Le système éducatif sénégalais traverse une crise structurelle marquée par la longue grève des enseignants : de l’élémentaire au supérieur en passant par le moyen secondaire. Le tout sur fond de remous politiques liés à l’élection présidentielle. Comme en 1988 et 1993 qui étaient des années électorales et qui se sont soldées respectivement par une ‘année blanche’ et une ‘année invalide’, le danger guette plus que jamais le système éducatif.
En 1988, après une élection présidentielle et des législatives controversées lors desquelles la contestation politique avait gagné le milieu estudiantin, l’année scolaire et universitaire a été déclarée ‘blanche’ par le régime socialiste de l’époque. Les conséquences furent graves à l’échelle de la nation : des milliers d’étudiants et d’élèves vont être exclus, les plus chanceux ont été autorisés à reprendre la même classe et pour l’Etat, ce sont des milliards qui ont été perdus.
Sept ans plus tard, c’est-à-dire en 1993 coïncidant avec l’élection présidentielle, les mêmes causes produisirent les mêmes effets avec comme bémol, au lieu d’une année blanche, les autorités de l’époque décrétèrent l’année ‘invalide’, sous-entendu que celle-ci ne concerne que l’enseignement supérieur où l’on a assisté à des retards énormes dans les cours. Les autres ordres d’enseignement se voient autorisés à subir leurs examens. Les étudiants de l’époque payèrent un lourd tribut. Une purge systématique a été effectuée dans les rangs des étudiants dont beaucoup ont été renvoyés sur des bases plus ou moins légales.
L’année 2012 qui coïncide avec l’élection présidentielle est aussi marquée par une crise scolaire structurelle du fait de la longue grève des enseignants : d’abord dans le moyen secondaire avec le Cusems, ensuite dans le supérieur avec le Saes et enfin récemment dans l’élémentaire avec le Cuse. Et le tout sur fond de remous politiques, avec notamment les multiples manifestations du M23 contre la candidature de Wade. Lesquelles ont créé un climat d’insécurité qui n’a pas permis un bon déroulement des enseignements/apprentissages ni dans le privé ni dans le public. Comme par le passé, la période de la campagne électorale du premier tour qui vient de finir et celle du second tour qui va s’ouvrir vont empiéter sur le temps de travail des élèves et des étudiants qui réclament à hue et dia leurs professeurs. Conséquence : le quantum horaire pourra être difficilement respecté dans l’élémentaire, le moyen secondaire et le supérieur. Car depuis le début de l’année, on est à plus de quatre mois de grève, notamment dans le moyen secondaire et dans le supérieur. Or, dans le supérieur, il faut 36 semaines de cours pour que l’année soit valide. Pour le moment, plus de quinze semaines, l’équivalent d’un semestre, sont perdues.
Dans le moyen secondaire, pour qu’une année soit valide, il faut un quantum horaire de 900 à 1 000 heures de cours, selon la secrétaire générale de l’Uden, Awa Wade, non moins inspectrice de l’éducation de formation. L’appréhension qu’elle partage, du reste, avec d’autres acteurs du milieu, c’est d’aller vers une année blanche. ‘Aujourd’hui, on va vers une année blanche’, prévient-elle. Cependant, elle croit savoir que pour sauver l’année en cours, l’on peut faire entre 700 et 850 heures. Mais cela passe, d’après elle, par une ‘concertation’ entre tous les acteurs en mettant en avant l’intérêt des élèves. Reste que le report des examens n’arrange pas tout le monde, à l’image des élèves des régions du Sud où la pluie est précoce.
Un 1er semestre blanc à l’université
En tout état de cause, le temps perdu risque d’être plus important, quand on sait que le contexte politique marqué par la campagne électorale du second tour n’est pas propice pour les syndicats grévistes d’avoir un interlocuteur. De plus, le gouvernement qui sortira de l’élection du 25 mars prochain ne pourra être mis en place qu’à partir du début du mois d’avril. Or, au Sénégal les examens de fin d’année (Cefe, Bfem, Bac) pour le moyen secondaire sont prévus entre juin et juillet. Il en va de même dans le supérieur. C’est ce qui fait dire au Secrétaire général de la section Sudes du supérieur, Cheikhou Sylla, qu’il y a une ‘hypothèque’ qui pèse sur l’année universitaire. ‘Si l’on veut être franc, on peut dire qu’à l’université, le premier semestre est blanc, surtout si l’on colle à l’esprit de la réforme Lmd’, croit-il savoir. Pour lui, l’année universitaire 2011-2012 ne peut être sauvée qu’en empiétant sur celle de l’année prochaine avec toutes les conséquences dont cela peut avoir pour tous les acteurs.
10 Commentaires
Année 2012
En Mars, 2012 (20:57 PM)Mor
En Mars, 2012 (21:33 PM)Sinistre De L'education Nation
En Mars, 2012 (21:44 PM)The King
En Mars, 2012 (02:08 AM)Elaj
En Mars, 2012 (03:28 AM)Koji
En Mars, 2012 (08:28 AM)Elvis
En Mars, 2012 (16:52 PM)PLUS IRRESPONSABLE QUE LES ENSEIGNANTS SENEGALAIS TU MEURS
Comment peut-on dans un contexte électoral vouloir sacrifier les élèves et étudiants. Les enseignants doivent retourner dans les salles de classe en attendant d’y voir clair. Quelque soit l’issue des élections, il y’aura un nouveau gouvernement. Et s’il y’a un nouveau pouvoir, il va dire que je ne suis pas tenu par les engagements du pouvoir qui a quitté. Logique non : qu’on ne me parle pas de continuité de l’Etat. Donc, la seule issue c’est de suspendre et de retourner dans les salles de classes. Les enseignants répondront devant DIEU d’avoir sacrifié l’avenir de milliers de jeunes pour des maigres sous à mettre sur leurs salaires s’il y’a année blanche.
Un Enseignant
En Mars, 2012 (19:50 PM)Muca
En Mars, 2012 (10:27 AM)Un Enseignant
En Mars, 2012 (19:08 PM)Participer à la Discussion