A Médina Baye, le chapelet fait recette

La cour de la mosquée de Médina Baye et ses alentours donnent l'image d’une foire du chapelet. Des tas sont soigneusement posés sur des nattes, d’autres sont accrochés sur des planches ou même sur les grilles du mur de clôture. Toutefois, le prix de ces objets de culte est loin d'être à portée de main.

Ndiaga Kourouss est un vendeur de chapelets réputé à Médina Baye. La gestuelle des doigts et des mains accompagne son marchandage. Ses rangées de chapelets sont prises d’assaut par des fidèles sénégalais et étrangers. Il ne s’en cache pas : son commerce marche fort durant le Mawlid. 

‘’Actuellement, le montant que je gagne par jour dépasse de loin de celui que je gagnais par mois. J’aurais fait un grand mensonge si je te dis que ça ne marche pas’’, dit celui que les gens surnomment Ndiaga Kourouss.

Les non-initiés, comme il les appelle, sont surpris lorsqu’il communique le prix de ses chapelets. ‘’J’ai des articles qui varient entre 2000 et 300.000 francs CFA. J’en ai même vendu plus cher que cela. Ces prix peuvent faire tilt dans la tête d’un non connaisseur’’, lâche-t-il avec un rire moqueur.

‘’Il y a même des chapelets qui coûtent 500.000 FCFA. Ce sont des articles très courus par les fidèles tidianes. Il y a mille et un secrets dans le chapelet. Il renferme une valeur estimable. Tout dépend de l’usage qu’en fait le propriétaire’’, argue ce célèbre vendeur.

Parmi la clientèle, ce sont les étrangers qui sont les plus en vue, selon un autre vendeur. ‘’Le simple fait de dire à leur famille que ce chapelet je l’ai acheté sur la terre de Baye Niasse, vaut pour eux d’acheter les chapelets à prix d’or. J’en ai vendu deux à 80.000 francs l’unité. J’ai d’autres chapelets qui coûtent plus de 150.000 francs, mais je vais les écouler à coup sûr’’, assure-t-il avec un brin d’optimisme.

A quelques jets de pierre de lui, Oumar Thiam Haoussa, qui s'habille comme des pèlerins nigérians, se lance dans un marchandage en langue haoussa, avec des étrangers. Après quelques minutes d’échanges avec un client, il a accepté les 15.000 francs proposés par son interlocuteur.

‘’J’ai acheté ce chapelet plus du double de ce qu’il me propose. Les perles de ce chapelet sont faites à base de dents d’éléphants. Même à 50.000 francs CFA je l’aurais pas vendu’’, dit-il, avant d’enchaîner: ‘’J’ai fait le déplacement jusqu’au Mali pour disposer de la marchandise’’.

Au-delà des chapelets, le petit commerce marche à Médina Baye. D’imposants tas de bonnets, des piles de livres composés en majorité d’écrits de Cheikh Ibrahima Niasse, des babouches et d’autres objets sont prisés par les milliers de fidèles sénégalais et étrangers qui ont fini d’investir les artères de la cité religieuse.

MTN/SAB