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Ce que l'on sait sur le talibé mort à Yeumbeul (témoignage du père)

Auteur: Youssouphe Mine

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Meurtri suite à la mort de son enfant dans des circonstances non encore déterminées, C. Sow, le père du jeune talibé décédé dans un daara de Yeumbeul s’est confié. Dans les colonnes de ce samedi 23 avril 2016, il est revenu sur les motifs qui l’ont conduit à confier son enfant au daara, mais il donne aussi des détails sur l’état du corps de son enfant lors du lavage mortuaire.

«C’était dans le but de permettre à mes deux enfants d’avoir une éducation solide que je me suis résolu à les envoyer dans une école à même de leur dispenser un enseignement de qualité. C’est pour cela que j’avais amené Ousmane et son aîné à l’école franco-arabe de de Pikine. Mais, rappelle-t-il, il y a un mois, le sol a semblé se dérober sous ses pieds lorsque tard dans la nuit, il a reçu la mauvaise nouvelle concernant son fils.

«Le 25 mars, alors que j’étais occupé par mon travail, le marabout m’appela pour me dire crûment que Ousmane avait rendu l’âme à 5 heures du matin. En tant que père, vous imaginez ce que j’ai dû ressentir ? Le sol semblait se dérober sous mes pieds. Et c’est comme si on m’avait planté un couteau dans le cœur. J’ai eu tellement de mal que j’ai dû marcher de Guinaw Rail à Bène Baraque. J’avais du mal à croire que mon fils était décédé, mais quand je suis arrivé à l’école et que j’ai dénoué le pagne qui le recouvrait, je me suis plié à la triste réalité. Ousmane n’était plus de ce monde.

Il ne me restait plus qu’à prendre sa dépouille pour l’amener à la morgue de la Grande mosquée de Guinaw Rail», indique M. Sow. Malgré son mal, il poursuit : «Le lendemain matin, quand on effectuait le bain mortuaire, je me suis rendu compte que sa bouche était sanguinolente. Son cou était tellement tordu qu’il ne pouvait supporter la tête. Lorsqu’on passait l’éponge, sa peau se détachait de son corps. Déjà la veille, lorsqu’il était à la morgue, son ventre était tellement gonflé qu’on a dû y poser 2 briques pour qu’il se dégonfle». M. Sow a aussi indiqué que quelques instants plutôt, le marabout s’est présenté à son domicile muni d’un certificat de consultation de décès qui lui a été délivré par un médecin du nom de Mb. Niasse. «Ce monsieur qui tient une clinique m’a fait savoir que c’est parce que le marabout est son ami qu’il a cru devoir lui faire une faveur».

Le document obtenu, il a souligné que c’est dans l’après-midi qu’ils se sont rendus au cimetière pour l’inhumation. «Dans l’après-midi, quand nous nous sommes rendus au cimetière de Thiaroye pour procéder à l’inhumation, le conservateur n’a pas manqué d’exprimer des doutes sur l’authenticité du document, mais on l’a supplié de nous laisser procéder à l’inhumation. 2 jours plus tard, alors que j’étais seul, les images du cadavre défilaient dans ma tête.

J’avais du mal à me départir du sentiment de culpabilité qui m’habitait. Je me suis dit qu’à défaut de pouvoir empêcher la mort de mon fils, du fait du caractère irréversible de cet état, je devais au moins m’investir pour que les circonstances de son décès soient élucidées. Je pris alors mon courage à deux mains pour aller informer la police de Yeumbeul». Une enquête ouverte a permis l’arrestation de 5 personnes dont le marabout (A. Touré), le médecin et son second, ainsi que le conservateur et le fossoyeur du cimetière de Thiaroye.

Auteur: Youssouphe Mine
Publié le: Samedi 23 Avril 2016

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