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Avancée de la mer : Thiaroye-Sur-Mer sous la menace

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Avancée de la mer : Thiaroye-Sur-Mer sous la menace

Avec une côte longue de 700 km, le Sénégal est l’un des pays qui subissent le plus les effets du changement climatique. Thiaroye-sur-mer en est une illustration parfaite. Les habitants de cette commune du département de Pikine vivent au quotidien sous la menace des vagues. 

Assis dans un hamac installé à une station abandonnée, où les pêcheurs venaient acheter du gasoil, El Hadji Demba Niang, 53 ans, véhicule une angoisse à travers les traits de son visage. L’homme, enveloppé dans un blouson, une casquette vissée sur la tête, habite une maison non loin de la mer. Ici, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Les vagues déferlent sur la plage. « A ce rythme, je crains que ma maison soit complètement détruite d’ici quelques années. L’avancée de la mer est vraiment inquiétante », confesse-t-il. Les années passent.

La mer continue de gagner des mètres sur la terre. L’abandon de cette station est la conséquence du recul du trait de côte. Sur le rivage, beaucoup de maisons ont disparu du décor, selon Demba Niang. Après Rufisque, Hann Montagne et Bargny, Thiaroye-sur-mer est sous la menace de la montée des eaux. « La mer a détruit plusieurs maisons, y compris des toilettes construites sur le rivage. Nous constatons qu’elle avance d’année en année », rapporte un vieux pêcheur. Chaque année, ce quartier compte des victimes de l’avancée de la mer. Thiaroye-sur-mer est un quartier vulnérable.

Les hautes marées, d’intensité variable, franchissent la limite séparant la terre et la mer et emportent des pans entiers de maisons, détruisent des pirogues et endommagent des habitations en construction, renseignent les riverains. Sur cette plage, un autre vieux pêcheur, vêtu d’un « jellaba », une écharpe à la couleur dégradée nouée autour du cou, se tient debout au milieu des reflux de déchets, près d’une pirogue. Il se nomme Samba Diop.

Depuis 35 ans, il travaille sur le rivage. Les images des installations qui étaient en première ligne sont encore présentes dans sa tête. La cartographie de l’occupation de la plage s’est modifiée sous la montée du niveau des eaux. « La mer a fait beaucoup de ravages. Plusieurs maisons et même notre mosquée ont été détruites par la houle », raconte M. Diop. A son âge, il analyse le phénomène avec sagesse et lucidité. Contrairement à beaucoup de riverains, il met l’homme au centre de l’accentuation de l’érosion côtière. L’action anthropique théorisée par des scientifiques se vérifie sur le terrain à Thiaroye-sur-mer. « C’est de notre faute. Auparavant, toutes nos maisons étaient construites avec du sable extrait de la plage. Nous ignorions les conséquences qui allaient en découler », argumente-t-il. Jadis sur cette place, se remémore-t-il, les femmes organisaient la danse du « ndawrabine », les garçons jouaient au football et des séances de lutte tenaient en haleine des amateurs de ce sport.

L’élévation accélérée du niveau de la mer est l’une des conséquences les plus visibles du réchauffement global de la planète. C’est à la fois la résultante de l’expansion thermique des océans, de la fonte des glaciers, et de la dégradation anthropique des écosystèmes marins côtiers. Entre hier et aujourd’hui, la langue de sable a disparu. A certains endroits, les vagues rossent les murs. Notre interlocuteur prédit la disparition d’autres habitats. Une femme, une bassine sur la tête, avance vers la plage. Elle vide ses eaux usées sur le sable. Elle a encore à l’esprit le raz-de-marée de 2016.

« La houle a surpris les riverains. Elle a inondé nos maisons. Nous n’avions même pas le temps de sauver beaucoup de nos bagages », se souvient cette habitante du quartier Sambène. Louise Nzalé, une autre dame trouvée chez elle, non loin de la mer, ne cache pas son inquiétude. Chaque jour, des vagues s’écrasent sur le mur de sa maison. « Je ne dors pas les yeux fermés pendant l’hivernage à cause de la mer. Elle peut déborder à n’importe quel moment et faire des dégâts », confie cette mère de famille.

Le raz-de-marée de l’année dernière avait entraîné des dégâts chiffrés à plusieurs dizaines de millions de FCfa. Ici, chaque riverain se prépare à d’autres débordements. Ainsi va la vie au bord de la mer à Thiaroye-sur-mer.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2017 (21:30 PM)
    Ce n'est pas le climat mais la bêtise.



    Notre urbanisme est nul, les gens construisent n'importe comment.

    trop près de la mer, sur des zones inondables.

    chacun fait comme il veut !







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