Cette semaine, deux événements ont retenu notre attention : la convocation par les gendarmes de Karim Wade, ancien ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, pour les besoins de l’enquête lancée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et le Forum international de la plateforme paysanne du Sénégal, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr).
Le premier événement relève de l’enquête lancée par la Crei, concernant dans un premier temps 7 hauts responsables du régime défait le 25 mars dernier. Le second porte sur la capacité des exploitations familiales à nourrir les populations et créer de la richesse en Afrique de l’Ouest.
La quatrième convocation de Karim Wade remet au goût du jour la problématique des audits et autre chasse aux milliards planqués à l’étranger. Autant le consensus sur leur nécessité est établi, autant la manière de procéder, notamment la réactivation de la Crei, est contestée par les mis en cause. En tout cas, les 18 heures d’interrogatoire subies par Karim Wade, les échauffourées provoquées par de jeunes militants de l’Apr, le parti du président de la république, les fuites organisées en direction des médias, les magistrats qui parlent de traque de biens mal acquis et d’audits tout en jurant ne jamais piper mot d’affaires pendantes devant la justice, les réquisitoires récurrents de quelques proches collaborateurs du chef de l’Etat contre les « pilleurs de la République » interpellent tout le monde. Comment ne pas être d’accord avec la Direction politique de «Taxaw Temm» du professeur Ibrahima Fall qui se démarque de toute théâtralisation des auditions et toute exploitation politicienne pouvant déboucher sur « l’application d’une justice spectacle, à géométrie variable » ? Taxaw Temm demande également le respect de la présomption d’innocence qu’il ne faut pas transformer en « présomption de culpabilité ». Et rappelle «la nécessité d’une justice sereine et indépendante qui ne soit instrumentalisée ni par le pouvoir, ni par l’opposition». Tout le monde, nous croyons, conviendra de la justesse de cette prise de position, le président de la République en premier. Mais, pour dire le vrai, la campagne de récupération des biens mal acquis et autres audits est mal engagée.
La prochaine campagne de commercialisation de l’arachide pose également problème, avant même le démarrage. Le prix du kilogramme d’arachide, fixé à 190 francs, soit une hausse de 25 francs sur le prix antérieur. Les menaces des travailleurs de la Suneor de bloquer les camions d’arachide qui ne prennent pas la destination de leurs usines, la remise en cause de la libéralisation font sortir les producteurs du Cncr de leurs gonds. La Suneor, incapable d’acheter la production arachidière depuis le rachat de la Sonacos, et le gouvernement se fourrent le doigt dans l’œil s’ils croient que les paysans sénégalais vendront leur arachide à 190 francs le kilogramme si on leur propose 300 francs et plus,chez le Chinois. L’histoire des campagnes de commercialisation est édifiante à ce sujet. La Suneor, malgré son jeune âge, en a déjà fait l’expérience. Mamadou Cissokho, président d’honneur du Cncr, pose une question pertinente à ce sujet : « Nous sommes menacés par les oignons importés, les pommes de terre, l’huile végétale, etc. Tout le monde en est témoin. Est-ce que vous vous posez la question de savoir si c’est normal ou pas ? La Suneor amène ici l’huile végétale pour nous la vendre et prend notre arachide qu’elle transforme pour la vendre à l’extérieur. Pourquoi donc ne vendrions nous pas notre arachide à qui nous voulons ? ». Cette question, au-delà de la commercialisation de l’arachide, est une invite à repenser la politique agricole esquissée par le Premier ministre Abdoul Mbaye. Une politique qui se soucie peu des exploitations familiales et promeut l’agrobusiness, alors que les premières assurent 85% des produits consommés par les Sénégalais. La chose est d’autant plus inquiétante que le président Macky Sall, à ce jour, n’a pas reçu le Cncr qui est la voix la plus autorisée des producteurs sénégalais. Donnant ainsi l’impression qu’il est possible d’initier une quelconque politique agricole sans concertation avec les organisations de producteurs…
Le président Macky Sall et son Premier ministre doivent méditer les propos du président du Cncr Samba Guèye : « Aucun Etat ne devrait confier la nourriture de sa population et son développement économique à des spéculateurs qui s’en iront dès que les profits seront plus intéressants ailleurs, ou quand les ressources de nos régions seront épuisées».
Pour ne pas se perdre dans les champs d’arachide…
4 Commentaires
Lyns
En Novembre, 2012 (17:57 PM)Ok
En Novembre, 2012 (18:06 PM)Les voleurs de milliards deviennent des stars
Le président Sarkozy a été auditionné le Jeudi pendant plus de 10 heures
Le président Sarkozy a été auditionné le Jeudi pendant plus de 10 heures
Dire que Karim ne s'est pas alimenté n'est que pure mensonge
Dire que Karim ne s'est pas alimenté n'est que pure mensonge
La bataille de presse commence et ça se ressent
La bataille de presse commence et ça se ressent
Les voleurs de milliards deviennent des victimes
Les voleurs de milliards deviennent des victimes
Sarkozy ancien président, Karim ancien ministre Cherchez l'erreur
Sarkozy ancien président, Karim ancien ministre Cherchez l'erreur
Mensonge-Bataille-Presse-Jihad-Karim-Erreur-Vérité-Triomphe
Mensonge-Bataille-Presse-Jihad-Karim-Erreur-Vérité-Triomphe
Saliou Sarr
En Novembre, 2012 (19:47 PM)Politiques Agricoles qui donnent effectivement la priorité à l’EAF (en termes d'accès aux ressources) et à la production vivrière pour le marché interne, les paysans Sénégalais vont nous nourrir et booster le développement du Pays!
Là où les EAF (exploitations agricoles familiales) sont mises dans d’assez bonnes conditions (Filières Tomates et Riz) dans la vallée, elles se sont montrées plus rentables et plus compétitives que l’Agro-business ( Socas; CSS; SCL, etc.)! Par exemple, en matières de rendements : les producteurs de Riz dans la vallée sont en moyenne 6T/ha, parmi les premiers au monde, avec des pointes de rendement de 10 T/ha ; de même pour les producteurs de Tomate qui sont en moyenne à 40T/ha !
Donner la priorité aux EAF, va éviter de dépenser pour le Sénégal, 140 Mililards de FCFA d'importation de Riz et 110 Milliards de FCFA d'importation d'huile brute végétale !
Son
En Novembre, 2012 (11:21 AM)Participer à la Discussion