Mbaye NDIAYE, chargé de l'implantation et de la structuration : « L’Apr a presque atteint un million de militants »

Le chargé de l’implantation et de la structuration de l’Alliance pour la République, Mbaye Ndiaye, révèle que ce parti a presque atteint le chiffre d’un million de militants. Selon lui, ces nouveaux militants viennent de la société civile, du Pds et d’autres formations politiques. M. Ndiaye explique que l’objectif de l’Apr est de gagner le maximum de collectivités locales et d’assurer à Macky Sall une victoire au premier tour à la prochaine présidentielle.  

 

A quelques mois des élections locales, comment se porte l’Alliance pour la République ?

« A quelques mois des élections, notre parti se porte très bien. Sur le plan de l’ouverture, nous sommes en train de massifier sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora. L’Apr devient de plus en plus le parti le plus attractif de l’échiquier politique national. Par rapport à la solidification de l’existant, le parti s’organise de mieux en mieux. Il y a beaucoup de confiance par rapport à la qualification de parti majeur qu’on pouvait coller à l’Apr Yaakar. Nous sommes en train de travailler pour la maîtrise de l’espace concurrentiel que constitue la conquête des 550 Collectivités locales. Le parti connaît les Collectivités locales où nous avons eu des difficultés au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. C’est par rapport à cette réalité objective du terrain que nous sommes en train de préparer les élections de 2014. Nous travaillons à la maîtrise des forces réelles en présence et au suivi des leaderships locaux. Nous avons terminé la mise en œuvre de la structuration du parti en termes de reprise de la vente des cartes. Il s’agit pour nous de continuer l’implantation du parti à travers des comités politiques. Ces comités sont la base de la structuration. Celle-ci s’arrête, au niveau organisationnel, aux comités qui sont des cellules de 100 personnes autour d’un coordonnateur. Nous avons adopté cette stratégie depuis la création du parti. Nous la maintenons. Cela veut dire que nous en étions autour de 4.000 comités avant les élections de 2012. Aujourd’hui, nous souhaitons atteindre l’objectif d’un million de militants.»

Comment comptez-vous atteindre ce chiffre ?

« Nous avons presque atteint le chiffre d’un million. Il reste simplement à formaliser leur arrivée. Ces militants viennent du Parti démocratique sénégalais et de tous les autres segments de la société. Ce sont souvent des Sénégalais qui ne s’intéressaient pas à la politique. Ces militants viennent aussi des autres formations qui existent dans l’espace concurrentiel. Nous sommes assez fiers de dire au président, Macky Sall que le parti est fin prêt pour aborder, avec succès, les élections locales de 2014 afin de donner à l’Apr une forte majorité sur l’ensemble des Collectivités locales en jeu. Nous accueillons tous les jours de nouveaux responsables, en particulier des porteurs de voix. »

 

Des résistances contre l’arrivée des dignitaires de l’ancien régime sont notées au sein de l’Apr. Comment expliquez-vous cela ?

« Les anciens responsables et militants du Pds sont les bienvenus tant qu’ils ne trainent pas des casseroles qui les conduisent à la justice. Pour les responsables qui sont en conflit avec la justice, il faut attendre qu’ils soient des militants libres de tout soupçon. A partir de ce moment, ils seront les bienvenus. A commencer par Oumar Sarr. Le jour où ils auront terminé d’apporter les preuves que la justice leur demande, l’Apr sera prête à les accueillir. Je suis convaincu que ce sont des citoyens qui ont beaucoup donné au pays, mais il faut qu’ils rendent compte d’abord. Tout citoyen doit accepter cela. Ceux qui n’ont aucun problème avec le mode de gestion qu’ils ont assumé dans un passé récent sont les bienvenus. 

Nous leur demandons de venir travailler aux côtés du président, Macky Sall pour l’aider à construire ce pays dans la continuité des choses bien faites et dans le rejet de tout ce qui semble être contraire à la dynamique de valeurs de gestion vertueuse à laquelle le président, Macky Sall appelle les Sénégalais. Les responsables du Pds qui n’ont jamais été mêlés à des fautes de gestion dans un passé récent ont leur place dans notre parti. Nous leur tendons les bras, parce que l’Apr est ouverte à tous les fils du Sénégal. »

 

Ne risquez-vous pas de faire du « Wade sans Wade » ?

« Le président Abdoulaye Wade, jusqu’à un passé récent, travaillait sur le plan de la consolidation de la démocratie. C’est seulement dans la dernière période de son magistère qu’il est devenu méconnaissable. Le peuple ne se reconnaissait plus en l’homme Wade pendant les derniers moments du régime libéral. Le déclic est venu de sa contradiction avec le président Macky Sall. Wade est allé jusqu’à s’identifier à l’Etat. Il n’y a pas de Wadisme que nous rejetons autre que les insuffisances du respect des normes démocratiques, de la gestion vertueuse des affaires de l’Etat. Ce sont ces points qui nous ont écartés de Me Wade. Mais, nous approuvons son engagement à renforcer la démocratie. Tous les régimes ont le devoir de consolider ce qui est bon et de combattre, sans relâche, tout ce qui constituait une déviation. Tout ce que Senghor, Abdou Diouf et Wade ont fait de bon pour le pays est un patrimoine. Macky Sall s’enracine sur ces valeurs et ajoute un plus  sur les plans politique, économique et social. »

 

Vous ouvrez les portes de l’Apr aux responsables libéraux au moment où votre allié, Idrissa Seck, semble prendre ses distances…

« Idrissa Seck s’écarte de nous dans un langage, mais il est dans le compagnonnage avec le président Macky Sall. Il a des boutades selon les situations. Idrissa Seck veut exprimer son indépendance d’esprit à chaque fois qu’il le juge utile. C’est peut-être au niveau de la concertation qui pouvait être antérieure à telle ou telle sortie que les Sénégalais ont quelques difficultés. Il est dans la mouvance «Bennoo Bokk Yaakar ». Et je pense qu’il n’y sortira pas. On partage la responsabilité de gérer le pays. Il a un espace d’expression où il peut être bien entendu. Le président Macky Sall le reçoit chaque fois que de besoin. Les boutades auxquelles nous assistons sont circonstancielles. C’est le style de l’homme. Idrissa Seck est un libéral qui veut s’exprimer librement. C’est cela peut-être qui explique ses va-et-vient. Il faut respecter sa méthode et en prendre acte, mais il reste un allié du président de la République. Nous prenons acte, mais ses sorties ne nous gênent pas. On serait gêné le jour où quelqu’un parmi nos partenaires claque la porte de manière définitive. »

 

D’aucuns estiment que Idrissa Seck sera un adversaire de Macky Sall en 2017…

« Il faut accepter cela. Tout le monde a des ambitions, mais nous ne sommes pas encore en 2017. Le moment n’est pas venu de marquer la différence. Dans le cadre de la gestion de Bennoo Bokk Yaakar, ce qui est mis en bandoulière, c’est l’intérêt de la patrie. Le Sénégal a besoin d’hommes et de femmes qui s’acceptent mutuellement et qui travaillent ensemble à consolider la démocratie, à identifier les insuffisances pour le développement national. En cela, nous partageons le dossier de la traque des biens mal acquis. Il peut y avoir des détails pour lesquels les points de vue divergent. Mais, ce compagnonnage ne veut pas dire qu’il faut tuer toutes les ambitions des uns et des autres. Nous ne sommes pas des enfants de cœur. Nous savons que ceux qui sont dans « Bennoo Bokk Yaakar », pour la plupart, sont des adversaires d’hier du président Macky Sall. Nous les avons battus démocratiquement et ils ont accepté de venir travailler avec nous, mais nous sommes sûrs que ce compagnonnage n’a pas tué en eux l’ambition de se mesurer aux prochaines élections présidentielles.

 

Que comptez-vous faire ?

« Nous ne sommes pas non plus des enfants de cœur. Nous nous préparons. Nous allons faire face pour confirmer davantage que la majorité politique et sociale est du côté de l’Apr Yaakar. Ceux qui en doutaient ont découvert, en février 2012, que Macky Sall était le point d’union de l’espoir du peuple sénégalais. Et à ce titre, son parti se prépare pour disposer d’une majorité. Le président Macky Sall dispose d’une majorité sociologique qui va lui permettre de gagner en 2017 dès le premier tour. Nous ne travaillons pas pour un second tour. Que nos futurs adversaires le sachent. Nous sommes au pouvoir pour y rester par la voie démocratique, le travail, la gestion vertueuse. »

 

La menace ne risque-t-elle pas de venir de l’Apr si l’on prend le cas de Alioune Badara Cissé ? 

« C’est un problème de style. Alioune Badara Cissé fait partie de ceux qui ont accompagné le président Macky Sall avant la création de l’Apr et après la création de l’Apr. J’estime que ceux qui sont ensemble ne doivent pas accepter de prendre des positions qui peuvent être lues comme des contradictions ouvertes. Je pense très sincèrement que c’est un problème de style. Je suis sûr qu’Alioune Badara Cissé est un militant convaincu de l’Apr Yaakar. Je souhaite tout simplement qu’il continue de coordonner ses prises de position. Mais, il est en train de travailler, au même titre que tous, à élargir les bases du parti. C’est le style qui peut être gênant pour ceux qui ne comprennent pas. En tout état de cause, je l’invite à venir partager avec nous, dans le parti, tout ce que nous avons en commun. Le président Macky Sall est son compagnon. Il le réaffirme. Les sorties gênantes doivent faire l’objet de correction. J’échange souvent avec lui des Sms, mais je vous dis que c’est un homme que personne ne peut écarter de l’avènement de Macky Sall. Mais, quand on a bâti un instrument, il faut continuer à l’aménager, le sauvegarder. Dans l’élaboration de la victoire, Alioune Badara Cissé a agi au même titre que nous tous, mais il faut qu’il participe à la conservation de cet outil, non pas avoir un style qui peut être mal compris. Ce n’est ni à son intérêt, ni à celui de l’Apr. Il doit revoir son style. »

 

Avez-vous entrepris des démarches pour arrondir les angles entre le président Macky Sall et son ancien ministre des Affaires étrangères ?

« Il n’y a pas de distances à rapprocher. Le style d’Alioune Badara Cissé est un style permanent. C’est un juriste qui aime la liberté, mais le compagnonnage a des exigences quand vous avez la responsabilité de gérer le destin national. A ce titre, je l’appelle à revoir son style d’exercice de la liberté pour savoir que le pays a besoin d’une solidarité agissante entre les responsables de l’Apr Yaakar autour du président de la République. »

Pour éviter les querelles au sein de la mouvance présidentielle, Bennoo Siggil Sénégal propose la création d’un cadre de concertation. Qu’en pensez-vous ?

« C’est souhaitable. Ce cadre existe d’ailleurs. Nous avons conduit, avec les leaders de « Bennoo Bokk Yaakar», les rencontres avec la plupart des grandes ambassades à Dakar. Nous avons mené un travail de sensibilisation de commun accord avec Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily et les autres leaders. Il faut peut-être animer davantage ce cadre. Cependant, l’animation d’un cadre de concertation ne doit pas être considérée comme une sorte de collégialité dans la gestion de l’Etat. Cela peut être un cadre politique d’anticipation ou une force de proposition par rapport au programme « Yonou Youkouté » du président Macky Sall. Ce programme a été accepté par tous ceux qui soutiennent le président à travers « Bennoo Bokk Yaakar ». Ce programme doit être défendu. Nous entendons parfois des alliés dire qu’ils ne peuvent pas être des caisses de résonnance de l’Apr. J’estime que tous ceux qui sont avec lui dans la coalition doivent être sa boîte de résonnance pour la réussite du programme. »

 

Macky Sall a-t-il créé les conditions permettant à ses alliés d’être la boîte de résonnance de sa politique ?

« Il faut que chacun assume ses responsabilités. Quand on est dans le même gouvernement et les mêmes responsabilités dans les directions des sociétés, il faut assumer ensemble. C’est cela qu’on attend des uns et des autres. La solidarité autour de la responsabilité d’avoir été ensemble doit prévaloir. Tout le monde sait qu’à la suite de l’élection du président Macky Sall que si les autres n’étaient pas dans la même liste, cela allait être difficile pour certains partis alliés d’avoir autant de députés. C’est dans la solidarité, l’union que nous sommes parvenus à distribuer autant de députés. Nous devons également cela à la générosité du président Macky Sall. Le président Sall ne fait pas de petits calculs quand il s’engage avec ses compagnons. C’est cela qui l’a poussé à dire la patrie avant le parti. »

 

Que pensez-vous du débat sur le mandat du président de l’Assemblée nationale ?

« Je dois dire, en toute sincérité, qu’il y a des problèmes de fond. Dans l’élaboration de la démocratie parlementaire, le Sénégal a inscrit son action autour de la personnalité du président de l’institution parlementaire, le président. Or, la bataille que nous devrions menée devrait être orientée autour de ceux qui animent l’institution parlementaire. La promotion de la responsabilisation de telle ou telle personnalité devrait s’opérer autour des membres du bureau, mais pas autour du président. Si une bataille devait s’opérer pour maintenir les membres du bureau dans la durée pour toute la mandature, je pense que ce serait très acceptable. S’arrêter seulement autour du président de l’Assemblée pose un problème. Si l’on s’arrête sur le mandat du président de l’Assemblée nationale, je suis pour un mandat renouvelable tous les ans. La politique étant ce qu’elle est, reconduire le président tous les ans pourrait faire l’affaire. Le président Macky Sall a des leviers solides sur lesquels il peut s’appuyer pour diriger le pays. Si les gens pensent que Moustapha Niasse pourrait le gêner, rien n’empêche au président de la République de ressusciter le Sénat. Et de faire du président du Sénat la deuxième personnalité de l’Etat. 

Le président Sall ne fait pas de calculs. C’est un débat démocratique qui s’installe. En tant que clé de voûte des institutions, il laisse le débat s’éclore. L’Apr n’est pas gênée par ce débat, mais que les gens sachent que le président Macky Sall ne fait pas de calculs. Il s’est accompagné avec le président Niasse qui respecte sa parole. Ceux qui s’agitent pour trouver des failles dans les relations entre les deux personnalités perdent leur temps. Ce sont des hommes qui respectent leur parole. Le président Niasse pense à autre chose que de s’opposer au président Macky Sall. Tout comme Macky Sall pense à autre chose que de vouloir déstabiliser le président Niasse. »

 

Comment l’Apr entend-elle engager les prochaines élections locales ?

« Nous allons consolider les acquis. Nous allons voir pourquoi nous sommes faibles dans certaines zones. Il y a eu 9 départements dans lesquels nous avons eu des difficultés au premier tour de l’élection présidentielle. Nous connaissons les forces et les faiblesses du parti. Nous sommes à la conquête du leadership local. Partout où nous étions majoritaire, nous allons renforcer. Là où nous étions à la limite de la majorité, nous allons élargir. C’est à ce titre que nous rencontrons beaucoup de leaders d’opinion. Nous avons demandé aux militants d’avoir une approche réaliste. 

Que le leadership s’opère là où nous étions forts. Mais là où nous étions faibles, il faut reconnaître aux nouveaux arrivants la possibilité d’être parmi les leaders du groupe. Nous irons aux locales en cherchant le maximum de voix. L’Apr ne lie pas les mains des uns et des autres. Cela n’a aucune conséquence avec le compagnonnage de «Bennoo Bokk Yaakar». Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux militants. Il faut qu’on fasse tout pour avoir la majorité partout. Cela va nous permettre d’aborder les élections de 2017 dans un esprit de victoire. Toutes les grandes villes du Sénégal constituent notre cible dans un esprit d’engagement irrévocable. »

 

Vous semblez écarter une participation de l’Apr sous la bannière de Bennoo Bokk Yaakar… 

« C’est impossible d’aller sous la bannière de la coalition, «Bennoo Bokk Yaakar». Les identités remarquables dans chaque localité sont des réalités objectives. Le parti ne peut pas imposer à ces identités de tout partager. Ce sont des réalités objectives de terrain. Nos différents leaders ambitionnent d’être soutenus pour gagner. Même si nous sommes dans «Bennoo BokkYaakar», nous ne pouvons pas conduire les mêmes schémas, parce que les réalités sont différentes. »