y a des dérapages récurrents, notamment les fonds d’avance qui reviennent. Mamadou Lamine Loum qui a fait une dizaine d’années au Trésor déclare n’avoir jamais connu de fonds d’avance. ‘’Nous avons pris de mauvaises habitudes qu’il faut corriger.’’
Quant aux zones géographiques, celles qui sont mal pourvues voient chaque année l’écart se prononcer avec les autres régions au lieu de diminuer, alors que la loi interdit même aux ressortissants de ces régions de rouspéter, parce que cela serait du régionalisme.
Avec ce diagnostic, autant dire qu’on est loin de l’émergence. C’est pourquoi d’ailleurs le conférencier lui-même déclare ne pas vouloir utiliser ce terme.
20 Commentaires
Anonyme
En Août, 2015 (01:15 AM)Mansawali Walimansa Presidium
En Août, 2015 (01:23 AM)CETTE FOIS C'EST MOINS BON ET MOINS FAIRPLAY ET IL FAUT AVOIR LE COURAGE DE LE DIRE ICI A HAUTE ET AUDIBLE VOIX CAR NOUS NE COMMENTONS DES HOMMES POLITIQUES QUE CE QUE NOUS LISONS ET RELISONS A L'AUNE DE NOS VERITES POLITIQUES ET DEMOCRATIQUES.
PEUT-ÊTRE QUE C'EST UNE QUESTION DE RAMASSAGE MEDIATIQUE DE CE QUE LOUM
PEUT6ÊTRE QUE C'EST UNE AUTRE QUESTION DE RELECTURE DE LA PART DE TOUS CEUX QUI NE PENSENT PAS COMME A PROPOS DDE LA GESTION ET DU BILAN DU GOUVERNEMENT EN PLACE
TOUT COMPTE L'ANCIEN MINISTRE MAMADOU LAMINE LOUM EST UN HOMME POLITIQUE DE REFERENCE DOUBLé D'UN TECHNOCRATE DE DEFERENCE
Citoyen
En Août, 2015 (01:39 AM)Il faut éviter des réactions éperdermiques dont tu sembles etre le champion. Tu penses rendre service au Président Macky que nous soutenons. Quand il faut critiquer pour le bien du pays il faut savoir accepter.
Wade disait en 2000 qu'il avait trouvé beaucoup d'argent dans les caisses. Qui était le dernier PM de Mr Diouf?
Dac
En Août, 2015 (01:42 AM)Hiro Kawazaki
En Août, 2015 (04:00 AM)À un moment, il faut arrêter de se foutre de la gueule des gens.
Anonmiir
En Août, 2015 (06:14 AM)Ca doit être dur de ne devoir compter que sur ses moyens pr un si long tps. Par contre c'est ce que nous faisons tous.
Indigné
En Août, 2015 (08:07 AM)Loum
En Août, 2015 (08:07 AM)M. Le PM
Qui a bradé les terrains sur la VND (donner même à un mauritanien)?
ACEP c'est qui? ( le départ de Blanc Blanc)?
Quelle structure de la nation a payé les études de ton frère au USA?
...........
Arrête!
Kokoriko
En Août, 2015 (08:39 AM)Anonyme Patriote
En Août, 2015 (09:11 AM)Anonyme
En Août, 2015 (09:42 AM)no Monsieur le premier ministre arretes, tu n'es pas excempt de reproches. ces maux que vivent le senegal aujourdhui nous ont ete légué par VOUS et votre regime, vous etes responsables au premier chef.la situation economique, sociale, les infrastructures se sont amelioréés .ce qui reste aujourdhui ceux sont les comportements et ca va changer. mais se lever un matin rek prendre son café et donner des lecons comme si vous n'avez rien geré, vous n'etes responsable en rien. ce n'est pas respecter les senegalais.c'est meme nous insulter. on na pas la memoire courte.
Jo
En Août, 2015 (10:06 AM)Lorsque la journaliste Mme Ndour de la 2STV lui a répondu "pourtant les salaires son payés depuis plus de 2 ans. Wade de répondre " c'est tout à son honneur".
Donc taisez vous et laissez Macky travailler. Tous ceux qui s'agitent ne le font que pour des raisons électoralistes. C'est tout. LAISSEZ LE TRAVAILLER.
Securité
En Août, 2015 (12:22 PM)Une rue appelée ‘’ SENZALLA ‘’ dans le quartier de Arafat grand Yoff ,a plusieurs reprises des hommes et femmes se sont faits agressés en plein jour ( vers 17 heures )ou même la nuit juste au niveau des 04 rues qui font face au collège THIANDOUM des HLM Grand Yoff par des jeunes de rien du tout dont la moyenne d’âge est environs 24 ans .
Parfois des hommes innocents en scooter sont tabassés en plein embouteillage et se font prendre leur engin, et certains dans leur véhicule se font prendre leur portable et le malheur c’est que personne ne réagis même les habitants du quartier qui peuvent êtres des complices…
Si vous êtes en véhicule ou scooter ou dans un bus gardez bien vos sacs, portables et n’hésitez pas de lever les vitres de votre vehicule,c’est au moment où il y’a embouteillage que ces jeunes profitent pour dépouiller les passants
La police ne réagit point et ce fléau prend de l’ampleur de jour en jour,
Nous interpellons les autorités Sénégalaises surtout Madame ANNA SEMEOU FAYE de nous donner un coup de main pour combattre ce mal qui ne cesse de grandir .
Anonyme
En Août, 2015 (12:26 PM)Des gens honnêtes, intègres et qui connaissent l'état.
Il dit une chose importante : notre modèle culturel dominant ne colle pas avec la citoyenneté. C'est tout a fait vrai. Et ce modèle culturel dominant est symbolisé par une communauté que nous connaisoons tous. Ripaille, folklore, vol, détournement, corruption, exploitation des gens sous le manteau de marabouts, protection des voleurs, 2 korité, 2 tabaski, occupation des trottoires, tapage nocturne, des dizaine de célébration d'anniversaire de leur soit disant Mame, etc.....
le modèle de développement de ce pays doit être repensé.
Anonyme
En Août, 2015 (12:48 PM)Anonyme
En Août, 2015 (12:53 PM)Allez le troupeau, continuez d attaquer
La gouvernance clienteliste - propagande politque constante - culte de la personalite du president. - clientelisme politque - clanisme - lobbyisme - partage des ressource entre oligarques - bonno seddoo yakkaar - macky n'est pas un intellectuel il gouverne comme les anciens rois du baol et cayor entoure de laudateurs
Anonyme
En Août, 2015 (19:01 PM)Anonyme
En Août, 2015 (19:12 PM)Anonyme
En Août, 2015 (10:10 AM)Guest Of The Day
En Août, 2015 (12:44 PM)Participer à la Discussion