La 7e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité a vécu les 6 et 7 décembre 2021. Cette édition, dont le thème a porté sur «Les enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post Covid-19», a été, sans doute, marquée par l’urgence de la crise sanitaire qui touche l’ensemble du continent africain et la nécessité d’y apporter des solutions durables afin de construire un avenir pérenne.
En effet, face aux dégâts collatéraux engendrés par la crise sanitaire et la dépendance à l’extérieur dans laquelle se retrouve l’Afrique pour son approvisionnement en vaccins, investir dans la production locale s’avère être une nécessité pour la majorité des participants. S’y ajoute l’importance d’investir dans la recherche et l’éducation.
Ces deux jours ont été mis à profit aussi par les décideurs africains et internationaux, dont six chefs d’État et de gouvernement, des ministres, des représentants d’organisations internationales et d’experts (politiques, économiques, académiques et associatifs) qui ont pris part au forum, d’aborder de façon transversale et sans tabou les thématiques de paix et de sécurité.
Les échanges de cette agora mondiale ont abordé également l’impact de la crise sanitaire sur les sociétés, les économies et la sécurité des pays africains, la radicalisation de la jeunesse, les nouvelles menaces, dont les cyberattaques et les campagnes de désinformation ou encore l’autonomie des armées africaines. Fidèle à sa tradition, le forum a permis à des voix parfois dissonantes et fortes de résonner.
Toutes ces questions soulevées ont été confirmées par SE Mme Aïssata Tall Sall, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Faisant face à la presse en marge de la cérémonie officielle de clôture de la rencontre, la diplomate sénégalaise a affirmé que «le forum de Dakar a mis le curseur sur les urgences africaines : la paix, la sécurité, mais aussi le changement climatique, la santé, la jeunesse. Autant de facteurs déterminants pour le développement de nos pays».
«Il nous faut faire face aux effets néfastes d’une double crise sanitaire et économique»
Pour le président de la République du Sénégal, qui a ouvert le bal, il y a nécessité de faire face à une double crise. «Il nous faut faire face aux effets néfastes d’une double crise sanitaire et économique. Double crise à laquelle s’ajoutent pour l’Afrique la vulnérabilité particulière au changement climatique, l’intensification des attaques terroristes et la recrudescence des coups d’État (…)», a laissé entendre Son Excellence Monsieur Macky Sall, dans son discours d’ouverture des travaux.
«Isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant, c’est discriminatoire»
Son Excellence Monsieur Cyril Ramaphosa, président de la République d’Afrique du Sud, parlant sur la Covid-19, a déclaré, à son tour, qu’«isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant et qui a fait preuve de transparence, c’est non seulement discriminatoire, mais aussi contre-productif, parce que c’est inciter les autres à ne pas publier les résultats».
«En plus du coût humain lié au terrorisme, les actes terroristes visent à déstabiliser les gouvernements et à saper le développement économique et social»
Le président de la République du Niger, quant à lui, a focalisé son intervention sur la nature complexe du terrorisme et ses conséquences pour les États et sociétés africaines.
«En plus du coût humain lié au terrorisme, les actes terroristes visent à déstabiliser les gouvernements et saper le développement économique et social. Ces actes défient souvent les frontières nationales, alors que leurs motivations, financements, méthodes d'attaque et cibles sont en constante évolution. Les terroristes sont habiles à exploiter les pays dotés de faibles capacités de lutte anti-terroriste, ainsi que ceux actuellement épargnés par la menace terroriste», a soutenu Son Excellence Monsieur Mohamed Bazoum.
«La coopération entre États est essentielle pour la sécurité collective»
Son Excellence Monsieur Umaro Sissoco Embaló, Président de la République de Guinée-Bissau, a également pris part au forum de Dakar. Dans son intervention axée sur la sécurité, l’homme fort de la Guinée-Bissau a exprimé la nécessité pour les Etats africains de coopérer. Il dit : «Plus que jamais, la sécurité d’un État s’inscrit dans un contexte régional et international. La coopération entre États est essentielle pour la sécurité collective.»
«L’Afrique, dans ce combat pour la paix, a besoin de la solidarité? de ses partenaires»
La voix de l’Union africaine s’est aussi invitée à cette 7e édition du forum de Dakar. Venu prendre part à la cérémonie d’ouverture des travaux, Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l'Union africaine, a évoqué la solidarité internationale.
«L’Afrique, dans ce combat pour la paix, a besoin de la solidarité? de ses partenaires. Leur condamnation pour des raisons politiciennes et ou? démagogiques n’est pas crédible. Elle n’est pas constructive et ne devrait nullement décourager ceux parmi eux qui s’engagent vraiment à? nos côtés dans ces moments difficiles», a-t-il souligné.
«La nécessité de changer le paradigme de ce partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne»
Le forum a également enregistré la participation du Conseil européen. Son président Charles Michel a pris la parole pour souligner la nécessité de changer de paradigme dans le cadre du partenariat entre l’Afrique et son organisation.
«Je pense qu’il faut effectivement, dans ce moment de notre histoire, changer le paradigme de ce partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne (…) Cet engagement pour la coopération, pour le respect des partenaires égaux - pas simplement dans le discours mais aussi dans la réalité du comportement et dans la réalité de l'action - c'est le premier élément qui devrait je le crois fonder cette nouvelle alliance entre l'Afrique et l'Europe», a laissé entendre le diplomate européen.
«Au Sahel, la France veut aller vers plus de coopération»
La voix de la République française a également raisonné au cours de la rencontre. En effet, Madame Florence Parly, Ministre des Armées de la France, qui s’exprimait sur le Sahel, a soutenu avec fermeté que l’ambition de son pays, c’est d’aller vers plus de coopération avec les pays du Sahel.
«Au Sahel, la France veut aller vers plus de coopération. Notre but n’est pas d’agir pour les États sahéliens, mais d’agir avec eux. C'est l'ADN de l'opération Barkhane (…) Pour combattre le terrorisme, nos soldats risquent leur vie. Les tentatives de discrédit du soutien que la France apporte aux États sahéliens - et à leur demande - sont indignes. La France n’a pas d’agenda caché au Sahel. Prétendre le contraire, c’est faire le lit du terrorisme», a insisté la diplomate française.
3 Commentaires
Gora
En Décembre, 2021 (20:20 PM)Participer à la Discussion