Le directeur du Contrôle interne de gestion aux Aéroports du Sénégal (Ads), Pape Diéry Sène, ne comprend que le Sénégal préfère protéger les compagnies nationales qu’il crée, et qui meurent au bout de quelques années, au lieu de profiter à fond de ses droits de trafic en ouvrant son ciel aux grosses écuries.
« On est au Sénégal dans une situation rocambolesque, dénonce-t-il. On ne peut pas depuis des années maintenant continuer à protéger une compagnie qui végète, pour utiliser un terme médical. Elle naît, on prend des mesures de protection pour lui assurer le trafic. Quelque temps après, elle meurt ; une autre va renaître, etc. Depuis 2008, le Sénégal est dans cette situation-là avec les multiples Air Sénégal qu’on crée. »
Conséquence ? « Le système aéroportuaire est dans une situation de stagnation, alors que tous nos voisins sont en train de connaître des croissances de trafic supérieures à leur taux de croissance démographique. Ce qui devrait être plus ou moins la règle. Mais ici au Sénégal, quand vous regardez l’amplitude entre le taux de croissance général et la croissance du trafic, nous sommes à des proportions anormales. Cela veut dire qu’il y a problème. »
D’Air Sénégal à Sénégal Airlines
Le gouvernement a créé au mois d’avril dernier Sénégal Air S.A. Cette nouvelle compagnie, mise sur pied sur les cendres de la défunte Sénégal Airlines, dispose d’un capital de 40 milliards de FCFA. Même s’il ne lâche pas la phrase, Pape Diéry Sène semble défendre que la priorité soit ailleurs que dans le lancement d’une nouvelle compagnie nationale. Et quatre arguments plaident en sa faveur.
Premièrement, les expériences passées se sont toutes soldées par un échec : Air Sénégal, Air Sénégal International et Sénégal Airlines. Cette spirale de ratés n’est visiblement pas près de se casser à cause des nombreuses difficultés qui plombent le transport aérien en Afrique.
Parmi celles-ci, il y a la question de la connectivité. « Si vous voulez acheter un billet pour une destination africaine, vous avez un temps de réponse qui dure. Vous perdez énormément de temps, souffle le directeur du Contrôle interne de gestion aux Ads. Un vol que vous aurez pu faire en un seul jour, vous êtes obligé de le faire en trois-quatre jours. »
À en croire Pape Diéry Sène, cette situation est le fruit de la non-application de la « Décision de Yamoussoukro », qui ouvre le ciel africain sans restrictions à toutes les compagnies du monde. « Alors ce qui se pose maintenant, c’est qu’on tergiverse, parce qu’il y a des pays qui s’évertuent à protéger leur compagnie, regrette-t-il. Et ce qui se passe finalement, c’est que ces petites compagnies-là sont dans une situation de rente. Elles n’arrivent pas à développer le trafic aérien. Du côté des aéroports, on en souffre terriblement, parce que nous sommes obligés de nous mettre aux normes internationales. »
L’aéroport d’Accra, un exemple pour Dakar
Deuxièmement, avoir une compagnie aérienne dans son pays n’est pas la condition sine qua non pour le rayonnement d’un aéroport. La preuve par l’aéroport de la capitale du Ghana. « Accra n’a pas de compagnie aérienne. Le développement du trafic est tel qu’il a dépassé Dakar parce qu’il laisse les gens venir. Nous ne pouvons pas exploiter les droits de trafic, il faut permettre aux autres de le faire. Si vous avez quelqu’un qui veut faire Dakar-Rio, pourquoi ne pas lui donner les droits de trafic ? »
Troisième raison de ne pas hâter la mise en place d’une compagnie nationale : la floraison des compagnies nationales en Afrique. Pape Diéry Sène éclaire : « On a essayé d’avoir des compagnies sous-régionales. Mais vous avez vu, des gens se sont précipités pour avoir leur compagnie nationale. Certaines ne répondent même pas aux règles minimales de l’Ohada. »
Quatrièmement, souligne le directeur du Contrôle interne de gestion aux Ads, « la vocation du Sénégal est d’être une plaque tournante. C’est ça les perspectives déclinées dans le cadre du PSE et c’est l’ensemble des perspectives d’ordre stratégique qui ont été assignées au système de transport aérien ».
Pour toutes ces raisons, il apparaît clairement que le Sénégal doit accorder la priorité plus à l’exploitation de ses droits de trafic qu’à la création d’une nouvelle compagnie aérienne nationale. Le gouvernement a pris l’option inverse, mais tarde à matérialiser son initiative. Ce qui fait que les droits de trafic restent en jachère. (Source : Enquête)
22 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2016 (10:29 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (10:37 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (10:38 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (10:43 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (10:53 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (11:10 AM)Senegueulard
En Octobre, 2016 (11:17 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (11:30 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (11:31 AM)Anonyme
En Octobre, 2016 (11:48 AM)Abdoulaye Wade s'est précipité pour liquider Air Afrique que la BCEAO voulait renflouer afin de créer Air Sénégal International avec le Maroc.
C'est vraiment dommage pour ce pays qui depuis l'année 2000 à ouvert la porte aux singes qui se pavanent avec des costumes de spécialistes en tout.
Radar
En Octobre, 2016 (11:49 AM)Je pense que le Sénégal, pays le mieux placé en Afrique de l'Ouest par son port et par son aéroport doit avoir sa compagnie aérienne même si elle n'est pas rentable.
Il faudra la mettre sur le même pied que la SENELEC par exemple. La SENELEC a dégagé des pertes durant des décennies. A t-on pensé à fermer la SENELEC ? NON.
Pour la Cie aérienne, ça doit être pareil.
Air France est protégée par la France. Elle a elle aussi des problèmes de rentabilité.
Que l'Etat s'apprête à soutenir cette compagnie et veille à ce qu'elle soit bien gérée.
Les erreurs du passé sont connues, il ne faut pas les refaire.
Anonyme Boulfalé
En Octobre, 2016 (12:15 PM)Anonyme
En Octobre, 2016 (12:19 PM)La nouvelle compagnie a pour nom;
AIR SENEGAL SA ::
Pour un gestionnaire d'aéroport cest le B.A.B de connaitre le no, des compagnies qui desservent ou doivent opérer dans son antre.
Ce qui est attendu d'un gestionnaire d'aéroport à l'image de ACCRA c'est de favoriser un trafic interressant et innovant pour sa plateforme.
L'initiative n'est jamais mise en valeur en afrique et la critique est plus directive qu'objectif parce que mue par des ideaux cripto-personnels. toujours l'EGO et à jamais l'EGO
Ense,ble nous pouvons faire mieux, Dakar est à 09H de plusieurs continents en boucle
Cordialement
Anonyme
En Octobre, 2016 (12:48 PM)Anonyme
En Octobre, 2016 (14:19 PM)- Nous avons énormément de compétences dans le domaine aéronautique aussi bien avec l'ancienne génération qu'avec la nouvelle
- Nous comptons au moins trois anciens Directeurs techniques d'Air Afrique,un ancien DG,des cadres commerciaux et de l'exploitation ainsi que de nombreux ingénieurs aéronautiques (toutes générations confondues) et des cabinets aéronautiques
- Les Commandants de bord et Pilotes en activité ainsi que les PNC sont innombrables
- Les sénégalais sont de grands voyageurs
Comment faire pour trouver la bonne combinaison avec ce potentiel pour mettre sur pied une compagnie viable? that is the question
Bonne journée
Anonyme
En Octobre, 2016 (14:29 PM)Même s'il fallait essayer 100 fois de créer des compagnies aériennes et échouer 100 fois en perdant des milliards à chaque fois, pour ne réussir que la 101ième fois, moi qui donne 1/3 de mon salaire à l'Etat sous forme d'impôt, j'accepte de financer ça.
Mais nak je suis d'accord, il faut niou gorgorlou réussir ko cette fois ci.
On va quand même pas laisser des compagnies étrangères gérer notre eau, nos télécommunications, notre argent (banques), nos assurances, nos transports etc..
Autant retourner tout de suite à la colonisation!!!
Anonyme
En Octobre, 2016 (14:41 PM)Slot
En Octobre, 2016 (14:50 PM)Et pourquoi ne nous cite t'il pas le cas de la Cote d'Ivoire, ou en moins de 4 ans, Alassane Outattara a fait bâtir la plus CIE aérienne de l'Afrique de l'Ouest et qui se déploie même en Afrique Centrale et devançant meme Asky, montée 4 ans plus tôt.
Le problème est un problème de compétence: au Sénégal , tous les projets sont avant tout politiques : jamais les spécialistes qui pourtant sont Sénégalais, sont la, n'ont ete mis devant comme ce fut le cas pour Asky et pour créer une CIE aérienne, pour penser un vrai business plan d'ine cie viable!
C'est la médiocratie qui règne dans ce pays avec comme résultat des faits loufoques et loufoques, on fixe un capital alors que l'on ne sait même quel sera le plan de flotte, ou qu'alors on va chercher des partenaires stratégiques alors que l'on ne sait même quelle cie on va créer.
Le problème du Sénégal, ce sont ses politiciens: incompétents et ne savent s'effacer devant l'évidence .
Pathangua
En Octobre, 2016 (19:57 PM)Et quelqu'un qui renonce a l'avancement de son pays n'a pas d'ambition. Le senegal est un hub naturel .
Anonyme
En Octobre, 2016 (21:42 PM)Deug
En Octobre, 2016 (10:06 AM)Il faut dire que le problème c'est qu'on nomme ces gens par la politique. Les Dg de compagnie aérienne doivent faire l'objet d'un appel à candidature,ainsi que le DG de l'Aviation civile ; sur le 6,les 4 sont de l'ASECNA qui est un prestataire de service de la navigation aérienne et des informations en voiture, gestion des aéroport et des équipements d'aide à la navigation.
Il faut trouver des gens qui maîtrisent l'exploitation aérienne pour ne pas perdre de temps .
Tous les amis du Président en aviation dont de l'ASECNA et tous ont été ministres sans rien faire car,ils ne s'y connaissent pas.
L'Aviation n'est pas la politique sinon, au train ou l'on va, on n'y arrivera JAMAIS.
Même au ministère il n ya pas de vrais expert en exploitation aérienne.
Patriote
En Octobre, 2016 (17:28 PM)Participer à la Discussion