Les sénégalais iront-ils aux urnes ?

Après le show des caravanes, meetings et autres manifestations politiques, l’heure de vérité. La propagande s’est achevée ce vendredi à minuit et le vote va se dérouler ce dimanche 29 juin dans l’étendue du territoire national. 

Les sénégalais qui devront élire les maires des différentes localités du pays iront-ils accomplir en masse leurs devoirs civiques ? La question mérite d’être posée quand on sait que, contrairement aux élections présidentielle et législatives, les élections locales et municipales suscitent moins d’engouement. Cela, conjugué au fait que certains maires sortants n’ont pas laissé une belle image de l’édile rend les choses moins simples.

Ce dimanche, les citoyens sénégalais auront l’opportunité d’élire à la tête de leurs localités les maires de leur choix. Néanmoins, force est d’admettre que le parfum d’un fort taux d’abstention exhale de ces Locales. En effet, moult faits incitent à redouter un pareil incident. Déjà, à 24 heures du scrutin, des cartes d’électeur en quantité élevée sont encore en souffrance dans les commissions de retrait. 

A Thiès, plus de 40.000 cartes ne sont toujours pas retirées et 33.070 autres dorment au niveau des différentes commissions de distribution du département de Podor. Jusqu’au 15 mai, il y avait encore un grand stock au niveau national qui tournerait à environ 400.000 cartes d’électeur. 

D’ailleurs, en marge d’une visite dans des commissions de distribution des cartes d’électeur, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo reconnaissait qu’il y avait encore des efforts à faire en ce sens.

Outre ce « refus » de retirer les cartes devant permettre aux citoyens de se présenter dans les bureaux de vote, les enjeux de ces Locales n’étant pas les mêmes que ceux de la présidentielle et ceux des Législatives peuvent expliquer en quelque sorte l’indifférence dont font montre les populations. Nonobstant l’importance capitale de ces Locales, avec surtout l’Acte III de la Décentralisation qui donne beaucoup plus de possibilités aux localités, on ne sent pas réellement la volonté participative et le choix intéressé des citoyens. 

Autrement dit, pour une large part, les bruits de quartiers dégagent juste des frustrations et des indifférences. Pis, chez certains, le débat tourne autour de la Coupe du monde de football qui se déroule au Brésil et qui, manifestement, ne laisse pas de marbre les sénégalais, même si leur équipe n’y participe pas. La floraison de listes (2700) ainsi que les discours violents et la violence qui en est découlée pourraient également favoriser l’abstention. En tout état de cause, les observateurs avertis redoutent un fort taux d’abstention. Il faut juste rappeler qu’un faible taux de participation a marqué les dernières élections législatives sénégalaises. L’adoption des lois qui n’allaient pas de pair avec l’intérêt général, sous les yeux complices de bon nombre de députés de la 11ème législature avait sans doute inspiré le dégoût aux citoyens qui avaient décidé de faire part de leur indignation en boudant tout bonnement les urnes.