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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Khadim Diop sur la Bonne gouvernance : « Le Sénégal a réalisé d’importants progrès »

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Khadim Diop sur la Bonne gouvernance : « Le Sénégal a réalisé d’importants progrès »

Le Sénégal fait partie des meilleurs élèves en bonne gouvernance. Telle est la conviction du ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Promotion de la bonne gouvernance. Dans cette interview réalisée après la présentation du rapport du Sénégal par le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) au siège de l’Union africaine, lors du 28eme sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, Khadim Diop, a magnifié des progrès réalisés par notre pays en bonne gouvernance. Il reconnait, cependant, qu’il y a des défis à relever comme le souligne le Maep dans son rapport. Il assure que le Sénégal va travailler davantage pour faire cela en s’appuyant sur son plan national d’actions et du programme d’activités mis en place par son département.

Pouvez-vous revenir sur les temps forts de la présentation du rapport sur le Sénégal par Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) lors du 28ème sommet de l’Union africaine ? 

Les temps forts, c’est la présentation du rapport que le panéliste en chef a fait de grand trait concernant le pays. Cette présentation est suivie par un débat où les chefs d’Etat interrogent le président sénégalais sur les questions concernant la gouvernance au Sénégal. Certains ont fait des témoignages ou des contributions. Ce qui a été intéressant, c’est qu’à l’issue de la présentation du rapport par le paneliste, toutes les réactions ont été unanimes et tous les chefs d’Etat qui ont pris la parole ont salué les efforts faits au Sénégal depuis l’accession à la magistrature suprême du président Macky Sall. Ils ont également salué les acquis démocratiques notés au Sénégal depuis bien longtemps. L’autre temps fort est que dès que le président de la République prend la parole sur un aspect important, les chefs d’Etat apprécient, de manière positive, son intervention et la pertinence du point soulevé. Ce fut des moments forts et le chef de l’Etat a fait montre de leadership. Lequel s’affichant chaque jour et de plus en plus. Je suis très fier de travailler avec le président Macky Sall.

Est-ce que vous pouvez nous parler du processus, de l’élaboration à la présentation de ce rapport aux chefs d’Etat africains ? 

Il est important de revenir sur ce processus qui a été déclenché d’abord au Sénégal par l’installation de la commission nationale de gouvernance. Cette commission a été créée par un décret et installée par le Premier ministre en novembre 2014. Le processus a été lancé en début 2015. Les premières étapes étaient de constituer cette commission et d’organiser justement l’évaluation du Sénégal. C’est une auto-évaluation, c’est-à-dire le Sénégalais évalue le Sénégal. Le secrétariat permanant est logé dans mon département et il travaille avec la commission nationale de gouvernance qui est une structure indépendante. Elle est constituée des membres de la société civile, de l’administration, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique, social et environnemental, le privé, la presse, l’Ordre national des médecins du Sénégal, bref tous les segments de la nation sont représentés. C’est cette commission qui a choisi des institutions de recherche constituées des laboratoires de recherches qui ont fait des études de perception de la gouvernance au Sénégal. Ensuite, des consultations citoyennes ont été organisées dans les 14 régions du Sénégal. Nous avons constitué des équipes qui sont allées partout. Des foras ont été organisés et les populations ont donné leurs avis sur la citoyenneté et la gouvernance. C’est la compilation de ces deux rapports de l’Institut technique de recherche et des consultations citoyennes qui ont fait l’objet du rapport où les Sénégalais ont évalué le Sénégal. La deuxième étape de ce processus d’évaluation est menée par le Maep qui est un mécanisme volontaire continental dont le siège se trouve en Afrique du Sud. A l’issue donc de l’étape d’auto-évaluation, notre rapport est prêt et le mécanisme envoie 18 experts qui séjournent au Sénégal pendant deux semaines. Ils ont fait, eux aussi, le tour du Sénégal comme les Sénégalais. Ils ont interrogé tous les segments de la société sénégalaise. Ils ont fait des consultations citoyennes. C’est à l’issue de cela qu’ils ont fait un autre rapport qui est presque une contre expertise parce que nous avons un peu diagnostiqué la situation de la gouvernance du Sénégal. C’est ce rapport là, justement, que le gouvernement sénégalais doit observer. Ce rapport a fait l’objet de présentation par le président Macky Sall d’où le jeu d’évaluation par les pairs. Le paneliste en chef a fait une présentation très résumée du rapport du Sénégal. En réponse, le président de la République fait un discours réponse et les autres chefs d’Etat interviennent pour apporter des contributions.

Est-ce que d’après ces deux rapports le bilan du Sénégal est positif en bonne gouvernance ?

Le bilan ne peut qu’être positif parce que quelque part, nous avons obtenu des avancées dans ce domaine. Je disais, s’il y a un seul rapport qui est bon en Afrique, c’est certainement celui du Sénégal, parce que beaucoup d’atouts ont été relevés. Le Sénégal est un pays démocratique qui vote depuis longtemps. C’est un pays stable où il y a la sécurité. Mieux, le Sénégal est un pays où il y a le dialogue politique. Au Sénégal, des politiques d’émergence ont été mises en place depuis 4 ans. Ces politiques permettront l’émergence dans un proche horizon. Ce sont ces aspects qui ont été sortis dans le rapport. Evidemment, il y a des défis parce qu’il nous reste beaucoup de choses à faire. Il faut reconnaître, cependant, que des actes ont été posés dans la lutte contre la corruption et les enfants de la rue. Des mesures ont été prises par le chef de l’Etat pour développer le secteur privé et améliorer les conditions d’existence des personnes vivant avec un handicap. Mais le travail est en train d’être mis en œuvre pour que nous puissions relever tous les défis.

Pouvez-vous nous parler du plan national d’actions qui sera mis en place après la présentation du rapport sur le Sénégal ? 

Oui, le rapport a abouti à une phase importante qui est la mise en place du Plan national d’actions. A l’issue de ce rapport, des atouts ont été présentés et des défis relevés. Lesquels ont permis de concocter un plan national d’actions qui doit être mis en place. C’est comme ça que le mécanisme fonctionne. Le processus est constitué de trois étapes : il s’agit de l’auto-évaluation, le pays s’évalue lui-même, l’évaluation par des pairs et ensuite, l’établissement d’un plan national d’actions qui doit être arrimé au Plan Sénégal émergent. Ce plan national d’actions va être élaboré. Nous allons convoquer un groupe et faire entrer d’autres acteurs de l’administration dans la commission nationale de gouvernance pour que nous puissions dérouler un plan cohérent avec la politique du développement et social qui est en train de se dérouler actuellement.

Justement, quelle sera l’importance de ce Plan national d’actions ? 

Le plan national d’actions est d’une importance capitale parce que nous sommes en train de dérouler le Pse qui est une vision à moyen et long terme du président de la République pour mener le Sénégal vers l’émergence à l’horizon 2035. Ce plan est déjà écrit et en train d’être déroulé. Quelle que soit la qualité du rapport national pour avoir de la cohérence, il faut que celui-ci regroupe le plan qui est en exécution. Il s’agira de faire l’arsenal de l’action allant dans le sens justement de relever les défis et de renforcer les acquis et atouts soulignés dans ce rapport. C’est en cela que le plan national d’actions a été concocté. La finalité même du rapport du Maep est de diagnostiquer et de montrer l’état de la gouvernance du pays soumis au processus d’évaluation. Si, c’est une gouvernance à améliorer, il vous dira dans quel domaine. C’est dans ce sens que nous avons fait un plan et nous aurons à présenter des rapports d’étape. Quand nous étions à Addis-Abeba, il y a eu des pays qui ont présenté les rapports d’étape. Ils suivent le rapport d’auto-évaluation. Chaque année, vous devrez faire le point sur les recommandations qui sont sorties du rapport. Le Sénégal est en avance par rapport à beaucoup de choses notamment la parité, l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant avec un handicap… Néanmoins, le Maep nous a appris certaines choses. C’est l’ensemble des points à améliorer qui feront l’objet du plan national d’actions.

Beaucoup de Sénégalais mettent en cause la bonne gouvernance tant chantée par le président de la République et ses collaborateurs parce qu’estimant qu’il y a encore beaucoup de choses qui n’entrent pas dans ce processus, par exemple, la démission du magistrat qui ne se sentait pas à l’aise dans son travail… ? 

Khadim Diop ministreLa justice est un volet de la gouvernance. Mais, on ne peut pas passer sous silence parce qu’il y a quelqu’un qui a déclaré qu’il ne se retrouve plus dans le conseil de l’administration de la magistrature pour oublier toutes ces réformes qui ont été dictées par un besoin d’améliorer la gouvernance du secteur. Des réformes extrêmement importantes parce que visant le rapprochement de la justice aux justiciables, notamment la réduction des délais de garde à vue entre autres réformes. Il y a beaucoup de mesures positives allant dans le sens d’améliorer la bonne gouvernance. Cependant, il se pose un problème de principe. A la place du magistrat qui a fait sa déclaration de démission du Conseil, je serai resté à l’intérieur pour changer des choses. La deuxième chose sur laquelle je vais insister, c’est que le magistrat a évoqué, entre autres problèmes : la consultation à domicile. En tant que banquier, je suis bien placé pour parler de consultation à domicile. La consultation à domicile permet d’être plus efficace et réactif en répondant rapidement. La banque en use beaucoup. Quand vous avez un dossier de crédit comme la banque en a tous les jours et que c’est difficile de réunir physiquement l’ensemble du comité du crédit, on peut consulter ses membres à leurs bureaux où à l’endroit où ils se trouvent pour qu’ils donnent leur point de vue. La consultation à domicile, c’est pour améliorer l’efficacité. D’ailleurs, nous sommes en train de viser la dématérialisation. Si cela se réalise, le conseil supérieur de la magistrature peut ne plus se réunir car chacun peut, à travers son ordinateur, prendre sa décision qui sera fédérée à travers une plateforme. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons aller plus vers une consultation à domicile vu que les gens ont des charges de travail plus importantes.

La bonne gouvernance est-elle, aujourd’hui, une réalité au Sénégal ? 

La bonne gouvernance est une œuvre dynamique et continue. On ne peut pas s’arrêter pour dire que les mesures qui ont été prises dans ce domaine sont des acquis définitifs. Non ! Même les pays nordiques qui sont les champions en bonne gouvernance doivent continuer à faire des efforts et sans arrêt. Je ne suis pas du genre à m’auto-satisfaire de quoi que ce soit. Je suis exigeant avec moi-même et avec mon pays. Le Sénégal a réalisé des progrès en matière de bonne gouvernance. Personne ne peut nier ces avancées car depuis l’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême en 2012, de nombreux actes de bonne gouvernance ont été posés. Il y a, par exemple, des textes internationaux qui n’étaient pas internalisés, le chef de l’Etat l’a fait. Il a ratifié d’autres textes comme le traité de la Cedeao sur la corruption. Le Sénégal était inscrit et engagé dans le Maep depuis 2003 mais l’évaluation n’était pas fait. A son arrivée au pouvoir, le président de la République a fait de la bonne gouvernance une de ses priorités. Il a matérialisé cela avec la création du ministère dédié à la Promotion de la Bonne gouvernance. Il a réactivé aussi le Maep et s’est soumis à l’exercice d’évaluation qui n’était pas évident parce que tous les chefs d’Etat n’accepteraient pas de le faire. La Côte d’Ivoire l’a fait tout récemment. D’autres pays ont même arrêté leurs processus d’évaluation. Ce sont des efforts importants qui produisent des résultats parce que si le Sénégal améliore régulièrement son classement dans l’indice de perception de la corruption, de la gouvernance, entre autres, c’est parce que des choses ont été réalisées dans ce sens. Maintenant, il reste beaucoup à faire. Nous avons encore beaucoup de défis à relever.

Dans le rapport d’Addis-Abeba, il a été recommandé à l’Etat du Sénégal de renforcer le dialogue avec ses adversaires politiques et autoriser davantage de manifestations comme les marches ? 

A mon avis, cela est dépassé aujourd’hui parce que le président de la République, dans sa réponse au siège de l’Union africaine, a donné des chiffres à l’appui. Il a révélé que les taux de manifestations autorisés au Sénégal avoisinent 97 %. Quand, le ministère de l’Intérieur en charge de ces questions interdit une manifestation par l’intermédiaire du préfet, c’est souvent pour des raisons de sécurité publique. Si quelqu’un veut exercer ses libertés, il ne doit pas empiéter sur la liberté des autres. Pour ce qui concerne le dialogue, le président de la République, à la veille de son départ pour Addis-Abeba, en fin janvier, avait demandé à rencontrer les membres de l’opposition qui ont refusé de répondre à l’appel. Pour dialoguer, il faut être deux. Le président de la République, avant la sortie du rapport, a organisé un dialogue national. Sur le plan privé, le rapport a fait quelques reproches au Sénégal. Heureusement que le président de la République a donné quelques réponses convaincantes. On ne peut pas, aujourd’hui, dans un environnement de concurrence nationale et internationale favoriser un secteur et laisser l’autre. Le président a demandé au secteur privé de se regrouper pour avoir le maximum de chance de gagner des marchés. Les projets proposés pour l’émergence sont de grande envergure. Il faut se regrouper pour avoir de la taille et gagner ces marchés. Sinon une petite entreprise ne peut pas gagner ces marchés. En se regroupant, le secteur privé sénégalais aura plus de moyens pour gagner ces marchés.

On s’approche des élections législatives, est-ce que, dans votre base, les choses s’accélèrent ? 

Une élection se prépare par la réalisation des promesses faites à vos électeurs. Au moment de retourner, les populations vous demandent le bilan. Le président de la République est en train de faire des choses importantes pour le développement que ce soit sur le plan infrastructurel, social avec le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) qui vise à équilibrer l’écart entre les mondes rural et urbain. Il rééquilibre même au sein des villes parce que l’objectif de Promo-villes est de donner plus d’importances aux petites villes… La préparation des élections passe par la présentation d’un bon bilan. A mon avis, ce bilan est positif. Je compte jouer un rôle politique en tant que ministre. Je m’associe à toutes les activités de ma base, en essayant d’aider les femmes et les jeunes à se regrouper. Je participe à toutes les activités sociales qui s’organisent à la base. Je crois que les populations ne manqueront pas de sanctionner cela positivement.

Est-ce que la défaite d’Abdoulaye Bathily au poste de la présidence de la Commission de l’Union africaine est un échec diplomatique ? 

Je ne lis pas les choses comme ça. Le président de la République s’est longuement expliqué sur la question. Je parle à son nom. Si le chef de l’Etat avait une seule obligation, c’était de doter le candidat Abdoulaye Bathily de moyens. Il a mobilisé les moyens nécessaires et apporté cette candidature comme il le fallait. Maintenant, il y a une réalité politique c’est-à-dire des Etats qui ont promis de soutenir cette candidature et qui n’ont pas respecté leurs paroles. Le Tchad dont la candidature est passée, s’explique par le fait que nous avons connu des fissures dans les rangs de la Cedeao puisque les 15 voix de la Cedeao ne sont pas allées à Abdoulaye Bathily, sinon au premier tour, il aurait, au moins, 15 voix. Cela veut dire qu’il y a d’autres intérêts au sein de la communauté. Le Mali, aujourd’hui, doit une dette de sang au Tchad. Ce n’est pas surprenant si ce pays vote pour le candidat tchadien. Le président de la République a fait ce qu’il devait faire pour d’autres candidatures, cependant, il y a d’autres réalités qui ont fait que le Pr Abdoulaye Bathily n’a pas pu gagner ces élections.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Latsabetcha

    En Mars, 2017 (18:03 PM)
    Le plus invisible de nos ministres: depuis notre indépendance. (57 ans).
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  2. Auteur

    Latsabetcha

    En Mars, 2017 (18:03 PM)
    Le plus invisible de nos ministres: depuis notre indépendance. (57 ans).
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