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SÉNÉGAL: UN ARTISTE AU PALAIS DE LA RÉPUBLIQUE?

Auteur: leconomiste.com

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Youssou N’Dour, l’auteur compositeur et interprète à succès, est candidat aux présidentielles sénégalaises du 26 février 2012. Dans un entretien donné récemment à Atlantic Radio, il explique qu’il a pris cette décision en réponse à la demande insistante «d’une grande majorité» de l’électorat de son pays. Propriétaire entre autres du plus grand groupe de presse sénégalais baptisé Futurs-Médias, mais aussi ambassadeur de bonne volonté auprès de l’UNI FAO et de l’Unicef, il jouit d’une grande popularité. Il a souvent fustigé le pouvoir dans ses chansons.

Rassembler semble être le mot clé de sa campagne. Il se veut président de toutes les strates sociales, et accorde une attention particulière aux populations les plus marginalisées. Il affirme aussi vouloir fédérer autour de lui toutes les ressources humaines capables de s’engager à servir honnêtement et efficacement son pays. «Les meilleurs aux meilleurs postes», avance-t-il. Car «ce n’est pas une histoire de clan ni de famille, ce n’est pas une histoire de couleur, c’est l’histoire de tout le Sénégal». La revalorisation des régions sénégalaises en y créant «des centaines de milliers d’emplois» est un pan important de son plan. «Parce qu’actuellement au Sénégal, il n’y a que Dakar. Le reste est oublié».

S’il est élu, l’accent sera mis sur les résultats rendus des Assises nationales du 24 mai 2009. Initiées par l’opposition, ces Assises sont un regroupement d’acteurs de la vie publique sénégalaise qui a travaillé depuis le 1er juin 2008 à élaborer une synthèse des problèmes de fond que rencontre le pays et d’y apporter une réponse consensuelle. Mais le Parti démocratique sénégalais du président actuel, Abdoulaye Wade, a refusé de s’unir à ce projet. Youssou N’Dour pense quant à lui qu’elles sont légitimes puisqu’elles émanent de la population, et que leurs conclusions devraient être prises en considération. 

Parmi ses priorités, figurent aussi la «lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, et la clarté envers la population». Il commencerait dit-il par «réduire le train de vie de l’Etat, et réinjecter les économies dans des secteurs prioritaires telles la santé, l’éducation et l’agriculture». Sa candidature peut-être freinée par deux barrières majeures, l’une ayant trait au fond et l’autre à sa propre personne. Sur le contenu, il déclare ne pas vouloir présenter «un programme plein de promesses qu’il oublierait une fois au pouvoir comme cela est toujours le cas». Il propose un calendrier où le point est fait tous les 100 jours avec la population. «L’occasion, dit-il, de décliner toutes les priorités». Ce modèle n’ayant jamais fonctionné auparavant, s’il a jamais existé, il semblerait préférable pour lui d’axer ses priorités autour d’un programme solide et charpenté, sans que cela n’aille à l’encontre d’une mise au point trimestrielle. 

Le deuxième bémol le touche personnellement. L’article 28 de la Constitution sénégalaise stipule que le président doit savoir parler, lire et écrire la langue française. S’il semble assez à l’aise à l’oral, ses opposants remettent en cause sa capacité à remplir les deux autres conditions. Ils mettent ainsi le doigt sur la brièveté de ses études, qui ont pris fin à la 3ème secondaire, soit la dernière année de collège. « Eux ils ont des diplômes, et ils ne gèrent pas bien » rétorque-t-il, non sans allusions à ses affaires personnelles qui prospèrent, alors que l’administration du pays le laisse sur sa faim. Sa contre-attaque suffira-t-elle à faire oublier ses lacunes ? Affaire à suivre. 

Auteur: leconomiste.com
Publié le: Mercredi 18 Janvier 2012

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