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Reportage

DECOUVERTE DE DYABOUGOU DANS LA ZONE AURIFERE DU BOUNDOU : Un village confronté au banditisme et à la violence

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DECOUVERTE DE DYABOUGOU DANS LA ZONE AURIFERE DU BOUNDOU : Un village confronté au banditisme et à la violence

Sorti de l’anonymat par sa zone aurifère, Dyabougou, ce village du Boundou dans la Félémé est un coin, où les populations sont confrontées au banditisme, à la violence, à la prostitution et à l’alcoolisme. Des maux favorisés par l’exploitation de l’or.

Dyabougou, localité nichée dans les profondeurs du Boundou, à cheval entre le Sénégal, la Guinée et le Mali, est un coin perdu du Sénégal. Village jadis ignoré de tous, il est, aujourd’hui, connu pour l’extraction du métal précieux : l’or.Situé sur les bordures du fleuve Falémé, ce village aurifère constitue la destination d’environ de 587 000 étrangers qui y côtoient quotidiennement la population autochtone. Dans cette contrée, distante de plus de 300 km de Tambacounda, est avec ses 23 ravins proche du Mali de seulement 30 km. Sénégalais Guinéens de Conakry, Maliens, Burkinabés, Sierra Léonais, Nigérians, Mauritaniens, Gambiens, Libériens, Ivoiriens et Ghanéens, tous s’entremêlent dans cette localité, un véritable melting-pot. De la communauté rurale de Sadatou, arrondissement de Kenyaba, dans le département de Bakel, le village de Dyabougou totalise, à lui seul, plus de 600 000 âmes. La population active est composée de commerçants, de garagistes, de vendeurs de motos, de restauratrices. Malgré l’effervescence de ces centaines de milliers d’âmes d’origine différente, les villageois et l’ensemble des étrangers sont tenus de se conformer aux lois et règlements établis par le chef de village et le comité des sages. Ce comité restreint se fixe comme tâches principales de veiller à toutes velléités allant du vol à la violence en passant par les écarts de comportements. Selon le porte-parole du chef de village, Sadio Makalou, «toute personne est la bienvenue, mais auparavant et avant de débuter une quelconque activité, elle doit se présenter, d’abord, chez le chef du village. Après quoi, il lui sera fait écho de la Charia, les lois et règlements institués par le comité des sages et de surveillance». Mais, comme la plupart des zones aurifères, les populations de Dyabougou sont confrontées à la violence et au grand banditisme. Pour assurer leur sécurité, les notables n’ont pas hésité à mettre en place le «touboula», un comité de surveillance dit de police. «Notre police locale est composée de 70 membres, principalement de jeunes issus de ce village. Notre mission se limite à arrêter les malfaiteurs et à les garder jusqu’à l’arrivée du commandant de brigade de Kenyaba. Une fois celui-ci arrivé, nous lui livrons le fautif», explique Bala Sissoko, chef de cette même brigade de surveillance. Mais, se désole-t-il, les malfrats livrés sont la plupart du temps libérés. Aussi, affirme-t-il, sans ambages, que «la gendarmerie travaille de connivence avec les malfaiteurs et même les véhicules des Burkinabés ont l’accès facile, parce que la brigade de gendarmerie est avec eux». Pour la majorité des gens interrogés sur cette problématique du banditisme et de la violence au niveau des mines d’or, ce sont les ressortissants du Burkina Faso qui sont à l’origine. Ils affirment s’en être plaints à la gendarmerie, sans résultat.

SITUATION SANITAIRE DEPLORABLE : Le cri du coeur d'une population

DYABOUGOU (Envoyé spécial) - La prise en charge sanitaire à Dyabougou, un village sénégalais frontalier du Mali, à vol d'oiseau de la Falémé, reste problématique. Car, après l'ouverture du poste de santé du village, selon les chiffres fournis par le médecin chef de poste, ce sont 5 villages qui sont pris en charge par cette seule structure. Ce, pour une population totale estimée à 1 180 614 âmes. Et en plus de ce 

nombre exorbitant, s'ajoute l'insuffisance du personnel et surtout un plateau médical disproportionné, qui laisse à désirer. Mais, pour sauver les âmes, la structure de santé se débat avec les moyens du bord. Car, les populations de cette localité sont confrontées à différentes maladies récurrentes. Des maladies comme les infections respiratoires aiguës, le paludisme et surtout des traumatismes. Amadou Wade, chef du poste de santé explique : «Les infections respiratoires aiguës et les traumatismes sont dues aux facteurs environnementaux, surtout la poussière soulevée par les mines. Donc, du fait des problèmes liés à l'extraction de l'or et surtout de la profondeur des trous, les spectres de personnes ayant perdu la vie sous des décombres de mines entraînent le plus souvent des cas de traumatismes chez ces mineurs. Nous mettons l'accent sur la prévention pour éviter aussi des pertes en nombre de vies humaines». Le liquide précieux introuvable, les populations se rabattent sur les eaux boueuses de la Falémé Le liquide précieux aussi se fait rare dans cette localité. N'ayant pas de forage, encore moins de pompe éolienne, malgré les taxes prélevées sur les mouleuses et cantines. Pour une population estimée à plus 600 000 personnes, une seule pompe approvisionne en eau. Et la plupart de ces âmes utilisent les eaux boueuses du Falémé pour se désaltérer et même pour faire le ménage. Ce que les populations prennent pour une injustice et un manque de considération des autorités du pays. Et Sadio Makalou, porte-parole du chef de village, de souligner que pourtant, «chaque mois, nous versons une somme colossale au président du Conseil rural de Sadatou ainsi que les 17 500 francs prélevés sur chaque mouleuse pour presque 2 000 engins, sans compter les sommes payées par les commerçants comme taxes mensuellement. Nous participons activement au développement de notre pays, même si nous sommes très proches du Mali et de la Guinée». De l'avis de Balla Sissoko, chef de la brigade de surveillance, chaque année le village verse des milliards à l'Etat. «La question qui se pose est de savoir si ces sommes que nous versons arrivent à bon port, au vu de la situation. Car nous n'avons pas de forage, ni de poste de santé à la hauteur du nombre de personnes qui vivent dans ce village», dit-il. Et de lancer un appel au Chef de l'Etat. «Nous lançons un appel et 

avec énergie au gouvernement de Macky Sall de savoir que nous sommes du Sénégal et nous avons droit au minimum : un poste de santé digne de ce nom et surtout un forage parce que nous sommes las de consommer l'eau du Falémé». Pour les accouchements, «les femmes ne se sentent pas à l'aise en donnant naissance dans des hôpitaux», dit-il tout en demandant que «ces femmes comprennent que la santé est aussi là pour elles. Nous mettons l'accent sur la sensibilisation. Car il faut savoir aussi ce sont ces mêmes populations qui ont assuré la construction de ce poste de santé à hauteur de 3 millions de francs», ajoute-t-il en soulignant que leur autre plainte est relative à l'état défectueux des routes.

PROSTITUTION ET ALCOOLISME EN ZONE AURIFERE : Le commerce de la chair fait rage à Dyabougou

DYABOUGOU- Il n’y a pas que l’or qui attire à Dyabougou. Dans cette localité nichée en pleine zone aurifère, le commerce du sexe draine une grande clientèle. Et les acteurs du plus vieux métier du monde à Dyabougou sont des filles de différentes nationalités. De fait, elle ne sont là que pour s’adonner à cette pratique. Et ce, aussi bien légalement que dans la clandestinité. Selon les informations fournies par le chef de poste de santé Amadou Wade, «plus de 100 prostituées suivent mensuellement les visites sous la contrainte de la gendarmerie. Ce nombre est juste le minimum par rapport ce que l’on remarque sur place». C’est une foultitude de filles, de toutes les nationalités, qui se meuvent dans ce business de la chair. Il y en a pour tous les goûts. Et les prix pratiqués dans cette zone aurifère semblent défier toute concurrence. «Les moutons se promènent ensemble, mais n’ont pas le même prix», nous jette une jeune malienne, la vingtaine déjà acquise. Ce qui se vérifie bien. 

 

Les cantines, lieux de rencontre entre prostituées et clients 

Et dans cette localité, c’est dans les cantines de fortune où on se donne à coeur joie à cette pratique. Dans ces lieux, la passe est comprise entre 2 000 francs Cfa et 20 000 francs Cfa. Car, dans ces endroits de débauche, les prix de la passe varient en fonction du marché de l’or. Si l’or coule à flot, la passe est bien rémunérée par les clients. Par contre, si le métal précieux se fait rare à Dyabougou, le marché du sexe s’en ressent et la passe en subit les contrecoups. Car, c’est une somme en deçà de 5 000 francs Cfa qui est demandée pour une belle partie de jambes en l’air, nous confie une nigériane. A la prostitution s’ajoute aussi l’alcoolisme qui est même en phase de devenir un fléau à Dyabougou. L’alcool et les bars clandestins s’y étendent à perte de vue jusque sur les pentes des montagnes. De l’avis des populations locales, les risques sont grands et imprévisibles avec ce qui se fait dans ces cantines de fortune. De nuit comme de jour, c’est la bamboula.

 



3 Commentaires

  1. Auteur

    Raison D'etat

    En Mai, 2012 (19:19 PM)
    La difficulté dans les zones d'orpaillage se ramène à la gestion éfficiente et durable des ressources tirées de l'exploitation de l'or. Il urge par ailleurs que les orpailleurs bouchent les trous qu'ils creusent afin d'éviter les risques d'accident de personnes et de bétail
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  2. Auteur

    Expat

    En Mai, 2012 (23:55 PM)
    600 000 ames ca fait beaucoup pour un village
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    Auteur

    Mawbé

    En Mai, 2012 (10:43 AM)
    Tous les sites d'exploitation artisanale de l'or dans la région de Kédougou doivent être fermés ; le temps de mettre de l'ordre. L'Etat se doit d'agir et vite. La situation est grave. A Dyabougou, Sambaranbougou, Douta et Bantako on voit du tout. C'est du n'importe quoi.
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