Après un long voyage mouvementé sur une route impraticable, la région de Kolda (670 km de Dakar ) m’a accueilli avec une voix cassée, signe d’une fatigue causée par les secousses abominables d’une voiture qui roulait dans tous les sens. Parfois c’est pour éviter une vache qui traverse la chaussée nonchalamment ou un chien las de rester dans la forêt.
Se rendre à Kolda est un parcours de combattant. Pour ma part j’ai senti cette fatigue qui me rongeait chaque matin de bonne heure avant d’aller prendre le micro pour réveiller une population préoccupée par le développement de sa région enclavée, loin des bonnes choses existantes dans la capitale.
Dans cette région dès 07 heures du matin, le soleil pointe son nez, en position d’attaque pour cracher sa chaleur à la population. Tant pis pour les Dakarois ou touristes dont certains pleurnichent à longueur de journée. La chaleur ne pardonne pas. « 45 degré à l’ombre » on crame à mort.
Mes collègues surtout les filles n’en pouvaient plus. Face à cette ''torture solaire'', on ne pouvait qu’attendre la nuit tombée pour au moins sentir la fraîcheur qui fuyait des fleurs et herbes derrière les fenêtres de nos chambres.
A Kolda , la nuit change de visage. Ici, on est en sous-vêtements ou t-shirts. Pour les plus osés surtout les filles, c’est style sous-fesse ou pagne léger. Presque dans chaque maison, un groupe de jeunes se forme pour prendre de l’air et contempler la nature endormie dans une sphère d’herbes fauchée par le vent frais venant de je ne sais où.
Qu’elles sont belles, les peules !
Je comprends maintenant pourquoi on me parle du « Niam Djodo » lol : Une expression faisant souvent référence aux belles filles koldoises qui vous envoûtent par leur beauté et leur savoir-faire en matière de couple. La nuit tous les chats sont gris dans la plus grande discrétion. On se cache dans des voitures teintés, hôtels auberges pour les nantis. Pour les moins riches le taxi, les coins de rue, les diakarta, motocyclistes sont la solution ou simplement une charrette. Je comprends maintenant pourquoi à Kolda le taux de prévalence du VIH est très élevé. De 0,7 en 2005, le taux de prévalence du sida y tourne aujourd'hui autour de 2%. Et d'ailleurs, chaque jour, un cas de sida est détecté dans la ville. Un fait qui serait sans doute lié au phénomène du « Niam Djodo ».
D’après certaines confidences ou rumeurs dans la région, le « Niam Djodo » existe bien. Et ce n’est pas mon ami Jean Bassène qui me dira le contraire. Venu à Kolda pour enseigner, le pauvre a été séduit par la région. Depuis cette rencontre amoureuse, Il n’a plus jamais remis les pieds à Dakar. Il s’est marié et a construit sa maison.
Kolda, ministère de la Dibiterie
Ce qui m’a plu dans cette région, ce sont les ruelles très spacieuses des quartiers ornés par de petites boutiques ou dibiteries où l’odeur de la viande réveille la gourmandise.
D’ailleurs c’est la raison pour laquelle, j’ai nommé la région, « Ministère de la Dibiterie ». Un titre inspiré bien sûr de la plaquette d’une dibiterie qui, un soir ordinaire, nous a offert de la bonne viande. Je dis bien bonne viande très succulente qui vous donne envie de ne plus quitter la région.
On me disait souvent qu’au sud du Sénégal, la viande était moins chère que le poisson. Qu’on pouvait facilement en avoir sans se fatiguer. Hé ben !!!, durant ce passage pour la première fois j’ai fait le constat.
Kolda, je me rappelle, cette viande à gogo dégustée dans un coin impropre décoré par des planches noirâtres à cause de la fumée qui s’y dégage. Dans ce ministère de la Dibiterie comme le nomme son propriétaire, il y a du tout. Dibiterie simple ou Haoussa, on a l’embarras du choix. On ne fait pas la différence entre le riche et le pauvre. Les prix sont abordables pour tous. On s’adapte rapidement. On mange tranquillement pour tuer le temps en attendant, la levée du soleil et une canicule qui prendra sa part du « Dibi humain ». Voilà la région de Kolda, ça vaut le détour...
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