Kandiama, Sycounda, Foudou, Payoungou, Paroumba. En dehors d’être des villages du département de Vélingara, ces localités presque inconnues des Dakarois partagent la singulière réputation de porter la poisse à tout fonctionnaire ou politicien qui osent s’y rendre. La révocation est alors vite arrivée…
Au Fouladou, on ne fait pas mystère de cette fatalité et plusieurs habitants comme Ousmane Baldé l’ont confirmé à l’envoyé spécial de l’Agence de presse sénégalaise. En effet, souligne ce dernier âgé de 60 ans environ, ‘’il y a bien des villages du Fouladou interdits de fréquentation aux autorités politiques et administratives sous peine d’être révoquées’’ dans les heures ou jours suivants leur séjour.
Aux sceptiques qui tentent d’en sourire, il insiste, l’air très sérieux, que ‘’l’histoire de villages briseurs de carrière est une réalité qui remonte à des centaines d’années’’. Un avertissement que confirme ce vieillard de Payoungou qui, d’une voix tremblotante, assure que l’histoire a prouvé à suffisance qu’il n’est pas indiqué pour un fonctionnaire ou un politicien de séjourner dans son village.
Tout en soulignant qu’il ne s’explique pas une telle fatalité, il affirme, on ne peut plus sentencieux, que ‘’celui qui viole pareil interdit perd illico presto son titre et sa fonction du moment. Autrement dit, il sera relevé de ses fonctions’’.
Avec des sourires révélant leur envie de ne pas tenter le diable, plusieurs autorités administratives de la région de Kolda qui englobent les fameux villages du département de Vélingara disent connaître ou avoir entendu parler du phénomène.
‘’Personnellement, affirme ce sous-préfet, j’ai entendu raconter l’histoire, mais je ne m’aventure pas à essayer de braver l’interdit, car l’adage dit que +ça mord ou pas+, il vaut mieux ne pas tendre la main’’.
Mi-sérieuse mi-taquine, cette autre autorité locale estime qu’on aurait dû, afin d’épargner toute déconvenue aux ignorants, mettre à l’entrée de ces villages des plaques portant l’inscription qu’ils sont interdits aux fonctionnaires et politiciens étrangers.
La remarque n’est pas saugrenue, dans la mesure où on raconte qu’un ancien Premier ministre et un ministre de l’alternance ont été démis de leurs fonctions, peu après avoir visité une bananeraie à Foudou. Les plénipotentiaires de la République avaient fait le déplacement à l’occasion d’une Journée nationale de l’arbre, se souviennent plusieurs habitants de Foudou.
Dans ces villages du département qui partagent cette curieuse particularité avec le village de Thiara dans le département de Kolda, on ignore tout de l’origine du phénomène et préfère plutôt ressasser certaines issues fatales comme celle vécue par un ancien commandant de cercle français. Après avoir bravé l’interdit de se rendre dans un des villages du Fouladou, il est mort suite à une grave maladie.
’’Depuis qu’on m’avait averti qu’un président de communauté rurale qui passe la nuit à Paroumba est aussitôt destitué, je m’étais gardé durant tout mon mandat d’enfreindre l’interdit’’, confie cet ancien responsable local, pas loin de penser que sa prudence lui a permis de rester longtemps dans ses fonctions.
La légende continue encore à Paroumba, un village mandingue situé à proximité de la frontière avec la République de Guinée et dont les habitants jurent la main sur le cœur qu’aucun président de communauté rurale n’y a jamais passé la nuit.
5 Commentaires
Ba
En Février, 2012 (19:02 PM)G
En Février, 2012 (19:28 PM)Amilcar Cabral
En Février, 2012 (20:47 PM)Joobfara
En Février, 2012 (07:58 AM)Tio
En Février, 2012 (10:27 AM)Participer à la Discussion