DÉTENTION DE FAUX BILLETS ET D'UN ARSENAL DE FAUSSAIRE : Chef religieux à Touba, Serigne Moustapha Fall déféré au parquet

Chef religieux à Touba, Serigne Moustapha Fall risque de célébrer le présent Magal à Rebeuss. Épinglé dans sa chambre où ont été saisis plusieurs faux billets de banque, une kyrielle de coupures de papier à la dimension d'un billet de 10 000 F, ainsi qu'un arsenal de faussaire, il a été présenté le 15 janvier dernier au procureur de la République.

De profession «chef religieux», marié et père d'un enfant, domicilié à Touba Pikine, Serigne Moustapha Fall ibn Serigne Abdoulaye Cheikh Ahmadou est depuis le 13 janvier dernier dans de sales draps. Ceci après avoir été incriminé par les éléments de la Sûreté urbaine de Dakar dans une affaire de détention de faux billets de banque. Les hommes du commissaire Mbengue recoupant des informations reçues faisant état d'un chef religieux sollicité pour la multiplication de faux billets de banque, à hauteur de 19 millions de francs, sont parvenus à remonter la filière jusqu'à localiser ce marabout de Touba Pikine. Les limiers ont donc effectué une descente inopinée à son domicile vers 20 heures. Pris de court dans son salon, Serigne Moustapha Fall, qui a fêté ses 29 ans le 3 janvier dernier, est informé de l'objet de leur visite par ses hôtes. Puis, les limiers ont procédé à la perquisition des lieux. Une mesure qui s'est avérée fructueuse puisqu’une mallette en fer a été découverte dans la chambre du marabout. Après l'avoir ouverte, les policiers ont découvert 19 ramettes de papier comptant chacune 99 exemplaires, minutieusement coupés pour épouser la dimension exacte d'un billet de 10 000 F. Aussi, sur chaque ramette, avait été posé un billet de 10 000 F, lesquels billets se sont révélés faux. Poursuivant leurs investigations, les limiers ont découvert sous les 19 ramettes un contreplaqué fixé par des crochets et faisant double-fond. Une disposition qui laisse croire au néophyte que la mallette est bourrée de liasses de billets de banque. Ce n'est pas tout, car à côté de la mallette, les policiers ont également découvert un arsenal composé d'objets visiblement destinés à la conception de faux billets. Il s'agit d'une bouteille de mercure, une quantité de métal en poudre de couleur jaune etc.

Il impute les fausses liasses et le matériel de faussaire à un mort

Mis devant cette découverte, le jeune marabout qui a plus d'un tour dans son sac a expliqué que les objets saisis sont la propriété d'un certain M. Gassama, décédé dans le courant du mois de décembre 2010. Se voulant plus explicite, le marabout a indiqué que le défunt avait requis ses services afin qu'il le guérisse de sa maladie, en utilisant ses pouvoirs mystiques. Une réquisition qui, il faut le noter, n'a pas eu le résultat escompté, puisque son patient a fini par être évacué en France où il a rendu l'âme, confesse-t-il. Poursuivant, le marabout incriminé a soutenu qu'au départ de feu M. Gassama pour la France, il a continué à occuper la chambre à coucher de celui-ci, qu'il avait transformé en office. Ainsi, après le décès de son patient, il a confié avoir ouvert ladite mallette par curiosité et que c'est alors qu'il a constaté qu'il y avait de faux billets, «j'ai alors refermé la mallette», dit-il. Et il soutient, sous prétexte qu'il attendait le retour de l'épouse de son défunt patient, partie au Mali pour les besoins des funérailles de son époux, s'être opposé aux proches de ce dernier venus récupérer ses objets. Mais, s'est-il curieusement empressé de rapporter : «le fait de garder intentionnellement ces objets ne prouve pas que je voulais escroquer». Mieux, en fin d'explication, le jeune marabout a sollicité la clémence de la justice. Une requête qui n'a pas eu de suite favorable puisque, au terme de sa détention légale, il a été présenté au procureur de la République.