ENTRETIEN/ Ibrahima Sory Diallo conseiller municipal à Médina Wandifa : « Le lotissement n’est pas pertinent dans une ville qui ne vit que de l’agriculture »

Ibrahima Sory Diallo est un conseiller municipal de Médina Wandifa. Exclu du conseil pour ses positions anticonformistes à la volonté du maire, il dénonce ici la gestion de l’institution municipale qu’il a vue naitre.

La gestion de la municipalité de Médina Wandifa connait ces derniers mois beaucoup de difficultés. Qu’est-ce qui ne va pas ?

Ce qui est désolant dans la gestion de notre municipalité, c’est que les budgets votés ne sont jamais exécutés. L’année dernière, dans notre budget, nous avions prévu la construction de plusieurs ponts. Au finish, c’est un seul qui a été réalisé. Jusque-là, nous nous demandons où sont passées les sommes allouées aux autres ponts. Nous dénonçons cette gestion gabégique de la chose publique.

Depuis 2009, l’année de la naissance de notre municipalité, le maire n’a rien fait. La ville est dans le noir. Il n’y a aucune volonté d’étendre le réseau électrique. Les populations sont assoiffées faute de forage fonctionnel et l’absence d’aménagement étouffe les quartiers.

N’est-il pas trop de dire que rien ne va dans la gestion du maire ?

Mais voici une autre preuve qui atteste ce que je dis : certains chauffeurs payent la taxe municipale d’autres non. Vous savez pourquoi ? Il a voulu augmenter le ticket, ils se sont coalisés et ont rejeté en masse la proposition. A la longue, certains sont revenus à de meilleurs sentiments d’autres non. 

Pourquoi voter alors chaque année les projets de budgets ?

Mais tout simplement parce certains d’entre nous sont corrompus. A cela, s’ajoute le fait que certains conseillers sont analphabètes. Ils gobent tout ce qu’on leur dit parce qu’ils ignorent leurs rôles et leurs responsabilités. Nous qui disons non, nous avons été exclus du conseil municipal selon une décision du maire non entérinée par le préfet. Mais ce qui a surtout motivé notre exclusion, c’est le fait que nous ayons quitté le parti démocratique sénégalais (Pds) avant l’élection présidentielle. 

Nous l’avons battu à plate couture. C’est cela qu’il ne supporte pas. D’ailleurs Macky Sall nous avait d’ailleurs promis, une fois élu, de mettre la mairie sous délégation spéciale mais jusque-là la décision n’est pas encore tombée.

Que dites-vous de la gestion du foncier ?

La loi du maire est singulière dans ce domaine. C’est seulement à Médina Wandifa que le propriétaire d’un champ loti, n’obtient que deux parcelles sur dix loties. Au lieu de redistribuer les parcelles aux populations, qui ne paieraient que les frais de bornage, le maire les revend à soixante quinze mille francs à des expatriés. Je rappelle que ce sont au total mille cinq cent soixante deux (1562) parcelles qui ont été loties. Si vous ôtez cela des terres d’une commune rurale, vous appauvrissez la population qui ne vit pour l’instant que de l’agriculture. Donc cela n’est pas pertinent. 

C’est pourquoi, si le président Macky Sall le maintient au pouvoir municipal, nous sommes prêts à boycotter les élections.