Sans ses deux personnalités détonantes, le Parti démocratique sénégalais ne sera certainement plus jamais le même. Retour sur deux parcours incroyables.
Ils ne sont pas des conquérants. Ils ne cherchent pas à rétablir l’ordre social. Mais, ils refusent le «nouvel ordre» qui veut les soumettre au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). Farba Senghor et Pape Samba Mboup ont été exclus de la formation pour «actes d’indiscipline». Eux, vous direz, pour actes d’insubordination à Karim Wade, candidat désigné du Pds pour la prochaine élection présidentielle. Pour certains caciques, ils représentent les nouveaux symboles de l’insoumission du Pds.
Que leur reproche-t-on ? De trop parler. De critiquer le fils du Président et ancien ministre, exilé au Qatar. Que leur reproche-t-on encore ? De critiquer la décision du Parti de faire de Karim Wade, le champion du PDS pour briguer la magistrature suprême. C’est vrai. Ils ne font pas dans la dentelle avec le fils de Wade, baragouinant sans relâche du «Tout sauf Karim». Ils ne ratent pas non plus le coordonnateur national du parti, Oumar Sarr, pointant son prétendu manque d’envergure prétendu et sa supposée incompétence.
Dans les cercles restreints libéraux, ils passent pour des pourris, qui voudraient rejoindre le Macky. La grande maison marron et beige. Là, où l’herbe est devenue plus verte. C’était sans compter sur l’omnipotent Abdoulaye Wade qui a sonné la fin de la récréation. Les deux factotums sont désormais en rupture de ban après plus de 40 ans de compagnonnage au sein de la famille libérale.
Cette affaire, ils l’ont vécue comme une sorte de trahison. Car, les deux ont partagé les années de braise avec Wade avant de l’accompagner dans les lambris dorés du Palais en 2000, jusqu’à sa chute en 2012.
Farba Senghor, l’élément hors du commun
Il était la tête de turc préférée des pourfendeurs du régime. Pour certains, il personnifiait même des dérives de l'Alternance. Celle où le mérite marche à l'envers, le personnage étant considéré comme un homme sans qualité à part celle de hâbleur. Et pourtant, Farba Senghor, ancien calot bleu (la milice des libéraux) était un homme tout-puissant dans le Pds, un des principaux condottieri du patriarche Wade.
Hitler avait son Goebbels, Wade eut Farba Senghor. L'homme, grâce aux manœuvres de sa protectrice, Viviane Wade, n’a jamais été inquiété par la justice. Il est sorti blanc comme neige des casses des locaux des journaux, l’As et 24H, dans lesquelles sa responsabilité est un secret de polichinelle.
Farba Senghor, c'est aussi un parcours pour le moins burlesque et surtout un nom qui suscitait l’indignation et le mépris. L'homme est ce qu'il convient d'appeler un personnage atypique. Sorti des Ecoles nationales d’administration de Dakar et de Rome où il obtint la mention «hors du commun»- l’institut italien n’existe plus à ce jour-, Farba Senghor s’est illustré sur la scène politique par son attitude… hors du commun.
Le jeune administrateur civil qui s’était, jusque-là, limité à un travail de postier et de garçon de courses pour Viviane Wade, s’est vu propulser au rang de super ministre au lendemain de l’alternance qui a porté Wade à la magistrature suprême du Sénégal. Il est devenu tour à tour conseiller spécial auprès du chef de l’Etat, ministre délégué à la Solidarité nationale, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique rurale et de la Sécurité alimentaire, ministre de l’Artisanat et des Transports aériens, avant d’être démis de ses fonctions en 2008.
Son engagement auprès de Abdoulaye Wade et son excès de zèle dans sa fonction de chargé de propagande du PDS, lui ont valu le sobriquet de «fou du roi». Blablateur désinvolte, personnage à l’attitude vulgaire et agressive, il représente la figure de proue de la «task force Wade». «Farba Senghor est le seul à me défendre», avait lancé l’ancien chef de l’État à ses ouailles au lendemain de l’attaque des locaux de l’As et de 24h.
Rex, le Cerbère de Wade
Quant à Mboup, c’est tout le contraire de Senghor. Le petit vieux aux cheveux grisonnants n’a rien d’un personnage fantoche. Abdoulaye Wade ne se déplaçait jamais sans lui. C’était son homme de confiance. Le seul, dit-on, qui avait le courage de lui tenir tête. A ce propos, on raconte, que lorsqu’il lui arrivait de rester des jours sans donner signe de vie, excédé par la présence des obséquieux et autres béni-oui-oui, Wade demandait qu’on allât le chercher. Ce n’était pas certes son préféré, mais l’ancien chef d’Etat ne pouvait pas se passer de lui.
«C’était son jumbo à lui», disait-on dans les cercles du pouvoir. Pape Samba Mboup n’est pas un homme raffiné. On le sait. Mais, Wade l’aimait. Ses foucades, son discours franc en toutes circonstances, c’est ce qui manquait dans le cercle restreint du Président. Il ne craignait pas le Pape. Il lui était juste fidèle.
En 2004, il démissionne du gouvernement à la suite des révélations du journal Taxi, sur son présumé passé trouble de violeur et pédophile, radié de l’enseignement. Disculpé par sa victime, Wade se fait une joie de le réintégrer au Palais.
Mais, si Pape Samba Mboup est si impopulaire c’est à cause d’une histoire de morsure qu’il aurait infligé à Talla Sylla le soir de son agression. Ce qui lui vaut le surnom de Rex. En dépit de son côté sombre, certains le trouvent sympathique. «Ange ou démon» : le journaliste Serigne Saliou Samb lui consacre un bouquin. Campant le personnage que certains décrivent comme pas du tout fréquentable alors que d’autres parlent d’un individu loyal et patriote.
Entre confidences, récits et témoignages, l’ancien chef de cabinet de Wade ne laisse personne indifférent. Il est au cœur du dispositif présidentiel, il s’est illustré par un combat acharné contre Idrissa Seck avant de s’illustrer par des manœuvres pour des retrouvailles de la grande famille libérale. Il était chaque jour, au devant de la scène.
Le Pds se déleste de deux figures haut en couleur. Ces personnages infréquentables desquels on se gaussait hier, sont soudain devenus le symbole de la résistance aux Wade. Des Insoumis !
23 Commentaires
Mbodji Iba Depuis Lespagne
En Mars, 2017 (13:31 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (13:47 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (13:52 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (14:11 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (14:29 PM)les traitres useront tous les mensonges pour se justifier
wégn fou tooy moiu dal
tous ces traitresqui se cachent derière des partis, des mouvements et autres tremblaient devant wade
Anonyme
En Mars, 2017 (15:14 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (15:53 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (16:19 PM)Qui peut citer une seule communauté rurale où Wade n'a pas construit quelque chose ?
Quel était le nombre de lycée avant Wade et quels sont leur nombre après lui ?
Le nombre de case de santé de dispensaire de cases des tous petits d'école primaire de cem d'université de route goudronnée ? Il a même créé la fonction badianou gokh.
Donc si Mr lekh reuy biir vs manipule pour jeter du discrédit sur Wade on s'en tape.
À ayda Mbodje certes tu peut faire perdre le pds à bambey mais tu peux pas gagner bambey sans pds.
Entre dans les rangs le pds a besoin de toi mais pas comme numéro 1.
Anonyme
En Mars, 2017 (16:22 PM), sinon, tout ce qu ils denoncent aujourd hui existait avant
Anonyme
En Mars, 2017 (16:32 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (17:01 PM)Insolite
En Mars, 2017 (17:08 PM)Nikolas Huchard
En Mars, 2017 (17:19 PM)Mboup est certes un canidé mais il n' a jamais mordu Sylla.
" Mais, si Pape Samba Mboup est si impopulaire c’est à cause d’une histoire de morsure qu’il aurait infligé à Talla Sylla le soir de son agression. "
Anonyme
En Mars, 2017 (17:19 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (18:26 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (18:47 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (19:03 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (19:38 PM)Anonyme
En Mars, 2017 (22:03 PM)fr ance
Anonyme
En Mars, 2017 (22:03 PM)fr ance
Anonymepatali
En Mars, 2017 (06:05 AM)Vérité
En Mars, 2017 (10:24 AM)Anonyme
En Mars, 2017 (15:50 PM)Participer à la Discussion