BAROMÈTRE MONDIAL DE LA CORRUPTION : Plus de 50% des Sénégalais payent des pots-de-vin

Le Sénégal est très mal classé dans le dernier «Baromètre mondial de corruption» fait par l’Ong Transparency international avec 50% des personnes sondées qui disent payer des bakchichs «pour éviter d’avoir des problèmes avec les autorités» ou «pour accélérer des procédures en cours».

En octobre dernier, l’Indice de perception de la corruption (Ipc) de Transparency international 2010 classait le Sénégal à la 105e place au niveau mondial parmi 178 pays, avec une note de 2,9 à égalité avec le Kazakhstan, l’Algérie, entre autres. Hier, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la corruption, la même organisation non-gouvernementale a publié le «Baromètre mondial de la corruption». Et dans ce rapport, le Sénégal s’est encore tristement illustré, se retrouvant dans le lot des 20 pays où «une augmentation significative de la petite corruption (est enregistrée) par rapport à 2006». Pis, il fait également partie des pays où «les plus grands nombre de paiements de bakchichs (Ndlr : pots-de-vin)» ont été rapportés en 2010. Un classement que le Sénégal partage avec l’Afghanistan, le Cambodge, le Cameroun, l’Inde, l’Irak, le Liberia, le Nigeria, la Palestine, la Sierra Leone et l’Ouganda «où plus de 50% des personnes interrogées ont indiqué avoir payé un pot-de-vin au cours des douze deniers mois». 

C’est pour éviter des problèmes ou accélérer une procédure

Selon le Baromètre, «près de la moitié des répondants ont indiqué avoir payé des pots-de-vin pour éviter d’avoir des problèmes avec les autorités, un quart pour accélérer des procédures en cours». Plus inquiétant encore, «les bakchichs payés aux services de police ont quasiment doublé depuis 2006, et davantage de personnes rapportent avoir payé des dessous-de-table au secteur judiciaire et aux services de l’état-civil et des permis qu’il y a 5 ans». 

Ainsi, selon le rapport de Transparency international, «au cours des douze derniers mois, une personne sur quatre a payé un pot-de-vin à un des neuf services ou institutions présentés par l’enquête, allant du domaine de la santé à l’éducation en passant par les services des impôts». Le rapport souligne également que «la démographie de la corruption continue de désavantager les pauvres et les jeunes» parce que «les petits revenus rapportent davantage de paiements de pots-de-vin que les revenus plus élevés». En effet, «les personnes pauvres sont deux fois plus susceptibles de payer des bakchichs pour des services élémentaires tels que l’éducation, les soins médicaux ou les approvisionnements en eau et en énergie, que les personnes plus aisées». 

Manque de confiance dans les institutions publiques 

Transparency international constate également que «peu de personnes ont confiance en leurs gouvernements ou leurs politiciens». En effet, «huit personnes sur dix considèrent que les partis politiques sont corrompus ou extrêmement corrompus. Ensuite, c’est l’administration publique et le Parlement qui sont considérés comme les institutions les plus corrompues». D’ailleurs, «la moitié des personnes interrogées déclarent que les actions de leur gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces». 

Par région, ce sont les habitants de l’Afrique subsaharienne qui sont les plus nombreux à rapporter avoir payé des pots-de-vin. «Plus d’une personne sur deux au cours des douze derniers mois, contre 36% des personnes interrogées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 32% dans les pays de l’ancien bloc de l’Urss, 23% en Amérique Latine, 19% dans les Balkans occidentaux et en Turquie, 11% en Asie-Pacifique et seulement 5% dans les pays de l’Union européenne et d’Amérique du Nord». 

Il faut signaler que l’étude sur le « Baromètre 2010 de la corruption mondiale» qui est à sa 7e édition depuis 2003, «se concentre sur la petite corruption, la perception des institutions publiques et les personnes en qui les gens ont confiance pour combattre la corruption». C’est une enquête menée auprès de plus de 91 000 personnes dans 86 pays et territoires avec l'ajout cette année notamment de la Chine, du Bangladesh, et de la Palestine. Les sondages ont été réalisés entre le 1er juin et le 30 septembre, pour la plupart par l'institut Gallup.