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Assane Diagne, ancien crack du lycée Malick Sy de Thiès : Le cas particulier d’un surdoué

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Assane Diagne, ancien crack du lycée Malick Sy de Thiès : Le cas particulier d’un surdoué

Crack parmi les cracks qu’aimait à fêter l’ancien Président Léopold Sédar Senghor au cours des grands événements comme le Concours général, Assane Diagne a toujours été, de la sixième à la terminale, premier dans toutes les matières scientifiques et littéraires.

En éducation physique aussi. Il symbolise de fait la notion latine qui dit : « une âme saine dans un corps sain ». Ancien ministre et actuel député à l’Assemblée nationale, Assane Diagne, né en 1947 à Baba Garage, a marqué le lycée Malick Sy de Thiès des années 60. Unique bachelier admis au premier tour au centre de l’Ecole normale William Ponty de Thiès de la série Mathématiques-Elémentaire (Maths-Elem) au cours de la session de juillet 1966, licencié en Maths (ancien régime, actuelle maîtrise), ingénieur en Génie civil, architecte Dplg (Diplômé par le gouvernement en France), Docteur en Urbanisme, cet homme, à qui le Sénégal doit beaucoup d’infrastructures, s’est quasiment forgé tout seul, dans la mesure où il s’est fait inscrire personnellement à l’école primaire.

C’est la raison pour laquelle il se dit « un génie raté ».L’enfant de la Communauté rurale de Baba Garage, dans le département de Bambey, a eu un parcours exemplaire. De l’école primaire du village jusqu’en France, en passant par le collège, puis le lycée Malick Sy, il s’est toujours fait remarquer. Positivement. L’Hexagone lui ouvrira ses portes. Il y a récoltera honneurs et reconnaissance, au nom d’une excellence et d’une constance cultivées. « Je venais de réussir au bac math-Elem avec la mention « assez bien ». Pour la première fois, le lycée Malick Sy faisait office de centre unique, regroupant les élèves du Collège catholique Saint-Gabriel de Thiès et de l’Ecole normale William Ponty. Une après-midi de jeudi, on annonçait que les résultats allaient être affichés vers 17 heures. Plusieurs anciens du lycée avaient rappliqué de l’Université de Dakar et d’ailleurs pour assister à l’événement », raconte Assane Diagne. Il poursuit : « à 17 heures 15, les portes du jury s’ouvrent, l’ancien Proviseur, Jean Gningue, sort et, derrière lui, tous les enseignants. Personne ne respire. Un véritable silence de cathédrale. Il avance et lève la tête et d’une voix rauque déclare : Math-élem, un seul admis. Je dis bien, un seul admis. C’est Assane Diagne avec mention « assez bien », se souvient l’ancien crack du lycée Malick Sy de Thiès. C’était la grande fête dans la cour du lycée. Son épouse actuelle, Marième Wagué, élève en seconde, qui était venue suivre l’événement, avance et lui déclare : « Il faut prier pour moi, je veux te rejoindre en France dans deux ans ».

Ce natif de Baba Garage se signale comme étant un cas particulier. Il n’a pas fait le Cours d’initiation (Ci), ni le Cours préparatoire (Cp). « Je ne cesse de dire à mes proches que je suis un génie raté. Personne ne m’a emmené à l’école du village d’alors. Il existait une seule classe durant cette période coloniale et mon grand-frère est rentré au Ci et moi, il fallait que j’attende l’année suivante, avec la construction d’une nouvelle salle de classe annoncée. L’année suivante, rien n’a été fait. Chaque matin, j’accompagnais mon aîné et, ensuite, je me baladais dans la cour de l’école, sous les fromagers. Un jour, M. Ibrahima Diop dit « Iso », instituteur, m’interpella et me demanda ce que je venais faire à l’école. Lorsque je lui ai expliqué que je n’étais pas inscrit, il me demanda si je voulais étudier et je répondis par l’affirmative ». Nous étions à trois mois de la fermeture des classes. Depuis ce jour, Assane se mettait dans un coin de la classe ardoise et craie à la main il s’amusait avec des dessins. L’année suivante, il atterrit au Ce1 (Cours élémentaire première année). Sa maman, qui tenait beaucoup à ses enfants après le décès du papa, lui acheta un sac. L’enseignant se renseigna, pour obtenir sa date de naissance auprès de sa famille afin de l’inscrire sur le registre. Un an après, en classe de Cm1 (Cours moyen première année), il décrocha le Certificat d’études primaires avant de réussir en 1958 à l’entrée en 6ème classé parmi les meilleurs élèves du Sénégal. En moins de quatre ans, Assane Diagne termine son cycle primaire pour rejoindre l’internat du collège de Malick Sy de Thiès. « J’ai des problèmes pour la succession de l’alphabet, je ne l’ai jamais appris ni à faire de petits calculs », indique encore M. Diagne.

Un élève sans tuteur

Contrairement à beaucoup d’élèves, Assane Diagne a étudié sans tuteur. Le père étant décédé très tôt, sa mère le chérissait et acceptait tout ce qu’il voulait. « Je n’ai jamais bénéficié de surveillance, mais aussi pas une seule fois on ne m’a frappé dans ma vie », rappelle-t-il. Arrivé à l’internat, une nouvelle vie commençait pour l’enfant du Baol. Là, au collège, ses notes étaient remises directement au censeur des études. « En ma qualité d’intellectuel, je reconnais que l’internat est un élément d’une extrême importance dans l’éducation et si j’avais les possibilités, personne ne m’empêcherait de le réinstaller au Sénégal », souligne avec force notre interlocuteur. « C’est un dispositif important dans l’éducation.

Par exemple, au restaurant, chacun se servait, on partageait nos problèmes, on apprenait le partage et la prise en compte de l’autre ». « C’était la discipline partout. On faisait la queue pour aller aux toilettes et personne n’exagérait », se souvient-il.

Après l’admission au bac Math-élem, c’est le retour au village pour les vacances scolaires. Des vacances qu’il passait en toute quiétude. Un matin, c’est un motard de la Gendarmerie nationale qui se gare devant le domicile familial. Le gendarme, après les salutations, lui remet une enveloppe qu’il ouvre sur place. C’était une bourse offerte par l’ex-Fonds d’aide de coopération (Fac) de l’ambassade de France au Sénégal. Cette bourse Fac était destinée aux meilleurs élèves de terminale du pays. On lui annonce qu’il doit se rendre à Toulouse pour les classes préparatoires aux grandes écoles de France. Une autre vie commence.

Au Port autonome de Dakar, il embarqua dans le célèbre bateau Ancerville bien connu des premières générations d’émigrés en France. Le voyage dure sept jours. Un véritable événement, selon Assane Diagne, qui ne connaissait pas la mer. Il sera à l’internat du lycée Pierre Fermat et aura comme tuteur l’archevêque de Toulouse qui venait de recevoir deux Africains de l’Ouest, Assane et Jacques Dalodé du Bénin, ex-Dahomey. Ce dernier fut plus tard ministre dans son pays. Réservant le meilleur accueil aux hôtes africains, l’Archevêque les invitait à manger avec des couverts en or et argent.

Quête de connaissances

Il était rare de voir des Africains dans cette ville à l’époque. Et là, place au biseautage. Ce « bleu » ne supportait par le biseautage. Parti au cinéma, un soir, il n’a pas retrouvé son lit. Au moment de faire ses recherches, il reçoit sur le corps un sachet rempli d’eau glacée. « Je ne voulais que rentrer au pays, car je ne supportais pas ce séjour avant d’être convaincu, plus tard, qu’il fallait continuer », dixit Assane Diagne. En classes préparatoires, les professeurs français étaient surpris de voir des Africains à Toulouse. Ils étaient quatre Sénégalais dont deux de l’ex-Van Vollenhoven, un du lycée Faidherbe de Saint-Louis et un de Malick Sy de Thiès. Cette étape toulousaine terminée, c’est Paris qui l’accueille. Il décroche d’abord le diplôme d’Ingénieur des Travaux publics à l’Ecole nationale des Travaux publics, puis un autre diplôme d’architecte (Dplg qui signifie Diplômé par le gouvernement) à l’Ecole des beaux-arts de Paris et encore un autre à l’institut d’Urbanisme de la capitale française. Durant ces neuf années passées en France, Assane Diagne obtiendra une licence en mathématiques et un doctorat de troisième cycle. Inscrit en thèse d’Etat en Lettres à Paris Val-de-Marne, il n’a pu soutenir.

Après avoir travaillé à Créteil, c’est le retour pour servir au pays. Il débuta une carrière à la société d’études Soned Afrique, en septembre 1975, comme directeur du département Génie civil pendant près de quatre mois. Puis, c’est la direction des Parcelles assainies à la Société nationale des habitations à loyer modéré (Sn/Hlm), un projet de la Banque mondiale qui venait d’être lancé. Ce sera de courte durée car, pour ce cadre, il fallait encore apprendre et faire ses preuves. C’est le retour à Soned Afrique. Lorsque le département de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Environnement a été confié à feu Oumar Bâ, ce dernier lui proposa de diriger la puissante direction de la Construction et de l’Habitat qui avait en charge tous les grands chantiers de l’Etat du Sénégal. C’est cette direction qui réalisera l’Université Gaston Berger, le stade de l’Amitié (Lss), les hôpitaux régionaux, le Méridien Président, etc. Il fut aussi directeur technique de l’Oci du temps de Wahab Talla.

Après avoir servi dans d’autres directions du ministère de l’Urbanisme, il fut le premier Sénégalais promu au poste d’Administrateur-délégué et directeur général de la Sicap (Société immobilière du Cap-Vert) en voie de privatisation. Projet qu’il finira par conduire en dénonçant la privatisation avant de lancer un nouveau programme de 3.500 logements en cinq ans et la baisse des prix du loyer de 40 %. Plus tard, l’ancien crack de Malick Sy sera nommé par le président Wade comme ministre-conseiller puis ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire jusqu’en juin 2007 date de son entrée à l’Assemblée nationale.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Salammmmm

    En Mai, 2013 (03:07 AM)
    bravo bravo leguinak diamoul yalla lo mann yala wacio na ak yaw koula wakhoullin dalay diayy italia lamine w

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